Madame Corentine
une larme. étendue sur le lit au fond de la chambre, les rideaux à demi tirés, elle avait l'air d'une morte
son malheur, est-ce un avenir? O enfants de marins, combien d'entre vous sont nés ainsi de mères désolées? Combien dont la venue en ce monde n'a été saluée que par des la
t ce qu'il y avait de plus joli. Elle essayait plusieurs bonnets, et, nouant la ruche de dentelle autour de la petite tête endormie, elle baisait l'enfant avec une douceur inattendue. Elle se sentait la vraie mère de la frêle créature, en ce moment, chargée de lui donner les premièr
tête. Les mères avaient des airs graves. Du fond du passé, des histoires remontaient à la mémoire de tous. Et c'était moins peut-être la sympa
le haut Perros, soit sur le chemin du bourg bas, regardaien
unes, qui n'étaient pas veuves encore, et dont plusieurs portaient un enfant sur le bras. Elles parlaient avec de grands gestes et peu de vo
il avait du mal à la quitter. Il ne se s
ale épinglé faisait comme une cuirasse plate. Il n'y a p
va peut-être r
Ah! la pauvre Marie-Anne
s pareils! La femme Yvon a eu son enfant de
nce. Mais, tenez, en septembre, je ne valais guère mieux que Marie-Anne Lageat à cette heure-ci. Tous ceux d'Islande étaient arrivés, et pas Louis. On n'avait pas de nouvelles. Personne n'avait
t, le même sourire qu'elle av
e fer, était assise sur une pierre, le long de la muraille. C'était la mère du mousse, accourue de Ploumanac'h. Pe
int pas. Pourtant, c'est tout ce qui me restait, à moi qui suis pauvre, mon enfant que la mer
n branlant la tête, pour mon
té tout habillé sur son lit. Et bient?t le sent
s, bien droit dans sa vareuse à
s'est endormie. Ne faites
elle demandait l'aum?ne. Elle voulait sa part de la nouvelle qu'il allait chercher, lu
c?tre anglais, au large de l'?le Thomé, ouvrant toutes
murmura Guen.
détourna rapidement, sans plus la regarder. Les gens de Perros, à présent, l'ob
che. ?a l'a déjà vi
uverte, il chercha une phrase de bienvenue, comme il faisait toujours, quand il avait affaire à quelqu'un. Il vit le fuchsia tout éclatant de pointes roses affleurant
rand mat du navire sombré appara?t à trois
et bien, Marie-Anne veuve, le nouveau-né orp
renait qu'il avait raisonné comme un enfant, malgré son age. Dès la veille, le malheur était certain. Le syndic n'avait pas caché son avis. Comment avait-on pu conserver de l'espoir? Allons, bonhomme, il faut revenir avec la n
re Le D?, répond
ait noyé son fils, et elle lui cria toute sa douleur sauvage, tout ce qu'elle savait d'offensant contre les riches et les
décidé à ne point parler. A quoi bon? Mieux valait, un peu de temps encor
uves si doux, qu'elle avait tenus fermés obstinément, s'ouvrirent. Ils étaient cer
-il, ils n
e-Anne le fixa un instant encore, sans répondre
crois pas. Ils
se baissa bien bas vers le petit, pour qu'o
surtout une disposition d'ame bien nouvelle, un besoin de pleurer avec d'autres, de se dévouer au service de son père et de sa s?ur éprouvés, et une sorte de contentement de se trouver là, dans le malheur qui frappait la famille, de n'être pas, comme d'ordinaire, très loin et très inutile. Sous les coups répétés de ces deux jours, elle revivait de la vie ancienne, et elle redevenait, pour un temps, la fille et la s?ur qu'elle au
'escalier. C'était une vieille femme, la Olier, connue et honorée dans le bourg. Elle avait perdu son mari en mer, il y avait longtemps, et cela lui serrait le c?ur de voir ces belles jeunes
ous s
e, tourna vers la nouvelle venue son r
le-ci
s pas pour te parler, mais seulement pour te di
e de tête qui disait
es de tes amies, Marie-Anne: la Guillo, la Betié Naget, la Caoullet, la Fanchen, la Mao
gnées, cependant, pour se joindre à la neuvaine. Ni Corentine ni Simone n'étaient plus de Perros. Leur place n'était plus au milieu d'honnêtes femmes et d'honnêtes filles de pêcheurs, qui allaient prier pou
regard échangé. La vieill
allons partir tout de suite.
le, les deux bords du capot qui encadrèrent p
Mais, dans la disposition d'esprit où elle se trouvait maintenant, l'humiliation ne souleva en elle aucune colère. Ce que pensait cette femme, ma
ne de ces ames qui ont l'instinct de toutes les consolations, et
le, il faut faire
ourd
ra le mieux. Tu
ma c
Toi, tu es la marraine. No
rononcer ce n
suis prête à aller. Merci, chérie. Je
e dit, fa
ne lui ressemble. Je n
sage-femme qui portait un gros paquet de mousseline blanche, Cor
lle est bordée de maisons. Et les gens, déjà mis en éveil par le passage des femmes qui s'en allaient prier pour les naufragés, n'avaient pas fini de causer entre eux de l'événement qui frappait le bourg en
disaient, sur son chemin, de ces mots qui remuent tout un passé triste, et qui résument douloureusement le jugement sommaire de la foule. ?Croyez-vous qu'il soit heureux, ce pauvre vieux, avec une fille veuve et une séparée? Ell
reste, et elle était trop fière pour pleurer, mais les l
gétations de l'ombre, les femmes de la neuvaine étaient agenouillées en demi-cercle autour d'un des premiers piliers, tout noir de l'encens et de la rouille de dix siècles. Sur le fond sombre du granit, une statuette de la Vierge de Lourdes s'enlevait, toute blanche, ayant une ceinture bleue flottante et deux roses d'or sous les pieds. Elle était posée sur l'épa
o a graces, an otro Doué so ganch beniguet...? Et elles reprenaient, les
rentine et le capitaine touchaient d'une main le petit, que portait l'autre femme. Ils répondaient à voix basse
tre de
ère tout-puissant, créate
épondait Guen
m da Doué, repren
s-Christ, son fils u
y c
arie, mam
lique, la communion des saints, la rémission des péc
y c
m da Doué, pédet
bien loin, à jamais séparés, à jamais inconnus. Le rosaire devenait une sorte de psalmodie grandissante, lourde de soupirs comme le bruit des lames qui déferle
e lame flamboyante, entrait
m da Doué, pédet
le baptême, le baptême du
s cérémonies avant que le
Corentine, ni la femme, toutes deux tournées vers ce groupe de
ant d
te basse, sans un geste, l'ame absente et demeurée sous les vo?tes où l'on
la pluie de lumière et de chaleur qui dilatait, jusqu'à en remplir
du désespoir muet de ce vieux dont elle entendait le pas derrière elle, du peu de joie qu'elle avait su lui donner, de l'impuissance où elle se sentait de lui refaire une vieillesse, ayant perdu le droit d'habiter le pays, de consoler, d'être la paix. Elle aurait voulu cependant. Une
ion. Et elle la trouva. Guen venait de s'éloigner vers la plage de Trestrao, où demeurait un ami. Il allait reparler
nt, fit-elle, c'es
on fardeau, défendue contre le sourire des gens par l'innocence qu'elle portait, elle descendit le bourg, parmi les femmes que la vue d'un nouveau-né émeut, et q
vres, mais avec son ame tout à coup agrandie et dilatée d'amour maternel, qui disait: ?J'aurais voulu d'autres enfants comme toi... que je les aurais aimés!... que je les aimerais!..... Avec quel bonheur ce sein que tu touches se déco
, et Corentine, qui veillait auprès, le dialogue continua, le conseil doux et persuasif de ces yeux clos, de ces lèvres tendues vers le sein rêvé, de ce visage derrièr
e s'était sentie si prompte à l
un mystère profond sa passait. Une ame s'accusait, oubliait, apercevait une v
uit ne venait du dehors, pas même celui de la mer. La respiration de Marie-
'était le père qui traversait la place! Il courait! Des gens couraient
ra. Le pauvre vieux tremblait de tous ses membres. Il était comme égaré.
urmura-t-il, m
e boug
le drap, la main rousselée
ie-A
t fixa sur lui son rega
lle le voyait incapable de parler. Une angoisse la prit. Elle ouvrit la bouche. Elle se redressa brusquem
es!
. à Bilbao... tout l'équipage... tout entie
rait, enveloppa sa
ma petit
it à chau
ns tendues, la jeune femme qui se renversait e
transfigurée. Toute la jeunesse, toute la joie, tout l'amour y étaient rentrés. Ses doux yeux couleur de jacinthe disaient le ravissement; les cils d'or, immobiles, étaien
, tout épanou
lle de la poste m'a remis le papier, j'ai tout de suite deviné à son air... elle avait l'air presque aussi content... Ah! mes filles, quelle bonne nouvelle! Le dindy est perdu, mais les
e détails. Elle croyait. Sullian vivait. Quelqu'un, dans l'angl
de Marie-Anne. ?Comme elle l'aime!? pensait-elle. Et, troublée par tant d'amour, elle n'o
vers elle. Son rega
oi mon fil
ans les bras, pressan
s'écria-t-elle, t
, et se pencha pour nou
rait seule avec Corentine immobile près du lit
retrouver Guillau
demi redressée, contemplait son
nt résolue, la grande s?ur l'écoutait docilement
rop... et puis être humble, tu comprends, ne pas te rebuter... Ils ne savent pas tout ce que tu vaux...