La guerre et la paix, Tome II
ris congé du vieux comte, i
us sourdement que six semaines auparavant. Tout était épais, touffu, ombreux: les sapins dispersés ?à et là ne nuisaient plus à la beauté de
herbe du fossé: le c?té gauche du bois restait dans l'ombre; le c?té droit, à peine agité par le vent, scintilla
n un d?me de verdure foncée, luxuriante, épanouie, qui se balan?ait, sous une légère brise, aux rayons du soleil couchant. On ne voyait plus ni branches fourchues ni meurtrissures: il n'y avait plus dans son aspect
litz, les reproches peints sur la figure inanimée de sa femme, sa conversation avec Pierre sur le radeau, la petite fille ravie par la beauté de la nuit, et cette nuit, cette lune, tout se représenta à son imagination: ?Non, ma vie ne peut être finie à trente et un ans!
nement dénué de toute logique, il avait pu croire jadis que ce serait s'abaisser, après tout ce qu'il avait vu et appris, de croire encore à la possibilité d'être utile, à la possibilité d'être heureux et d'aimer. Sa raison lui disait à présent le contraire: il s'ennuyait, ses occupations habituelles ne l'intéressaient plus, et souvent, seul dans son cabinet, il se levait, s'approchait du miroir, se regardait longuement; reportant ensuite les yeux sur le portrait de Lise, avec ses cheveux relevés à la grecque en petites boucles sur le front: il lui semblait que, sortant de son cadre doré, et oubliant ses mystérieuses et suprêmes paroles, elle le