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F. Chopin

Chapter 6 No.6

Word Count: 8427    |    Released on: 04/12/2017

naissance ne fut fixée dans sa mémoire que par une montre, dont une grande artiste, une vraie musicienne, lui fit cadeau en 1820, avec cette inscription: ?Madame Catalani, à Frédéric Chopin

l'attention de sa famille se concentra sur sa santé. Dès lors sans doute il prit l'habitude de cette affabilité, de cette bonne gra

s, sans se demander s'il donnait son c?ur sans réserve et livrait le secret de toutes ses pensées. Il est des ames qui, à l'entrée de la vie, sont comme de riches voyageurs amenés par le sort au milieu de simples patres, incapables de reconna?tre le haut rang de leurs h?tes; tant que ces êtres supérieurs demeurent avec eux, ils les comblent de dons qui sont nuls relativement à

s exemples de simplicité, de piété et de distinction, lui restèrent toujours les plus doux et les plus chers. Les vertus domestiques, les coutumes religieuses, les charités pieuses

lassique. Il est à supposer que lorsque, d'accord avec ses désirs et sa vocation, sa famille lui faisait embrasser la carrière de musicien, aucun prestige de vaine gloriole, aucune perspective fantastique, n'éblouissaient leurs yeux et leurs espér

d'?il d'un homme et d'un artiste distingué. Le prince Radziwi?? ne cultivait pas la musique en simple dilettante; il fut compositeur remarquable. Sa belle partition de Faust, publiée il y a nombre d'années, continue d'être exécuté chaque hi

s, paya sa pension par l'entremise d'un ami, M. Antoine Korzuchowski, lequel garda toujours avec Chopin les relations d'une cordiale et constante amitié. De plus, le prince Radziwi?? faisait souvent intervenir Chopin aux parties de campagne, aux soirées, aux d?ners qu'il donnait, plus d'une anecdote se rattacha dans la mémoire du jeune homme à ces charmants instants,

e dans le musicien. La première peut-être, elle fit conna?tre à Chopin le charme d'être entendu en même temps qu'écouté. La princesse était belle encore et possédait un esprit sympathique, uni à de hautes vertus, à de charmantes qualités. Son salon était un des plus brillants et des plus recherchés de Varsovie; Chopin y rencontra souvent les femmes les plus distinguées de cette capitale. Il y connut ces séduisan

emmes de sa nation. Quand ses doigts distraits couraient sur les touches et en tiraient subitement quelques émouvants accords, il put entrevoir comment coulent les pleurs furtifs des jeunes filles éprises, des jeunes femmes négligées; comment s'humectent les yeux des jeunes hommes amoureux et jaloux de gloire. Ne vit-il pas souvent alors quelque belle enfant, se détachant des groupes nombreux, s'approcher de lui et lui demander un simple prélude? S'accoudant sur le piano pour soutenir sa tête rêveuse de sa be

ntemplé tout ce que la terre produit de beau, se voyait bondir d'un bout à l'autre de la salle de bal. Il fendait l'air, dévorait l'espace, comme des ames qui s'élanceraient dans les immensités sidérales, volant sur les ailes de leurs désirs d'un astre à un autre, effleurant légèrement du bout de leurs pieds si étroits quelque planète attardée dans sa route, repoussant plus légèrement encore l'étoile rencontrée comme un lumineux caillou... jusqu'à ce que l'homme éperdu de joie et de reconnaissance se précipite à genoux, au milieu du cercle vide où se concentrent tant de regards curieux, sans quitter le bou

e comprenait encore, les clairvoyances magnétiques qui se dégageaient de son souvenir en prenant corps sur son piano, s'interrompit brusquement

t'a

n c?ur vole v

encens, tant?t c

jamais son ineffa?able empreinte. Il était aisé de deviner que Chopin revoyait devant lui quelque beauté, blanche comme une apparition, svelte et légère, aux beaux bras d'ivoire, aux yeux baissés, laissant s'écha

encens, tant?t c

parfumées et des camélias panachés de leurs serres, elles portaient pour lors les orgueilleux bouquets de leurs écrins. Ces tissus d'un emploi plus modeste, si transparents que les Grecs les disaient tissés d'air, étaient remplacés par les somptuosités des gazes lamées d'or, des crêpes brodés d'argent, des points d'Alen?on et des dentelles de Brabant. Mais il lui semblait qu'aux sons d'un orchestre européen, quelque parfait qu'il f?t, elles rasaient moins rapidement le parquet; leur rire lui paraissait moins sonore, leurs regards d'un étincellement moins radieux, leur lassitude p

sans que leurs pétillements et leurs trépidations viennent a aucun instant déranger la belle eurhythmie des graces extérieures, le calme imposant d'une apparence simple et sciemment tranquille. C'est ainsi qu'il apprit à go?ter et à tenir en si haute estime les manières nobles et mesurées, quand elles sont réunies à une intensité de sentiment qui

noble décence, firent croire à Chopin que les convenances sociales, au lieu d'être un masque uniforme, dérobant sous la symétrie des mêmes lignes le caractère de chaque individualité, ne servaient qu'à contenir les passions sans les étouffer, à leur enlever la crudité de tons qui les dénature, le réalisme d'expression qui les rabaisse, le sans-gêne qui les

ait dans le passé, plus il avan?ait dans la vie, et plus il s'énamourait des figures qu'il évoquait dans sa mémoire. C'étaient de superbes portraits en pied ou des pastels souriants, des médaillons en deuil ou des profils de camées, quelque gouache aux tons fortement repoussés, tous près d'une pale et suave esquisse à la mine de plomb. Cette galerie de beautés si variées finissait par être tou

peuvent plus justement être appliquées à Chopin que d'autres pages où l'on a cru apercevoir sa ressemblance, mais où nous ne saurions la retrouver,

vait, pour ainsi dire, ni age, ni sexe. Ce n'était point l'air male et hardi d'un descendant de cette race d'antiques magnats, qui ne savaient que boire, chasser et guerroyer; ce n'était point non plus la gentillesse efféminée d'un chérubin couleur de rose. C'était quelque chose comme ces créatur

nait que ce qui était identique à lui-même... le reste n'existait pour lui que comme une sorte de songe facheux auquel il essayait de se soustraire en vivant au milieu du monde. Toujours perdu dans ses rêveries, la r

général, sans toucher à ses affections personnelles. Les êtres qui ne pensaient pas comme lui devenaient à ses yeux comme des espèces de fant?mes, et, comme il ét

causes morales en eussent été trop légères, trop subtiles pour être saisies à l'?il nu. Il au

encore des jeunes gens de son age qui l'aimaient ardemment et qui étaient aimés de lui... Il se faisait une haute idée de l'amitié, et, dans l'age des premières illusions, il croyait vol

de sa constitution le rendait intéressant aux yeux des femmes; la culture abondante et facile de son esprit, l'originalité douce et flatteuse de sa conversation, lui gagnaient l'attention des hommes éclairés. Quant à ceux d'un

ant; en ce qui les concernait, c'e?t été vrai. Mais comment eussent-ils deviné cela,

rmes de la bienveillance prenaient chez lui une grace inusitée et quand il exprim

t le peu de temps qu'il jugeait devoir en profiter. Il avait un grand courage extérieur et s'il n'acceptait pas, avec l'insoucia

ier amour et déshérita l'exilé d'une épouse dévouée et fidèle en même temps que d'une patrie. Il ne rencontra plus le bonheur qu'il avait rêvé avec elle, en rencontrant la gloire à laquelle il n'avait peut-être pas encore songé. Elle était belle et douce, cette jeune fille, comme une de ces madones de Luini dont les regards sont chargés

ux de leur amour. Mais, il peut se faire qu'on regrette les divines émotions que procurent les dévouements absolus, en présence de dons les plus éclatants du génie; car, cette soumission na?ve, cet abandon de l'amour, qui absorbent la femme, son existence, sa volonté, jusqu'à son nom, dans c

opin ne voulut pas que le portrait qu'elle en avait dessiné dans des jours d'espoir, f?t jamais remplacé chez lui par aucun autre, f?t-il d? à un pinceau plus expérimenté. Bien des années après, nous avons vu

enir compte des avantages qu'on n'obtient qu'à force de patience et de travail. Son cours musical brillamment achevé, ses parents voulurent naturellement le faire voyager, lui faire conna?tre les artistes célèbres et les belles ex

Le jeune artiste n'y produisit pas toute la sensation à laquelle il avait droit de s'attendre. Il quitta Vienne dans le dessein de se rendre à Londres; mais c'est d'abord à Paris qu'il vint, avec le projet de ne s'y arrêter que peu de temps. Sur so

s plus redoublés semblaient ne pas suffire à notre enthousiasme, en présence de ce talent qui révélait une nouvelle phase dans le sentiment poétique, à c?té de si heureuses innovations dans la forme de son art. Contrairement à la plupart des

ille, réunissaient autour d'eux tous les débris de la Pologne que la dernière guerre avait jetés au loin. La Psse Marcelline Czartoryska l'attira encore plus dans sa maison; elle fut une de ses élèves les plus chères,

e de badauderie élégante qui suppute à part soi combien de visites, de d?ners et de soupers, chaque célébrité du jour représente, pour ne point manquer d'avoir eu celle que la mode impose, sans égarer quelque générosité excessive sur un nom moins indiqué. La Csse Plater recevait en vraie grande-dame, dans l'antique sens du mot, où celle qui l'était se considérait comme la bonne patronne de quicon

rt, qu'elle ressemblait à une statue couchée. Toujours enveloppée de voiles, d'écharpes, de flots de gaze transparente, qui lui donnaient on ne sait quelle apparence aérienne, immatérielle, la comtesse n'était pas exempte d'une certaine affectation; mais ce qu'elle affectait était si exquis, elle l'affectait avec un charme si distingué, elle était une patricienne si raffinée dans le choix des attra

ait dans sa patrie, mais dans une sorte de correspondance musicale avec elle. Il aimait à ce qu'on lui montrat les poésies, les airs, les chansons nouvelles, qu'en rapportaient ceux qui venaient en France. Lorsque les paroles de quelqu'un de ces airs lui plaisaient, il y substituait souvent une mélodie à lui qui se popularisait rapidement dans son pays, sans que le nom de leur auteur f?t toujours connu. Le nombre de ses pensées dues à la seule inspiration du c?ur étant devenu considérable, Chopin avait

t pas un dessein prémédité, les surpassa peut-être en vérité par son originalité. Il n'a pas voulu, n'a pas cherché ce résultat; il ne se créa pas d'idéal a priori. Son art semblait de prime abord ne point se prêter a une ?poésie nationale?; aussi ne lui demanda-t-il pas plus qu'il ne pouvait donner. Il ne s'effor?a pas de lui faire raconter ce qu'il n'aurait pas su chante

s scènes de Terburgh, des pastels de Latour. Pourquoi la musique ne renouvellerait-elle pas à sa manière, un fait pareil? Pourquoi n'y aurait-il pas un artiste musicien, reproduisant dans son style et dans son ?uvre, tout l'esprit, le sentiment, le feu et l'idéal d'une société qui, durant un c

se. C'est ainsi que se dégagea sous sa plume ?l'idéal réel? parmi les siens, si l'on ose dire; l'idéal vraiment existant jadis, celui dont tout le monde en général et chacun en particulier se rapprochait par quelque c?té. Sans y prétendre, il rassembla en faisceaux lumineux, des sentiments confusément ressentis par tous dans sa patr

mense développement que cet art semble destiné à prendre dans notre siècle, (renouvelant peut-être pour nous l'ère glorieuse des peintres au cinquecento), il appara?tra des artistes dont l'individualité fera na?tre des distinctions plus fines, plus nuancées, plus ramifiées; dont les ?uvres porteront l'empreinte d'une originalité puisée dans les différences d'organisations que la différence de races, de climats et de m?urs, produit dans chaque pays. Il viendra un temps où un pianiste américain ne ressemblera pas à un pianiste allemand, où

e forme, devenue promptement plus ou moins monotone. Son nom restera comme celui d'un poète essentiellement polonais, parce qu'il employa toutes les formes dont il s'est servi à exprimer une manière de sentir propre à son pays, presque inconnue ailleurs; parce que l'expression des mêmes sentiments se retrouve sous toutes les formes et tous les titres qu'il donna à ses ouvrages. Ses Préludes, ses études, ses Nocturnes, surtout, ses Scherzos, même ses Sonates et ses Concertos,-ses compositions les plus courtes, aussi bien que les plus considéra

les poèmes de Mickiewicz, les poésies de Slowacki, les pages de Krasinski? Hélas! L'art porte en lui un charme si énigmatique, son action sur les c?urs est enveloppée d'un si doux mystère, que ceux-mêmes qui en sont le plus subjugués ne sauraient aussit?t, ni traduire en paroles

lle dilatait leurs ames; mais savaient-ils toujours au juste pourquoi? Il est permis à qui les a fréquentés avec une grande sympathie, à qui les a aimés d'une grande affection, à qui les a admirés d'un grand enthousiasme, de penser qu'ils n'étaient point assez artistes, assez musiciens, assez habitués à distinguer avec perspicacité ce que l'art ve

n magnifique saule pleureur vint ombrager de si illustres manes! La Pologne de Chopin était encore cette Pologne enivrée de gloire et de plaisirs, de danses et d'amours, qui avait héro?quement espéré au congrès de Vienne et continuait follement d'espérer sous Alexandre I.-Depuis, l'empereur Nicolas avait régné!-Les émotions élégantes et diaprées d'alors, épouvantées dès l'abord par les gibets, ne survivaient plus que la mort dans l'ame. Bient?t elles furent submergées sous un océan de larmes; elles périrent étouffées dans les cercuei

lamme éthérée et odorante, dans les étroits foyers de la parole. Cette tache serait-elle possible d'ailleurs? Les mots ne para?tront-ils pas toujours fades, mesquins, froids et arides, après les puissantes ou suaves commotions que d'autres arts font éprouver? N'est-ce point avec raison qu'une femme dont la plume a beaucoup dit, be

en a modifié le jet. Toutes, elles réclament de la pénétration pour être saisies, de la délicatesse pour être décrites. C'est en les saisissant avec un choix singulièrement fin, en les décrivant avec un art infini, que Chopin est devenu un artiste de premier ordre. Aussi, n'est-ce q

dans sa bien-aimée patrie. Sans Chopin, ce musicien n'e?t peut-être pas deviné, même en les voyant, la Pologne et les Polonaises; ce que la Pologne fut, ce que les Polonaises sont, leur idéal! Par contre, peut-être n'e?t-il pas pénétré si bien l'idéal de Chopin, la Pologne e

t cela s'était fait, un jour vint où il y alla moins. Or, l'idéal polonais, encore moins celui d'un patriciat quelconque, n'avait jamais lui dans le cercle où il était entré. Il y trouva, il est vrai, la royauté du génie qui l'avait attiré; mais cette royauté n'avait auprès d'elle aucune noblesse,

cières qui avaient passé et repassé devant ses jeunes ans, ingénuement attendris? Parmi les siens, qui donc alors eut osé s'amuser à une fête? Parmi ceux qui ne connaissaient pas les siens, ses commensaux inattendus, qui donc savait quelque chose et pressentait quoique ce soit de ce monde où passaient et repassaient de pures sylphides, des péris sans reproches; où régnaient les pudiques enchanteresses et les pieuses ensorcelleuses de la Pologne? Qui donc parmi ces chevelures incultes, ces barbes vierges

oyait que fascination ineffable, passion du même coup sans limites et sans voix, grace à la fois hautaine et prodigue, donnant toujours ce qui nourrit l'ame, ce qui trempe la volonté; ne souffrant jamais ce qui amollit la volonté et énerve l'ame. Retenue plus éloquente que toutes les humaines paroles, en cet air où l'on respire du feu, mais un feu qui anime et purifie sous les moites infiltrations de la vertu, de l'honneur, du bon go?t, de l'élégance des êtres et des choses! Comme Van Dyck, Chopin ne

é apparente. Le malheur voulut qu'il fut un jour arrêté par le charme engourdissant d'un regard, qui le voyant voler si haut, si haut, le fixa... et le fit tomber dans ses rets! On les croyait alors de l'or le plus fin, semés des perles les plus fines! Mais ch

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