La guerre et la paix, Tome II
rticulière. Le plus nombreux était le cercle fran?ais, celui de l'alliance franco-russe, celui de Roumiantzow et de Caulaincourt. Aussit?t après sa réconciliation
s lettres de huit pages. Bilibine gardait ses meilleurs mots pour les lancer devant la comtesse Besoukhow; être re?u dans son salon équivalait à un dipl?me d'esprit. Les jeunes gens lisaient avant de se rendre à ses soirées, pour avoir quelque chose à dire. Les secrétaires d'ambassade et les ambassadeurs lui confiaient leurs secrets, si bien qu'Hélène était devenue, dans son genre, une véritable puissance. Pierre, qui la savait très ignorante, assistait parfois à ces réunions et à ces d?ners, où l'on causait politique, poésie et philosophie, avec un sentiment étrange de stupé
leur nature abstraite, avaient fini par lui faire prendre en dédain tout ce qui était en dehors de ce cercle, lui avaient donné une manière d'être, teintée d'indifférence et de bienveillance banale, qui, par sa sincérité même, lui attirait une déférence involontaire. Il entrait dans le salon de sa femme comme il entrait au théatre. Il connaissait tout le monde, accueillait chacun également bien, en restan
i souriait comme à tout le monde, mais cependant ce sourire blessait Pierre. Boris affectait envers lui un respect plein de dignité et de compassion, qui ne faisait que l'irriter davantage. Ayant violem
nements de coeur,? se répétait-il à lui-même, en puisant, on ne sait où, cet axiome devenu pour lui une vérité mathématique. Et pourtant, chose étrange, la présence d
, qui ne faisait rien, ne gênait personne; un bon enfant dans toute l'acception du mot; tandis que dans le fond de son ame s'accomplissait le travail ar