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Les trois villes: Rome

Chapter 5 No.5

Word Count: 15113    |    Released on: 06/12/2017

ou trois jours avant de recevoir le jeune prêtre et de s'occuper de son audience. Pierre se trouva donc immobilisé, n'osant rien tenter d'autre part pour voir le pape, c

tout de suite, un de ceux-ci se détacha, s'offrit pour servir de guide. Lui, aurait préféré voyager à sa fantaisie, errer au hasard de ses découvertes et de son rêve. Mais il lui fut pénible de refuser l'offre de cet homme qui

suis Piémontais, et je les connais bien, les Fran?ais: j'étais avec eux à Solferino. Oui, oui

i délicatement bleu, le vert intense de ces arbres mettait là comme une frange noire. On ne voyait qu'eux, la pente s'étendait nue et dévastée, d'un gris sale de poussière, parsemée de

s sont là-haut, reprit le guide. Mais nous les gar

auche, s'arrêta devant une excavation, u

us et Remus. Autrefois, on voyait encore, à l'entrée,

oma quadrata, des restes de murailles qui paraissent réellement remonter à la fondation de Rome, il s'intéressa, une première émotion lui fit battre le c?ur. Et, certes, ce n'était pas que le spectacle f?t admirable, car il s'agissait de quelques blocs de pierre ta

ondrées, des colonnes et des frises remises debout, bordaient le sentier raboteux, qui tournait parmi des herbes folles de cimetière; et le guide, récitant ce qu'il savait si

r dire, avec un geste de la main

ercevant absolument rien

do

i dominait le grand Cirque Maxime, et d'où l'on assistait aux jeux... D'ailleurs, comme vous pouvez le constater, le palais se trouve encore presque totalement enfoui sous ce grand jardin,

de droite se dressaient encore; mais on avait retrouvé tout le plan, les bornes à chaque bout, le portique autour de la piste, la loge de l'empereur, colossale, qui, après avoir été à gauche, dans la maison d'Auguste, s'était ouverte ensuite à droite, encastrée dans le palais de Septime Sévère. Et le guide allait toujours, au milieu de ces débri

Allemands n'auront pas à mordre, et ils ne viendront pas tout bouleverser ici, comme ils l'

t, tellement elles sont restées énormes et puissantes, dans leur masse indestructible. Là s'élevait le fameux Septizonium, la tour aux sept étages, qui n'a disparu qu'au quatorzième siècle. Une terrasse s'avance encore, portée par des arcades cyclopéennes, et d'où la vue est admirable. Puis, ce n'est plus qu'un entassement d'épaisses murailles à demi écroulées, des gouffres béants à travers des plafonds effondrés, des enfilades de couloirs sans fin et de salles immenses, dont l'usage échappe. Toutes ces ruines, bien entretenues par la nouvelle administration, balayées, débar

ait, et il lui restait à visiter l'amas des palais

s fouilles auront déblayé tout ce c?té-ci... Ah! monsieur l'abbé, si vous vous étiez promené sur le Palatin, il y a cinquante ans à peine! Moi, j'ai vu des plans de ce temps-là. Ce n'ét

tronqués qui dessinent à terre le plan de l'édifice. La seule ruine conservée comme par miracle, en contre-bas, est la maison qu'on prétend être celle de Livie, toute petite à c?té des vastes palais voisins, et dont trois salles sont intactes, avec leurs peintures murales, des scènes mythologiques, des fleurs et des fruits, d'une singulière fra?cheur. Quant à la maison de Tibère, il n'en para?t absolument rien, les restes en sont cachés sous l'adorable jardin public, qui continue, sur le plateau, les anciens jardins Farnèse; et, de la maison de Caligula, à c?té, au-dessus du Forum, il

avec une conviction tranquille, montrant le vide, comm

s de Caligula est à droite; et, en vous tournant, vous avez en face de vous le temple de Jupiter Stator... La voie Sa

quant d'un geste la pa

ion de la ville et vénérés du peuple. Là étaient le temple de la Victoire bati par Evandre et ses Arcadiens, l'antre lupercal que je vous ai montré, l'humbl

écria, de l'air d'un homme qu

voir le couloir souterrain

a comment Caligula, qui revenait des Jeux palatins, eut le caprice de descendre seul dans ce couloir, pour assister à des danses sacrées, que, ce jour-là, y répétaient de jeunes Asiatiques. Et ce fut ainsi que, dans l'ombre, le chef des conjurés, Chéréas, put le frapper le premier au ventre. L'empereur voulut fuir, hurlant

es bient?t, il piétinait, il entendait cette voix grosse et monotone, bourdonnant à ses oreilles, sans lui faire grace d'une pierre. Maintenant, le brave homme revenait sur son amitié pour la France, racontait longuement la bataille de Magenta. Il p

savez qu'un escalier secret, creusé dans le sol, conduisait de ce palais à la mais

it aussi de la solitude songeuse, du silence frissonnant qui semblait sortir de ce vieux sol saturé d'histoire, de l'histoire la plus retentissante, dans l'éclat d'un orgueil surhumain. Anciennement, les jardins Farnèse avaient changé cette partie du mont en un séjour aimable, orné de bocages; les batiments de la villa, fort endommag

ement, qu'il ne put rester assis. Il se leva, s'approcha de la balustrade d'une ter

ue les quelques beaux arbres du palais Caffarelli, occupé par l'ambassade d'Allemagne, verdissaient le sommet de l'antique roche Tarpéienne, presque introuvable aujourd'hui, perdue, noyée dans les murs de soutènement. Et c'était là ce mont du Capitole, la plus glorieuse des sept collines, avec sa forteresse, avec son temple, auquel était promis l'empire du monde, le Saint-Pierre de la Rome antique! ce mont escarpé du c?té du Forum, à pic du c?té du Champ de Mars, d'aspect formidable! ce mont que la foudre visitait, que le bois de l'Asile,

x alentours. Mais il faut aller plus loin que les trois colonnes du temple de Castor et Pollux, plus loin que les vestiges de la maison des Vestales, plus loin que le temple de Faustine, où l'église chrétienne San Lorenzo s'est installée si tranquillement, plus loin encore que le temple rond de Romulus, pour éprouver l'extraordinaire sensation d'énormité que cause la basilique de Constantin, avec ses trois colossales vo?tes béantes. Vues du Palatin, on dirait des porches ouverts pour un monde de géants, d'une telle épaisseur de ma?onnerie, qu'un fragment, tombé d'une des arcades, g?t par terre, tel qu'un bloc détaché d'une montagne. Et là, dans ce Forum illustre, si étroit et si débordant, l'histoire du plus grand des peuples avait tenu pendant des siècles, depuis la légende des Sabines réconciliant les Romains et les Sabins, jusqu'à la proclamation des libertés publiques, lentement conquises par les plébéiens sur les patriciens. N'était-ce pas à la fois le Marché, la Bourse, le Tribunal, la Salle des assemblées politiques, ouverte au plein air? Les Gracques y avaient défendu la cause des humbles, Sylla y afficha ses listes de proscription, Cicéron y p

et roussi cette ruine, qui est retournée à l'état de nature, nue et dorée ainsi qu'un flanc de montagne, depuis qu'on l'a dépouillée de la végétation, de toute la flore qui en faisait un coin de forêt vierge. Et, maintenant, quelle évocation, lorsque, sur cette ossature morte, l'imagination remet la chair, le sang et la vie, emplit le cirque des quatre-vingt-dix mille spectateurs qu'il pouvait contenir, déroule les jeux et les combats de l'arène, entasse là une civilisation, depuis l'empereur et sa cour jusqu'à la houle de la plèbe, dans l'agitation et l'éclat de tout un peuple enflammé de passion, sous le rouge reflet du gigantesque vélum de pourpre. Puis, c'était aussi, plus loin, à l'horizon, une autre ruine cyclopéenne, les thermes de Caracalla, laissée là de même comme le vestige d'une ra

ient à l'est leurs crêtes dentelées; tandis que, vers le sud, les monts Albains et le Latium s'élargissaient dans la pluie d'or du soleil; et Albe la Longue était là, ainsi que le mont Cave, couronné de chênes, avec son couvent qui a remplacé le vieux temple de Jupiter. Puis, à ses pieds, au delà d

ttes sociales et guerrières, Rome agrandie avait peuplé les sept collines, le Palatin n'était demeuré que le berceau vénérable, avec ses temples légendaires, peu à peu envahi lui-même par des maisons privées. Mais César, incarnant la toute-puissance de la race, venait, après les Gaules et après Pharsale, de triompher au nom du peuple romain entier, dictateur, empereur, ayant achevé la colossale besogne, dont les cinq nouveaux siècles d'empire allaient profiter fastueusement, au galop laché de tous les appétits. Et Auguste pouvait prendre le pouvoir, la gloire était à son comble, les milliards attendaient d'être volés au fond des provinces, le gala impérial commen?ait, dans la capitale du monde, aux yeux des nations lointaines, éblouies et vaincues. Lui était né au Palatin, et son orgueil, après que la

pouvant s'éloigner du temple de Vesta, il avait eu chez lui un temple de cette déesse, laissant aux Vestales, en bas du Palatin, la garde de l'ancien autel. Rien ne lui co?tait, car il sentait bien que la souveraineté humaine, la main mise sur les hommes et le monde, était là, dans cette double puissance en une personne, être à la fois le roi et le prêtre, l'empereur et le pape. Toute la sève d'une forte race, toutes les victoires amassées et toutes les fortunes éparses encore, s'épanouirent chez Auguste, en une splendeur unique, qui jamais plus ne devait rayonner avec cet éclat. Il fut vraiment le ma?tre de la terre, les pieds sur le front des peuples conquis et pacifiés, dans une immortelle gloire de littérature et d'art. Il semble qu'en lui se soit satisfaite, à ce moment, la vieille et apre ambition de son peuple, les siècles de conquête patiente qu'il avait mis à être le peuple roi. C'est le sang romain, c'est le sang d'Auguste qui rougeoie enfin au soleil, en pourpre impérial

palais immense, s'emparant des jardins délicieux qui montaient jusqu'au sommet de l'Esquilin, pour y installer sa Maison d'Or, un rêve de l'énormité dans la somptuosité, qu'il ne put mener jusqu'au bout, dont les ruines disparurent vite, pendant les troubles qui suivirent sa vie et sa mort de monstre affolé d'orgueil. Puis, en dix-huit mois, Galba, Othon, Vitellius tombent l'un sur l'autre, dans la boue et dans le sang, rendus à leur tour monstrueux et imbéciles par la pourpre, gorgés de jouissances à l'auge impériale, ainsi que des bêtes immondes; et ce sont alors les Flaviens, un repos d'abord de la raison et de la bonté humaines, Vespasien, Titus qui batirent peu sur le Palatin, Domitien ensuite avec qui recommence la folie sombre de l'omnipotence, sous le régime de la peur et de la délation, des atrocités absurdes, des crimes, des débauches hors nature, des constructions d'une vanité démente dont le faste luttait avec celui des temples élevés aux dieux: telle cette maison de Domitien, qu'une

rtant la demeure consacrée, devenue temple, où l'ombre du mort l'épouvantait peut-être, éprouvait l'impérieux besoin de se batir sa maison à lui, de tailler dans l'éternité de la pierre l'indestructible souvenir de son règne. Tous avaient eu cette fureur de la construction, elle semblait tenir au sol, au tr?ne qu'ils occupaient, elle renaissait chez chacun d'eux, avec une intensité grandissante, les dévorant du besoin de lutter, de se surpasser par des murs plus épais et plus hauts, par des amas plus extraordinaires de marbres, de colonnes, de statues. Et la pensée de survie glorieuse était la même chez tous, laisser aux générations stupéfaites le témoignage de leur grandeur, se perpétuer

ta, en respectant encore l'antique palladium, la statue d'or de la Victoire, symbole de la Rome éternelle, qui était religieusement gardée dans la chambre même de l'empereur. Jusqu'au quatrième siècle, elle conserva son culte. Mais, au cinquième siècle, les Barbares se ruent, saccagent, br?lent Rome, emportent à pleins chariots les dépouilles laissées par la flamme. Tant que la ville avait dépendu de Byzance, un surintendant des palais impériaux était demeuré là, veillant sur le Palatin. Puis, tout se noie, tout s'effondre dans la nuit du moyen age. Il semble bien que, dès lors, les papes aient lentement pris la place des Césars, leur succédant dans leur maison de marbre abandonnée et dans leur volonté toujours vivante de domination. Ils ont s?rement habité le palais de Septime Sévère, un concile a été tenu au Septizonium, de même que, plus tard, Gélase II a été élu dans un monastère voisin, sur ce mont d'apothéose. C'était Auguste encore, se relevant du tombeau, de nouveau ma?tre du monde, avec son Sacré Collège, qui allait ressusciter le Sénat romain. Au douzième siècle, le Septizonium appartenait à des moines camaldules, lesquels le cédèrent à la puissante famille des Frangipani, qui le fortifièrent, comme ils avaient fortifié le Colisée, les arc

on devait plus tard déterrer, dans un cri d'universelle admiration, ce n'était pas une catastrophe qui les avait engloutis, ils s'étaient comme noyés, pris aux jambes, puis à la taille, puis au cou, jusqu'au jour où la tête avait sombré, sous le flot montant; et comment expliquer que des générations avaient assisté à cela, insoucieuses, ne songeant même pas à tendre la main? Il semble qu'un rideau noir soit brusquement tiré sur le monde, et c'est une autre humanité qui recommence, avec un cerveau neuf qu'il faut repétrir et meubler. Rome s'était vidée, on ne réparait plus ce que le fer et la flamme avaient entamé, une extraordinaire incurie laissait crouler

le jardin, les pieds maladroits sur l'inégal pavé du chemin de la Victoire, l'esprit hanté encore d'aveuglantes visions. Pour que la journée f?t complète, il s'était promis de voir, l'après-midi, l'ancienne voie Appienne. Il ne vou

nt de vanité, à qui laisserait le mausolée le plus vaste, décoré avec la prodigalité la plus fastueuse: passion de la survie, désir pompeux d'immortalité, besoin de diviniser la mort en la logeant dans des temples, dont la magnificence actuelle du Campo Santo de Gênes et du Campo Verano de Rome, avec leurs tombes monumentales, est comme le lointain héritage. Et quelle évocation de tombes démesurées, à droite et à gauche du pavé glorieux que les légions romaines ont foulé, au retour de la conquête de la terre! Ce tombeau de C?cilia Metella, aux blocs énormes, aux murs assez épais pour que le moyen age en ait fait le donjon crénelé d'une forteresse. Puis, tous ceux qui suivent: les constructions modernes qu'on a élevées, pour y rétablir à leur place les fragments de marbre découverts aux alentours; les massifs anciens de ciment et de briques, dépouillés de leurs sculptures, restés debout ainsi que des roches mangées à demi; les blocs dénudés, indiquant encore des forme

é ces marges roussatres, pleines d'un crépitement de sauterelles; et, au delà, à perte de vue, la Campagne romaine s'étend, immense et nue. A peine, près des bords, de loin en loin, aper?oit-on un pin parasol, un eucalyptus, des oliviers, des figuiers, blancs de poussière. Sur la gauche, les restes de l'Acqua Claudia détachent dans les prés leurs arcades couleur de rouille, des cultures maigres s'étendent au loin, des vignes avec de petites fermes, jusqu'aux monts de la Sabine et jusqu'aux monts Albains, d'un bleu violatre, où les taches claires de Frascati, de Rocca di Papa, d'Alb

avait découverte; et il la revoyait entière, avec un visage de grace et de force, souriante à la vie. D'un bout à l'autre, les inscriptions se complétaient, il les lisait, les comprenait couramment, revivait en frère avec ces morts de deux mille ans. Et la route, elle aussi, se peuplait, les chars roulaient avec fracas, les armées défilaient d'un pas lourd, le peuple de Rome voisine le coudoyait, dans l'agitation fiévreuse des grandes cités. On était sous les Flaviens, sous les Antonins, aux grandes années de l'empire, lorsque la voie Appienne atteignit tout le faste de ses tombeaux géants, sculptés et décorés comme des temples. Quelle rue monumentale de la mort, quelle arrivée dans Rome, cette rue toute droite où les grands morts vous accueilla

te, il marchait avec lenteur dans la bande d'herbe, au milieu des hauts fenouils et des rudes chardons; et, la tête basse, parmi les débris de tombeaux que ses pieds fr?laient, il était tellement absorbé, qu'il ne vit même pas le jeune prêtre. Celui-ci, courtoisement, se détourna, saisi de le voir seul, si loin. Puis, il comprit, en découvrant, derrière une construction, un lourd carrosse, attelé de deux chevaux noirs, près duquel attendait, immobile, un laquais à la livrée

n par les monts Albains, qui s'évaporaient dans du rose; pendant que, sur la droite, vers la mer, l'astre s'abaissait parmi de petits nuages, tout un archipel d'or semant un océan de braise mourante. Et rien autre, rien que ce ciel de saphir strié de rubi

à une masure de planches et de platre, dans laquelle on a installé un petit commerce d'objets religieux; et on y est, un escalier moderne, relativement commode, permet la descente. Mais Pierre fut heureux de trouver là des trappistes fran?ais, chargés de garder et de montrer aux touristes ces catacombes. Justement, un Frère allait descendre avec deu

, vous allez vous joindre à nous; car trois Frères sont déjà en bas avec du

mère ni la fille ne devaient être des dévotes, car elles avaient eu un coup d'?il oblique sur la souta

ux en éclairant le sol avec sa bougie. March

minaire! et, dernièrement encore, pendant qu'il écrivait son livre, que de fois il y avait songé, comme au plus antique et au plus vénérable vestige de cette communauté des petits et des simples, dont il prêchait le retour! Mais il avait le cerveau tout plein des pages écrites par les poètes, par les

simple. Une famille, une corporation funèbre ouvrait une sépulture, n'est-ce pas? Eh bien! elle creusait une première galerie, à la pioche, dans ce terrain qu'on appelle du tuf granulaire: une

flamme de sa bougie, les cases creusée

a corporation s'étendait, ils prolongeaient la galerie au fur et à mesure qu'elle s'emplissait; ils en ouvraient d'autres, à droite, à gauche, dans tous les sens; même ils créaient un deuxième étage, plus profond... Tenez! nous voici dans une galerie qui a bien quatre mètres de haut. Naturellement, on se demande comment ils pouvaient hisser les corps, à une pareille hauteur. Ils ne les hissaient pas, ils les de

termites funéraires, ces trous de rats ouverts au hasard, poursuivis selon les besoins, sans art aucun, sans alignement, sans symétrie, au petit bonheur de l'outil. Le sol raboteux montait et descendait à chaque pas, les parois s'en allaient de biais, rien n'avait d? être fait au fil à plomb, ni à l'équerre. Ce n'était là qu'une

n pace... D'autres fois, il y a un emblème, la colombe de la pureté, la palme du martyre, ou bien le poisson, dont le nom g

tits traits, la colombe ou le poisson, faits d'un contour, avec la queue figurée par un zigzag, l'?il par un point rond. Les

le voisine, aussi étroite, un caveau de famille décoré plus tard de na?ves peintures murales, on montrait la place où l'on avait découvert le corps de sainte Cécile. Et l'explication continuait, le religieux commentait les peintures, en tirait avec force la confirmation irréfutable

ut est là, ?a n'a pas été préparé

pendant les persécutions, aux époques où les chrétiens durent en dissimuler les entrées. Jusque-là, elles étaient restées librement, légalement ouvertes. Et telle était l'histoire vraie: des cimetières de quatre siècles, devenus des lieux d'asile et ravagés durant les troubles, honorés ensuite jusqu'au huitième siècle, dépouillés alors de le

s, et cela vous permet de bien comprendre comment on couchait les corps... Les savants disent que c'est une femme, sans doute une jeune fille... Le squelette était absolument com

nds yeux noirs, apparut un instant, pitoyable et douloureuse. Et tout retomba dans l'ombre, les petites bougies se relevèrent, continuèrent, promenées le long des galeries, dans les ténèbres l

te, en attendant les récompenses célestes, faisait la paix immense, le charme infini de la profonde cité souterraine. Tout y parlait de nuit noire et silencieuse, tout y dormait en une immobilité ravie, tout y patientait jusqu'au lointain réveil. Quoi de plus touchant que ces plaques de terre cuite ou de marbre, ne portant pas même un nom, uniquement gravées des mots in pace, en paix! être en paix enfin, dormir en paix, espérer en paix le ciel futur, après la tache faite! Et cette paix, elle paraissait d'autant plus délicieuse, qu'elle était go?tée dans une parfaite humilité. Sans doute, tout art avait disparu, les fossoyeurs creusaient au hasard, avec des irrégularités d'ouvriers maladroits, les artistes ne savaient plus graver un nom, ni sculpter une palme ou une colombe. Seulement, quelle voix de jeune humanité s'élevait de cette pauvreté et de cette ignorance! Des pauvres, des petits, des simples, le peuple pullu

Ce n'était plus que du sommeil, de la nuit voulue et acceptée, toute une résignation sereine, à qui il ne co?tait rien de se confier au bon repos de l'ombre, en attendant les béatitudes du ciel; et il n'était pas jusqu'au paganisme mourant, perdant de sa beauté, cette maladresse de main des ouvriers ingénus, qui n'ajoutat au charme de ces pauvres cimetières, creusés loin du soleil, dans la nuit de la terre. Des millions d'êtres s'étaient couchés humblement dans cette terre forée comme par des fourmis prudentes, y avaient dormi leur sommeil durant des siècles, l'y dormiraient encore, mystérieux, bercés de silence et d'obscurité, si les hommes n'étaient venus déranger leur désir d'oubli, avant que les trompettes du Jugeme

es dames l'escalier de Dioclétien

dans ces Catacombes; et, lorsque les soldats s'entêtèrent à les y suivre, l'escalier se rompit, tou

, les minces bougies tiraient à leur fin, et ce fut pour tous un éblouissement, lorsqu'on se retrouva en haut, dans le soleil, devant la petite boutique d'objets p

randiose, avec son obélisque et ses deux fontaines, dans le cadre vaste de la colonnade du Bernin, cette quadruple rangée de colonnes et de piliers, qui lui

est à lui seul vaste comme une de nos églises. Et la pompe orgueilleuse, le faste éclatant, écrasant, le saisissait aussi: la coupole, pareille à un astre, qui resplendissait des tons vifs et des ors des mosa?ques; le baldaquin somptueux, dont le bronze a été pris au Panthéon, et qui couronne le ma?tre-autel érigé sur le tombeau même de saint Pierre, où descend le double escalier de la Confession, qu'éclairent les quatre-vingt-sept lampes, éternellement allumées; les marbres, enfin, une profusion, une prodigalité de marbres extraordinaire, des marbres blancs, des marbres de couleur, étalés, entassés. Ah! ces marbres polychromes dont le Bernin a eu la folie luxueuse: le dallage splendide où tout l'édifice se reflète; le revêtement des piliers ornés de médaillons représentant

crane des pêcheurs qui s'agenouillent, ce qui procure à ceux-ci trente jours d'indulgence. Mais très peu de monde était là, les prêtres occupaient leur attente, écrivaient, lisaient, comme chez eux, dans les étroites caisses de bois. Et il se retrouva devant la Confession, intéressé par les quatre-vingt-sept lampes, scintillantes ainsi que des étoiles. Le ma?tre-autel, où le pape seul peut officier, semblait avoir une mélancolie hautaine de solitude, sous le baldaquin gigantesque et fleuri, dont la main-d'?uvre et la dorure ont co?té plus d'un demi-million. Puis, le souvenir lui revint de la cérémonie qu'on célébrait dans la

nte, d'une véritable salle des pas perdus, dans un palais de réception démesuré. Les larges nappes de soleil qu'y versaient les hautes fenêtres carrées, sans verrière, l'éclairaient d'une clarté aveuglante, la traversaient de part en part d'une gloire. Pas un banc, pas une chaise, rien que le dallage superbe et nu, à l'infini, un dallage de musée, qui miroitait sous la pluie dansante des rayons. Aucun coin de recueillement, pas un coin d'ombre, de mystère, pour s'agenouiller et prier. Partout la lumière vive, l'éblouissement d'une souveraineté et d'une somptuosité de plein jour. Et lui, dans cette salle d'opéra, si déserte, allumée d'un tel flamboiement d'or et de pourpre, qui arrivait avec le frisson de nos cathédrales gothiques, où des foules obscures san

velours blanc, avec la chape d'or, l'étole d'or, la tiare d'or. Les porteurs de la chaise gestatoire étincelaient dans leurs tuniques rouges brodées de soie. Les flabelli agitaient, au-dessus de la tête du pontife unique et souverain, les grands éventails de plume, qu'on balan?ait autrefois devant les idoles de la Rome antique. Et, autour de la chaise de triomphe, quelle cour éblouissante et glorieuse! toute la famille pontificale, le flot des prélats assistants, les patriarches, les archevêques, les évêques, drapés et mitrés d'or! les camériers secrets participants en soie violette, les camériers de cape et d'épée participants, portant le costume de velours noir, avec la fraise et la cha?ne d'or! l'innombrable suite, ecclésiastique et la?que, dont cent pages de la Gerarchia n'épuisent pas l'énumération, les protonotaires, les chapelains, les prélats de toutes les classes et de tous les degrés, sans compter la maison militaire, les gendarmes avec le bonnet à poil, les gardes

comme à Sainte-Agnès hors les Murs, se batissant exactement sur le modèle de la basilique civile des Romains, le Tribunal et la Bourse qui accompagnaient tout Forum; et c'était surtout l'église chrétienne construite avec les matériaux volés aux temples en ruine: les seize colonnes superbes de cette même Sainte-Agnès, de marbres différents, prises évidemment à plusieurs dieux; les vingt et une colonnes de Sainte-Marie du Transtévère, de tous les ordres, arrachées d'un temple d'Isis et de Sérapis, dont les chapiteaux ont conservé les figures; les trente-six colonnes en marbre blanc de Sainte-Marie-Majeure, d'ordre ionique, qui viennent du temple de Junon Lucine; les vingt-deux colonnes de Sainte-Marie d'Aracoeli, toutes diverses de matière, de dimension et de travail, et dont la légende veut que certaines aient été dérobées à Jupiter lui-même, au temple de Jupiter Capitolin, qui s'élevait à la même place, sur le sommet sacré. Aujourd'hui encore, les temples de la riche époque impériale renaissaient dans les basiliques somptueuses, à Saint-Jean de Latran et à Saint-Paul hors les Murs. La basilique de Saint-Jean, la Mère et la Tête de toutes les églises, développant ses cinq nefs, divisées par quatre rangées de colonnes, alignant ses douze statu

nation du monde; et, lorsque tout a croulé, lorsqu'une société nouvelle rena?t des ruines, et qu'on peut la croire guérie de l'orgueil, retrempée dans l'humilité, ce n'est encore qu'une erreur, elle a le vieux sang en ses veines, elle cède de nouveau à la folie insolente des ancêtres, livrée à toute la violence de l'hérédité, dès qu'elle est grande et forte. Il n'est pas un pape illustre qui n'ait voulu batir, qui n'ait repris la tradition des Césars, éternisant leur règne dans la pierre, se faisant élever des temples à leur mort, pour passer au rang des dieux. Le même souci d'immortalité terrestre éclate, c'est à qui léguera le monument le plus grand, le plus solide, le plus magnifique; et la maladie est si aigu? que ceux, moins fortunés, qui, ne pouvant construire, ont d? se contenter de réparer, se sont plu à transmettre aux générations la mémoire de leurs travaux modestes, en f

s joies de la vie future, confiant à la terre nouvelle le bon grain de son évangile, semant l'humanité rajeunie qui allait transformer le vieux monde. Et voilà que de cette semence enfouie dans le sol durant des siècles, voilà que de ces tombeaux si humbles, si inconnus, où les martyrs dormaient leur doux sommeil, en attendant le réveil glorieux, voilà que d'autres tombeaux encore avaient poussé, aussi géants, aussi fastueux que les antiques tombeaux détruits des idolatres, dressant leurs marbres parmi les splendeurs pa?ennes d'un temple, étalant le même orgueil surhumain, la même passion affolée de domination universelle. A la Renaissance, Rome redevient pa?enne, le vieux sang impérial remonte, emporte le christianisme, sous la plus rude attaque qu'il ait eu à subir. Ah! ces tombeaux des papes, à Saint-Pierre, dans leur insolente glorification, dans leur énormité charnelle et luxueuse, défiant la mort, mettant sur cette terre l'immortalité! Ce sont des papes de bronze, démesurés, ce sont des figures allégoriques, des anges équivoques

imitif le catholicisme victorieux, allié aux puissants et aux riches, machine géante de gouvernement, dressée pour la conquête des peuples. Les papes s'étaient réveillés Césars. Et la lointaine hérédité agissait, le sang d'Auguste avait de nouveau jailli, coulant dans leurs veines, leur br?lant le crane d'ambitions surhumaines. Seul, Auguste avait réalisé l'empire du

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