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Les femmes d'artistes

Les femmes d'artistes

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Chapter 1 MADAME HEURTEBISE

Word Count: 2141    |    Released on: 30/11/2017

stache hérissée, portant avec cranerie comme un défi à toutes les conventions sottes, à tous les préjugés bourgeois son nom bizarre et fringant de Heurtebise. Comment, par qu

avait pris sans doute à la devanture de son père, et qui lui faisait rechercher les n?uds de satin assorti, les ceintures, les boucles; avec cela des cheveux tirés par le coiffeur, bien lissés de cosmétique, au-dessus d'

elle voudrait. Quant à lui, je crois qu'en définitive cette fausse élégance de boutique, ces fa?ons prétentieuses, bouche pincée, petit doigt en l'

qui le troublait et dont il recherchait l'atmosphère affaiblie, comme ces malades auxquels on ordonne l'air de la mer, mais qui, trop délicats pour le supporter, viennent le respirer à quelques lieues de distance. De loin en loin son

s deux ans de ménage, telle que nous l'avions vue dans la sacristie, le jour des noces. Son même sourire, minaudier et calme, son même air de boutiquière endimanchée; seulement l'aplomb lui était venu. Elle parlait maintenant. Dans les discussions artistiques où Heurtebise se lan?ait passionnément, avec des jugements absolus, le mépris brutal ou l'enthousiasme aveugle; la voix mielleuse et fausse de sa femme venait tout à coup l'interrompre, l'obligeant à écouter quelque raisonnement oiseux, quelque réflexion sotte toujours en dehors du sujet. Lui, gêné, e

eurtebise sortait de table, triomphante, je vis sur la figure de son mari, restée baissée pendant la querelle et qu'il relevait enfin, l'expression d'un mépris, d'une colère que les paroles ne pouvaient plus traduire. Rouge, les yeux pleins de larmes, la bouche tordue d'un sourire ironique et navrant, p

nnantes, rappelait les arrière-boutiques si chères à son c?ur, les pièces noires de crasse et de manque d'air où l'on passe vite dans les entr'actes de la vie de commerce pour manger à la hate un repas mal fait, sur une table sans nappe, l'oreille au guet tout le temps vers la sonnette de la porte. Dans ce monde-là il n'y a que la rue qui compte, la rue où passent les acheteurs, les flaneurs, et ce débordement de peuple en vacances qui, le dimanche, remplit le trott

rme pour écrire ?a. Il marche, il parle tout seul… M

rets sans fin, des r

nd je pense que je pouv

marchands

Elle le dérangeait, empêchait tout travail, installant dans la pièce même où il écrivait la causerie niaise de femmes oisives qui parlaient haut, ple

es cas-là, pour éviter la scène du retour, il emmenait un ami avec lui, et le gardait là-bas le plus qu'il pouvait. Dès qu'il n'était plus seul en face de sa femme, sa belle intelligence se réveillait et ses projets de travail interrompus peu à peu l'un après l'autre lui revenaient au c?ur. Mais quel déchirement quand on partait! Il aurai

ès-sotte, incapable de juger, elle les trouvait charmants, supérieurs à son mari parce qu'ils criaient plus fort. La vie se passait en discussions oiseuses. C'était un fracas de mots vides, de poudre aux moineaux, et le pauvre Heurtebise, immobile et muet au milieu de tout ce tapage, se contentait de sourire en haussant les épaules. Quelquefois pourtant,

ce train de vie, il n'écrivait plus. Son nom devenait rare, et sa fortune, gaspillée

, était couché, le visage au mur, dans un état de prostration complète. La femme, toujours en tenue, toujours placide, le regardait à peine.--?Je ne sais pas ce qu'il a?, me dit-elle avec un geste d'insouciance. Lui, en me voyant, retrouva un moment de ga?té, une minute de son bon rire, mais aussit?t étouffé. Comme on avait gardé à Paris les habitudes de la banlieue, à l'heure du déjeuner, dans ce ménage bouleversé par la gêne, la maladie, il arriva un parasite, petit homme chauve, rapé, roide, grincheux, qu'on appelait dans la maison:

ces luttes mesquines et continuelles, le ressort de sa nature vigoureuse s'était brisé, et il commen?ait déjà à mourir. Cette agonie silencieuse, qui était plut?t un renoncement de vivre, dura quelques mois; puis Mme Heurtebise se trouva veuve. Alors comme les larmes n'avaient pas obscurci ses yeux clairs, qu'elle avait to

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