Un Pélerin d'Angkor
23 novem
nte-cinq an
opium. Des Annamites, des Chinois demi-nus circulent empressés, à c?té de soldats de chez nous qui ont la figure palie sous le casque de liège. U
jadis me paraissait lugubre, parce que mon frère (mon a?né de quinze ans) étai
hostile! Mais je me suis fait à son ciel plombé, à l'exubérance de ses malsaines verdures, à la bizarrerie chinoise de ses fleurs, à son isolement au milieu de plaines d'herbages semées de tombeaux, aux petits yeux de chat de ses femmes jaunes, à tout ce qui
rieur du pays, vers ces ruines d'Angkor. Mais enfin, pour une fois, à Sa?gon me voilà au calme; notre action maritime étant terminée dans le golfe de Pékin, le lourd cuirassé que j'habite est certai
de; tout ruisselle d'eau chaude. Une voiture m'emmène au chemin de fer (il commence banalement, mon voyage) et fait jaillir à flots une boue rougeatre, sur les torse
ncoliques étendues d'herbe, que jalonnent tant de vieux mausolées chinois couleur de rouille; toute la Plaine des Tombeaux, où déjà l'on y voit gris; n'était cette chale
tres, et les lucioles y font danser partout leurs feux légers. Paix et silence; le lieu serait adorable, sans cette lourdeur de l'air toujours, et ces senteurs alanguissantes. Quelques lumières, en ligne parmi la verdure, indiquent les rues, les allées plut?t, de l'humble ville provinciale qui fut tracée d'un seul coup sur la plaine unie. Et comment dire la tristesse, le recueillement songeur, pendant les nuits, de ces coins de France, de ces semblants de patrie égarés au milieu de la grande brousse asiatique, isolés de tout, même de la mer... Par petits groupes, des soldats en vêtements de toile blanche font dans ce chemin leur monotone pr
mme un rideau intensément noir, et où les lucioles continuent leur danse d'étincelles. Avant d'atteindre la lisière des forêts du Siam, j'aura
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