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Le socialisme en danger by Ferdinand Domela Nieuwenhuis

Chapter 1 LES DIVERS COURANTS

DE LA DéMOCRATIE SOCIALISTE ALLEMANDE

Au Congrès des démocrates-socialistes allemands tenu à Erfurt en 1891, une lutte s'est engagée, qui intéresse au plus haut degré le mouvement socialiste du monde entier, car, avec une légère nuance de terminologie, elle se reproduit identiquement entre les différentes fractions du parti socialiste.

D'un c?té (à droite) était Vollmar, l'homme que l'on s'attendait à voir sous peu se mettre à la tête des radicaux, comme, du reste, il l'avait déjà fait pressentir au Congrès de Halle. Il fit un discours qui, sous plus d'un rapport, était un véritable chef-d'oeuvre, démontrant qu'il était parfaitement en état de se défendre. De l'autre c?té il y avait Wildberger, montant à la tribune comme porte-parole de l'opposition berlinoise. Et entre eux Bebel et Liebknecht, pris entre l'enclume et le marteau, apparaissaient comme de tristes témoignages d'insexualité.

Une lecture consciencieuse du compte-rendu du Congrès-dont nous avons attendu la publication pour ne pas baser notre jugement sur des extraits de journaux-nous remplit d'une certaine pitié envers des hommes qui, durant de longues années, ont défendu et dirigé le mouvement en Allemagne et qui, à présent, occupent le ?juste milieu? et ont été attaqués des deux c?tés à la fois.

Vollmar disait ne désirer ?aucune tactique nouvelle?, il ajoutait qu'il ?se réclamait de la ligne de conduite suivie jusqu'ici, mais qu'il en voulait la continuation logique?. Et pourtant Bebel lui répondait que: ?Si le parti suivait la tactique de Vollmar, en concentrant toute son agitation sur la lutte pour ces cinq articles du programme[1] et abandonnait provisoirement le véritable but, cela ferait une agitation qui, d'après mon opinion (dit Bebel), aboutirait fatalement à la décomposition du parti. Cela signifierait l'abandon complet de notre but final. Nous agirions dans ce cas tout à fait autrement que nous ne le devrions et que nous l'avons fait jusqu'ici. Nous avons toujours lutté pour obtenir le plus possible de l'état actuel, sans perdre de vue pourtant que tout cela ne constitue qu'une faible concession, ne change absolument rien au véritable état des choses. Nous devons maintenir l'ensemble de nos revendications, et chaque nouvelle concession n'a pour nous d'autre but que d'améliorer nos bases d'action et nous permettre de mieux nous armer?.

Fischer alla plus loin et dit: ?Si nous admettons le point de vue de Vollmar, nous n'avons qu'à supprimer immédiatement dans notre programme les mots: ?parti socialiste-démocrate?, pour les remplacer par: ?programme du parti ouvrier allemand?... La tactique de Vollmar tend à obtenir la réalisation de ces cinq articles-qu'il considère comme les plus nécessaires-comme étant eux-mêmes le but final; nous tenons au contraire à déclarer que toutes ces reformes que nous réclamons, ne sont désirées par nous que parce que nous pensons qu'elles encourageront les ouvriers dans la lutte pour la conquête définitive de leurs droits. Elles ne sont pour nous que des moyens, tandis que pour Vollmar elles constituent le but même, la principale raison d'existence du parti... Le Congrès doit se prononcer, sans la moindre équivoque, soit pour le maintien des décisions prises à Saint-Gall, soit pour l'adoption de la tactique de Vollmar, laquelle-qu'il le veuille ou non-aura comme conséquence une scission et concentre toutes les forces du parti sur ces cinq revendications qui, suivant nous, n'ont qu'une importance secondaire à c?té du but final.?

Liebknecht est du même avis lorsqu'il dit: ?Vollmar a le droit de proposer qu'on suive une autre voie, mais le parti a le devoir, dans l'intérêt même de son existence, de rejeter résolument cette tactique nouvelle qui le conduirait à sa perte, à son émasculation complète, et qui transformerait le parti révolutionnaire et démocratique en un parti socialiste-gouvernemental ou socialiste-national-libéral. Bref, le succès, l'existence même de la social-démocratie exigent absolument que nous déclarions n'avoir rien de commun avec la tactique que Vollmar a préconisée à Munich et qu'il n'a pas rejetée ici?.

Cependant, dans son journal, Die Münchener Post, Vollmar avait réuni quelques citations, prises dans des discours prononcés au Reichstag par différents membres socialistes, et il les avait comparées avec certaines de ses propres assertions pour prouver que les mêmes principes, actuellement par lui défendus, avaient toujours été suivis par des députés socialistes sans qu'on les e?t attaqués pour cela, et il déclarait que loin de proposer nullement une tactique nouvelle, il ne faisait que suivre l'ancienne.

Voici quelques-unes de ces citations mises en regard des assertions de

Vollmar:

Si nous avions été consultés, L'annexion de nous aurions certainement l'Alsace-Lorraine est un fait fondé autrement l'unité accompli, et ici, dans cette allemande en 1870-71. Mais enceinte, nous avons, de notre puisque maintenant elle existe c?té, déclaré de la fa?on la telle qu'elle, nous plus catégorique que nous n'entendons pas épuiser nos reconnaissons comme de droit forces en d'interminables et l'état actuel des choses. infructueuses récriminations AUER. Séance du 9 février sur le passé, mais, acceptant 1891. le fait accompli, nous ferons tout notre possible pour améliorer cette oeuvre défectueuse.

S'il existe un parti ouvrier Personne, aussi enthousiaste qui a toujours rempli et qu'il soit pour des idées remplira encore les devoirs de internationalistes, ne dira fraternité internationale, que nous n'avons pas de c'est certainement le parti devoirs nationaux. allemand. Mais ceci n'exclut LIEBKNECHT. Congrès de Halle, pas pour nous l'existence de 15 octobre 1890. taches et de devoirs nationaux.

C'est un sympt?me heureux de Je reconnais que l'Allemagne

voir que nous avons en France est décidée à maintenir la

des amis socialistes, qui paix. Je suis persuadé que ni

combattent les tendances dans les sphères les plus

chauvines. élevées, ni dans aucune autre

Mais pourquoi nier que les couche de la société, le désir

sphères dirigeantes dans ce n'existe de lancer l'Allemagne

pays, par leur chauvinisme dans une nouvelle guerre. En

néfaste et leur répugnante tout cas, nous vivons ici dans

coquetterie avec le czarisme des conditions indépendantes

russe, sont pour beaucoup la de notre volonté. En France,

cause de l'inquiétude et des on peut le désapprouver ou le

armements constants de regretter, mais dans les

l'Europe? milieux prédominants, on

pense, aujourd'hui comme

jadis, à faire dispara?tre les

conséquences de la guerre de

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