Oeuvres Completes De Alfred De Musset (Tome Sixieme)
evenir enfant après ses noces; il semblait que la vie d'Emmeline e?t été suspendue par son
ne femme, qui riait de tout sans songer à rien. On s'étonna d'abord, on murmura ensuite, enfin on s'y fit, comme à toute chose. La réputation de M. de Marsan n'était pas celle d'un homme à marier, mais était très bonne pour un mari; d'ailleurs, e?t-on voulu être plus sévère, il n'était personne que n'e?t désarmé la bienveillante
ue l'argent, surtout lorsqu'elle est née avec, et qu'elle n'a pas vu son père le gagner. C'était précisément l'histoire d'Emmeline; elle avait épousé M. de Marsan uniquement parce qu'il lui avait plu et qu'elle n'avait ni père ni mère pour la contrarier; mais, quant à la différence de fortune, elle n'y avait seulement pas pensé. M. de Marsan l'avait séduite par les qualités extérieures qui annoncent l'homme, la bea
se. Une grande terrasse, plantée de tilleuls, domine la rive gauche du fleuve, et on descend du parc au bord de l'eau par une colline de verdure. Derrière la maison est une basse-cour d'une propreté et d'une élégance singulières, qui forme à elle seule un grand batiment au milieu duquel est une faisanderie; un parc immense entoure la maison, et va rejoindre le bois de la Rochette. Vous connaissez ce
ur avec les enfants du fermier. J'ai peur que mon héro?ne ne vous semble niaise si je vous dis que, lorsqu'on venait la voir, on la trouvait quelquefois sur une meule, remuant une énorme fourche et les cheveux entremêlés d
ue rosse de la ferme à sauter les fossés et les échaliers, et se divertissant toute seule aux dépens de la pauvre bête avec un imperturbable sang-froid. Si vous ne la voyiez ni à la vigne, ni au désert, ni à la basse-cour, elle était probablement devant son piano, déchiffrant une partition nouvelle, la tête en avant, les yeux animés et les mains tremblantes; la lecture de la musique l'occupait tout entière, et elle palpitait d'espérance en pensant qu'elle al
e; ce n'est pas un roman que je fais,
e; elle avait été belle aux beaux jours de l'empire, et elle marchait avec une dignité folatre, comme si elle e?t tra?né une robe à queue. Un vieil éventail à paillettes, qui ne la quittait pas, lui servait à se cacher à demi lorsqu'elle se permettait un propos grivois, qui lui échappait volontiers; mais la décence restait toujours à portée de sa main, et, dès que l'éventail se baissait, les paupières de la dame en faisaient autant. Sa f
nièce y vint par complaisance. Ce fut là qu'à travers un déluge de sornettes Emmeline entre
contrat, enfin comment la passion était venue. Emmeline, sur ce sujet, a été muette toute sa vie; je me trompe peut-être, mais je crois que la raison de ce silence, c'est qu'elle ne peut parler de rien sans en plaisanter, et qu'elle ne veut pas plaisanter là-dessus. Bref, la douairière, voyant sa peine perdue, changea de thèse, et demanda si, après quatre ans de mariage, cet amour étrange vivait encore.-Comme il vivait au premier j
quand il la rencontre? Emmeline ne s'était jamais guère occupée de lui, sinon pour veiller à ce qu'il ne manquat de rien chez elle. Il lui était indifférent, mais l'observation de sa tante le lui fit secrètement ha?r malgré elle. Le hasard voulut qu'en rentrant du bois elle vit précisément dans la cour une voiture
es fortunes, et obligé d'en soutenir le r?le. En allant d?ner, il voulut savoir jusqu'à quel point il avait ébloui, et serra la main de madame
t supposer l'effet que produisaient sur Emmeline de pareilles idées, accompagnées, bien entendu, d'exemples tirés de l'histoire moderne, et de tous les principes des gens bien élevés qui font l'amour comme des ma?tres de danse. Je crois que c'est dans un livre aussi dangereux que les liaisons dont parle son titre, que se trouve une remarque dont on ne conna?t pas assez la profondeur: ?Rien ne corrompt plus vite une jeune femme, y est-il dit, que de croire corrompus ceux qu'el
au feu en riant.-Je suis bien sotte de m'inquiéter, se dit-elle avec sa gaieté habituelle; ne voilà-t-il pas un beau monsieur pour me faire peur avec ses yeux doux! M. de Sorgues entrait au moment mê
es, en sa qualité d'homme à bonnes fortunes, comprit aussit?t et se sauva. Il écrivit