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F. Chopin

Chapter 4 No.4

Word Count: 11849    |    Released on: 04/12/2017

ible de la réalité qu'une des missions de l'art est de réconcilier avec le ciel; de ses ?uvres où se sont épanchés, comme des pleurs dans un lacrymatoire, tous les souvenirs de sa jeunesse, toutes les

us resterait à parler de l'exécution de Chopin, si nous en avions le triste courage; si nous pouvions exhumer des émotion

e? Charme subtil et pénétrant comme un de ces légers parfums exotiques, celui de la verveine ou de la calla ethiopica, qui ne s'exhalent que dans les appartements peu fréquentés et se dissipe

nt on rencontrait maintes fois les volumes sur les tables de son salon. Dans la plupart de ses Valses, Ballades, Scherzos, g?t embaumée la mémoire de quelque fugitive poésie inspirée par une de ces fugitives apparitions. Il l'idéalise quelquefois jusqu'à en rendre les libres si ténues et si friables qu'elles ne paraissent plus ap

la vibration, qui n'avaient presque plus rien de matériel et, comme les impondérables, semblaient agir sur l'être sans passer par les sens. Tant?t on croyait entendre les joyeux trépignements de quelque péri amoureusement taquine; tant?t, c'étaient des modulations veloutées et chatoyantes comme la robe d'une salamandre; tant?t, on saisissait des accents profondément découragés, comme si des

t de humour anglais, comme un feu de fagots verts. L'étude V nous a conservé une de ces improvisations piquantes, où les touches noires du clavier sont exclusivement attaquées, comme l'enjouement de Chopin n'attaquait que les touches supérieures de l'esprit, amo

onduler la mélodie, comme un esquif porté sur le sein de la vague puissante; ou bien, il la faisait mouvoir indécise, comme une apparition aérienne, surgie à l'improviste en ce monde tangible et palpable. Dans ses écrits, il indiqua d'abord cette manière, qui donnait un cachet si particulier à sa virtuosité, par le m

s compositions doivent-elles être jouées avec cette sorte de balancement accentué et prosodié, cette morbidezza dont il était difficile de saisir le secret quand on ne l'avait pas souvent entendu lui-même. Il semblait désireux d'enseigner cette manière à ses nombreux élèves, surtout à ses compatriotes auxquel

rfaitement go?té que dans ces réunions, malheureusement trop peu nombreuses, dont tous les esprits étaient préparés à le suivre partout où il lui plaisait de les conduire; à se transporter avec lui dans ces sphères où les anciens ne faisaient entrer que par la porte d'ivoire des songes heureux, entourée de pilastres diamantés aux mille feux irisés. Il prenait plaisir à surmonter cette porte, dont les génies gardent les secrètes serrures, d'u

l, où l'on tombe quelquefois aux mains d'un vainqueur improvisé, conquérant stupide et fanfaron, qui n'a qu'un jour, mais auquel un jour suffit pour faucher un parterre de lis et d'asphodèles, pour intercepter l'entrée du bois sacr

es coups de baton le chevalier armé de la veille, en quête de nobles aventures. Mais elles souffriraient moins peut-être d'avoir à lutter contre un si piètre adversaire, que de se voir réduites à recevoir des coups d'épingle qui simulent des coups de poignard, d'une mode vénale, d'une mode commer?ante, d'une mode industrielle, insolente courtisane qui prétend en remontrer à l'Olympe des grands salons du beau-monde! Elle voudrait même, l'insensée, s'abreuver à la coupe de Hébé qui, rougissant à son approche, implore pour la foudroyer, tant?t l'aide de Vénus, tant?t cel

daces et les proportions millionnaires qu'elles ont prises depuis. Toutefois, quoique dans l'enfance de l'art, la spéculation pouvait déjà faire assez d'excursions sur le terrain réservé aux Muses pour que celui qui les hantait exclusivement, qui après sa patrie perdue n'aimait qu'elles, qui ne se consolait de sa patrie perdue qu'avec elles, f?t comme épouvanté devant cette grande diablesse! Sous l'impression t

a constitution physique de Chopin, qu'ils ne provoquaient son irritabilité de poète. Sa volontaire abnégation des bruyants succès cachait, à qui savait le discerner, un froissement intérieur. Ayant un sentiment très distinct de sa supériorité native, (comme tous ceux qui ont su la cultiver au point de lui faire rendre cent pour cent), le pianiste polonais n'en recevait pas du dehors assez d'échos intelligents, pour gagner la tranquille certitude d'être réellement apprécié à toute sa valeur. Il avait vu d'assez près l'acclamation populaire pour conna?tre cette bête, parfois intuitive, parfois ingénuement et noblement passionné

s un tournoi, jette son défi et son gant à quiconque lui conteste la beauté et la primauté de sa dame; c'est-à-dire, de son art! Il se disait probablement, certes avec raison, que lui, vainqueur au dehors, n'aurait pu être ni plus aimé, ni plus go?té, qu'il ne l'était déjà par le groupe spécial qui composait son

ujours de grandes précautions; néanmoins, elle lui laissait de belles saisons de répit, de belles années d'un équilibre qui lui donnait une force relative. Elle ne lui e?t point permis de se faire conna?tre dans toutes les cours et toutes les capitales d'Europe, de Lisbonne à Saint-Pétersbourg, en s'arrêtant aux villes d'université et aux cités manufacturières, comme un de ses amis dont le nom monosyllabiqu

aussi les autres à le prendre pour tel: tandis que le ?petit public?, le monde des salons, est un juge qui commence par ne pas se reconna?tre d'autorité à lui-même: qui aujourd'hui encense, demain renie ses dieux. Il a peur des excentricités du génie, il recule devant les hardiesses d'une grande supériorité, d'une grande individualité, d'une grande ame, d'un grand esprit, ne se sentant pas assez s?r de lui-même pour reconna

donc pas distinguer les grands mouvements, les aspirations tumultueuses des sentiments jetant Ossa sur Pélion pour escalader les astres, d'avec les mouvements emphatiques de sentiments d'un amour-propre mesquin, d'une égo?ste suffisance, joints à une vile courtisanerie des passions du jour, des vices élégants, de l'immoralité à la mode, de la démor

uger avec quelque divination des promesses que les jeunes hommes apportent et des qualités qui leur permettront de les réaliser, le monde des salons ne soutient avec constance, pour mieux dire, il ne protège avec obstination, que les médioc

sans consistance, sans vie réelle, toujours prête à s'évaporer, parce qu'elle ignore sa raison d'être et souvent n'en a aucune à donner. Pendant que le gros public, qui ignore souvent aussi pourquoi et comment il s'est senti saisi, frémissant, électrisé, ?empoigné? dit le plébéien ravi, renferme du moins ces ?gens du métier? qui savent ce qu'ils di

lles dames si décolletées et si parfumées, tous ne le comprenaient pas. Après quoi, il était bien moins s?r encore si ce peu qui le comprenait, le comprenait bien? Il en résultait un mécontentement, assez indéfini peut-être pour lui-même, du moins quant à sa véritable source, mais qui le minait sourdement. On le voyait choqué presque par des éloges qui sonnaient creux ou sonnaient faux à son oreille. Tous ce

ses contemplations intérieures, de ses fantaisies, de ses rêves, de ses évocations de poète et d'artiste. Beaucoup trop fin connaisseur en raillerie, trop ingénieux moqueur lui-même, pour prêter le flanc au sarcasme, il ne se drapa point en génie méconnu. Sous une apparente satisfaction, pleine de bon go?t et de bonne grace, il dissimula si complètement la blessure de son légitime orgueil qu'on n'en remarqua presque pas l'existence. Mais, ce n'est pas sans

e mignonne d'un de ces feuilletons saupoudrés et pailletés de fins aper?us qui, chaque lundi, charmaient ses lecteurs. Le beau monde ne recherche que des impressions superficielles, n'ayant aucune racine dans des connaissances préalables, aucune portée et aucun avenir dans un intérêt sincère et soutenu; impressions si passagères, qu'on peut les appeler plut?t physiques que morales.-Trop préoccupé des petits intérêts du jour, des incidents de la politique, de

nne manière. Par là, si haut qu'il soit, la grande poésie, le grand art surtout, demeurent au-dessus de lui! L'Art, le grand art, a froid dans les appartements tendus de damas rouge; il s'évanouit dans les salons jaune paille ou bleu nacré. Tout véritable artiste l'a senti, quoique tous n'ont pas su s'en rendre compte. Un virtuose de quelque renommée, plus familiarisé que d'autres avec les variations du thermomè

'eux le regard de quelque belle, l'attention de quelque oracle de salon, sont des éléments trop peu intelligents, trop peu sincères, trop factices en définitive, pour que le poète s'en contente. Lorsque des hommes qui se rengorgent, se croient ?sérieux? et dansent, eux aussi, sur la corde raide des af

préparés et disposés à voir en lui autre chose qu'un acrobate de bonne compagnie. Que peuvent-ils savoir du beau langage des filles de Mnémosyne, des révélations d'Apollon Musagète, ces hommes et ces femmes habitués dès leur enfance à ne go?ter que des plaisirs intellectuels qui frisent la platitude, cachée sous les formes mignardes d'une distinction niaise? En fait d'arts plastiques, tous tant qu'ils sont s'affolent du bric-

oler vers d'autres régions. Une fois partie, emportant avec elle l'inspiration, l'artiste ne retrouve plus celle-ci dans les airs provoquants et les sourires sémillants qui ne demandent qu'à être désennuyés, dans les froids regards d'un aréopage de vieux diplomates blasés, sans foi et sans entrailles, qu'on dirait rassemblés pour juges des mérites d'un traité de commerce ou des expériences qui donnent droit à un brevet d'invention. Pour que l'artiste soit véritablement à sa propre ha

érêts matériels d'une nation; le patricien est précisément désigné, non seulement pour comprendre, mais pour stimuler, aiguillonner, acclamer et encourager, l'expression et l'élan de tous les sentiments rares, héro?ques, délicats, désintéressés, voués aux grandes choses et aux grandes idées, que l'art a pour mission de faire briller de tout leur éclat dans les créations bénies de ses formes visibles ou audibles; que seul il peut révéler, dépeindre et décrire, avec une intensité surhumaine; que seul il peut glorifier, auquel seu

boutons de diamants suffisent,-et au delà!-pour compenser toutes les pertes de temps, de facultés ardentes et d'énergies vitales, auxquelles ils s'exposent en approchant de ces centres solaires incandescents. Firdousi, l'Homère persan, recevait en monnaie de cuivre les mille piè

gne se faire héberger par son banquier,-le poète et l'artiste n'en sont pas à attendre un honoraire qui mette leur vieillesse à l'abri du besoin. M. de Rothschild, pour n'en citer qu'un seul, fit participer Rossini à d'excellentes affaires qui le gorgèrent de richesses. Cet exemple, qui eut ses nombreux précéde

devant leur assiette en porcelaine du Japon.-De cette fa?on, les splendeurs des premiers et des derniers gradins de la puissance et de la richesse sont également funestes à ces êtres marqués par le sort du signe ?fatale et beau?; à ces privilégiés de la nature, dont les Grecs disaient que le ma?tre des cieux les ayant oubliés dans la répartition des biens de la terre, leur donna en compensation le privilège de monter jusqu'à lui chaque fois qu'ils en éprouvent le beau désir. Mais, ces êtres n'étant pas moins accessible

nc sans merci ni remords, au profit du plaisir, de l'ostentation, de la gloire. Cependant, il vient un moment, on ne sait quand, où, la distraction cessant, l'occupation cédant, chacun y comprend le poète et l'artiste comme nul ne le comprend ailleurs

fascinant, pour permettre qu'on s'initie aux austères voluptés du renoncement, aux saintes indignations de la vertu luttant contre l'adversité, aux sacrifices que l'honneur commande et que l'enthousiasme embellit, aux nobles mépris des faveurs de la fortune, aux défis audacieux lancés à un destin cruel, à tous ces sentiments enf

aleur, d'écho, de reflets, d'expansion, pour prendre foi en elle-même? Qu'y aurait-il d'étonnant s'ils choisissaient le sort de Shakespeare ou de Camo?ns, plut?t que d'être toujours dupes d'espérances trop tardives à se réaliser, d'une admiration trop souvent mal placée et par là indifférente; plut?t que d'être si bien repus, qu'ils en soient réduits à l'impuissance des bêtes de basse-cour? Si quelque chose doit surprendre, c'est que beaucoup de ces êtres privilégiés ne fassent point ainsi! C'est qu'il y en

ents, des compassions propres à la génération contemporaine, qui trouvent leur expression la plus pénétrante, la plus contagieuse si l'on ose dire, dans les accents du musicien ou du dramaturge, dans les visions du peintre et du sculpteur! Or, l'aristocratie ne peut conserver cette direction qu'en devenant la vraie providence de la poésie et de l'art. Mais pour cela, il faudrait que le patriciat n'abandonne point au hasard du go?t de chacun, la protection qu'il doit à l'artiste et au poète! Il faudrait qu'il e?t dans son sein des hommes qui sachent, non moins bien que l'histoire de leur pays, de leur famille, de certaines sciences, l'hi

e.-Il faudrait qu'une tradition intelligente commande au patriciat, de ne se complaire que dans la haute poésie et dans le grand art; de ne protéger que les poètes qui chantent les plus nobles sentiments, les artistes qui expriment les plus audacieux héro?smes, les plus parfaites délicatesses, les plus idéales tendresses, l'amour le plus pur, le pardon le plus généreux, le dévouement le plus désintéressé, l'immolation volontaire, tout ce qui transporte l'ame humaine dans ces régio

nts d'une allure triviale, dans ses manières qui, ayant perdu toute distinction, ne laissent plus apercevoir aucune différence avec celle des ?bons bourgeois de Paris!? Il faudrait enfin que le patriciat, se relevant à sa juste hauteur, reprenne son droit inné de ?donner le ton?, pour imposer effectivement le ?bon ton?;-le bon ton do

rlatif dont les indigènes se figurent bien être d'une autre pate que le reste des mortels; Chopin e?t-il été entendu, comme tant d'autres, par toutes les nations et dans tous les climats; e?t-il obtenu ces triomphes éclatants qui créent un capitole partou

à porter dans des nations et des années lointaines, ces joies, ces consolations, ces bienfaisantes émotions, que les ?uvres de l'art réveillent dans les ames souffrantes, altérées et défaillantes, persévérantes et croyantes, auxquelles elles sont dédiées

l'art, par un douloureux ressentiment des émotions qu'il a si bien exprimées. Puisqu'il n'a point cherché avec une mesquine avidité ces couronnes faciles, dont plus d'un de nous a la modestie de s'enorgueillir; puisqu'il vécut homme pur, généreux, bon et compatissant, rempli d'un seul sentiment, le plus noble des sentiments terrest

isse la baguette qui, le soir, commande aux fougueuses phalanges d'un orchestre, soit qu'elle tienne le compas de l'architecte emprunté à Uranie ou la plume de Melpomène trempée dans le sang, le rouleau de Polymnie que mouillent les larmes ou la lyre de Clio accordée par la vérité et la justice, apprenons de celui que nous venons de perdre, à repousser tout ce qui ne tient pas à l'élite des ambitions de l'Art; à concentrer nos soucis

ttirer les foules et leur plaire à tout prix, appliquons-nous plut?t, comme Chopin, à laisser un céleste écho de ce que nous avons ressenti, aimé et souffert! Apprenons enfin de lui et de l'exemple qu'il nous a légué,

ait les salons. Il était formé par un groupe de noms célèbres qui s'inclinaient devant lui, comme des rois de divers empires rassemblés pour fêter un des leurs, pour être initié aux secrets de son pouvoir, pour contempler les magnificences de ses trésors, les merve

verve, l'entrain, n'arrivent pour personne à heure fixe, peut-être moins qu'à personne aux véritables artistes. Tous, plus ou moins atteints de la maladie sacrée, orgueil blessé ou défaillance mortelle, il leur faut secouer ses engourdissements et ses paralysies, oublier ses froides douleurs, pour s'étourdir et s'amuse

pour conserver une sérénité bienveillante et douce, qui, comme un gage de tacite espoir et de consolation, ranime les plus sombres, relève les plus taciturnes, encourage les plus découragés, leur rendant, tant qu'ils restent dans cette atmosphère tiède et légère, une liberté d'esprit dont l'animation peut d'autant mieux mousser qu'elle fait plus contraste avec leur ennui, leur

z lui, parce qu'on y était charmé et parce qu'on y était à l'aise. On y était bien parce qu'il faisait ses h?tes ma?tres de toute chose, se mettant lui-même et ce qu'il possédait à leurs ordres et service. Munificence sans réserve, dont le simple laboureur de race slave ne se départ point en faisant les honneurs de sa cabane, plus joyeusement empressé que l'Arabe sous sa tente, compensant tout ce qui manque à la splendeur de sa réception par un adage qu

nserve aucun arrière-go?t fade ou amer et qui ne provoque aucune réaction d'humeur noire. Quoique peu facile à attirer dans le monde et encore moins enclin à recevoir, il devenait chez lui d'une prévenance charmante lorsqu'o

encore de cette première soirée improvisée chez lui en dépit de ses refus, alors qu'il demeurait à la Chaussée d'Antin. Son appartement, envahi par surprise, n'était éclairé que de quelques bougies réunies autour d'un de ces pianos de Pleyel qu'il affectionnait particulièrement, à cause

e une onde épandue, rejoignant les clartés incohérentes du foyer où surgissaient de temps à autre des flammes orangées, courtes et épaisses, comme des gnomes curieux attirés par des mots de leur langue. Un seul portrait, celui d'un pianiste et d'un ami sympathique et admiratif, présent lui-même cette fois, semblait invité à être le constant auditeur du flux et reflux de tons qui venaient

à demi-son. Le musicien répondait par de surprenants récits aux questions que le poète lui faisait tout bas, sur ces régions inconnues dont il lui demandait des nouvelles; sur cette ?nymphe rieuse?[19] dont il voulait savoir ?si elle continuait à draper son voile d'argent sur sa verte chevelure avec la même aga?ante ?coquetterie?? Au courant des jaseries et de la chronique galante

age sur les froides vagues, ?soupirant en vain après les épices, les tulipes, les jacinthes, les pipes en écume de mer, les tasses en porcelaine de Chine!...? Amsterdam! Amsterdam! quand reverrons-nous Amsterdam!?s'écriait-il, pendant que la tempête mugissait dans les cordages et le ballottait de ci

ieux marin ne pouvait jamais trouver la cha?ne pour la briser. Quand le satirique poète le voulait bien, il nous racontait les douleurs, les espérances, les désespoirs, les tortures, les abbattements des infortunés peuplant ce malheureux navire, car il était monté sur ses planches maudites, guidé et ramené par la main de

e chemin faisant toutes les merveilles célestes qui marquent la route de ces matelots que n'attend aucun port. Appuyés sur cette poupe sans gouvernail, ils contemplaient depuis les deux ourses qui surplombent majestueusement le nord, jusqu'à l'éclatante croix du sud, après laquelle le désert antarctique commence à s'étendre sur les têtes comme sous les pieds, ne laissant à l'?il éperdu rien à contempler sur un ciel vide et sans phare, étendu au-dessus d'une mer sans rives. Il leur arrivait de suivre longtemps, et l

yant cueilli plus d'une pomme d'or au jardin des Hespérides, étant un des familiers de tous ces lieux inaccessibles à des mortels qui n'ont pas eu pour marraine quelque fée, prenant à tache leur vie durant de tenir en échec les mauvaises fortunes en prodiguant les joyaux de leurs écrins aux

terjections admiratives. Lui, harmoniste aux constructions cyclopéennes, il passait de longs instants à savourer le délect

de sa vie, il refusait son talent à toutes les scènes d'un ordre de sentiments peu élevés ou superficiels, pour servir l'art avec un chaste et enthousiaste respect, ne l'acceptant dans ses diverses manifestations, ne le considérant à toutes les heures du jour, que comme un saint tabernacle

fut son remarquable oratorio, La Destruction de Jérusalem, il écrivait des morceaux de piano: les Fant?mes, les Rêveries, ses vingt-quatre études dédiées à Meyerbeer. Esquisses vigoureuses et d'un dessin achevé, rappellant ces études de f

ile il aurait eu à prendre, pour leur donner la vie de son art? Se demandait-il si c'est une toile filée par Arachné, un pinceau fait des cils d'une fée, une palette, couverte des vapeurs de l'arc-en-ciel, qu'il lui e?t fall

ymnes de fêtes, les complaintes des illustres prisonniers, les ballades sur les héros morts!... Ils remémoraient ensemble cette longue suite de gloires, de victoires, de rois, de reines, de hetmans... et le vieillard, prenant le présent pour une illusion, les croyait ressuscités, tant ces fant?mes avaient de vie en apparaissant au-dessus du clavier de Chopin! -Séparéde tous les autres, sombre et m

la larve, l'enveloppe grossière du contour, pour leur faire contempler dans son essence invisible l'ame du poète qui s'y est incarnée, l'idéal que l'artiste a conjuré sous le torrent des notes ou les voiles du coloris, sous les inflexions du marbre ou les alignements de la pierre, sous les rhythmes mystérieux des strophes ou les furieuses interjections du drame! Cette faculté n'est que vaguement ressentie par la plupart de celles qui en sont douées; sa manifestation suprême se révèle dans une sorte d

r la clef des analogies, des conformités, des rapports de nos sens à nos sentiments et nous permet de simultanément conna?tre les ligaments occultes, qui relient des dissemblances apparentes, des oppositions identiques, des antithèses équivalentes, ainsi, que les ab?mes qui séparent, d'un étroit mais infranchissable espace, ce qui est destiné à se rapprocher sans se confondre, à se ressembler sans se mélanger. Avoir écouté de bonne heure le

ces et de désirs, d'affections et de passions, qui ont rempli une époque durant laquelle ont été fortuitement rassemblées quelques hautes ames et lumineuses intelligences, combien en est-il qui aient possédé un principe de vitalité suffisante pour les faire survivre à toutes les causes de mort qui entourent à son berceau chaque idée, chaque sentiment, comme chaque individu?... Combien en est-il dont, à quelque instant de leur existence, plus ou moins courte, on n'ait pas dit ce mot d'une tristesse suprême: Heureux s'il était mort!

s qu'il e?t défailli et expiré, d'être désavoué par ceux dont il avait fait la joie et le tourment? Quel sépulcral dénombrement ne faudrait-il pas commencer pour les évoquer un à un, en leur demandant compte de ce qu'il

e sont point exempts les plus suaves parfums, n'a légué à l'art que le patrimoine intact de ses élévations les plus recueillies et de ses plus divins ravissements, reconnaissons en lui en de ces prédestinés dont la poésie populaire constatait l'existence par sa foi dans les bons génies. En attribuant à ces êtres, qu'elle supposait bienfaisants aux hommes, une nature supérieure à celle du vulgaire,

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