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Un Pélerin d'Angkor

Chapter 8 No.8

Word Count: 6070    |    Released on: 06/12/2017

29 novem

eu tant d'humidité, tant de rosée que, malgré le toit de chaume,

es griffes au plafond de pierre, et simulant à cette heure des myriades de petits sacs en velours sombre. Me voici dans la place sans qu'elles aient bougé; je reconnais la galerie, aux sonorités de caveau, que décore à perte de vue l'interminable bas-relief des batailles; cependant, comme elle se révèle cette fois d'ensemble, fuyant en perspective toute droite,

lumière atténuée que verdissent les feuillages et les palmes. Très somptueuses fenêtres d'ailleurs: elles s'encadrent de si délicates ciselures que l'on croirait des dentelles pla

'un kilomètre, aux quatre faces du temple, s'inspire de l'une des plus

e et d'une beauté surhumaines. Deux s?urs leur avaient donné le jour, Diti et Adit

dèrent de cueillir toutes ces plantes des bois que l'on nomme des simples, de les jeter dans la mer de lait, et ensuite de

gne, une corde avec le grand serpent sacré

es célestes qui étaient d'une incomparable beauté. Elles devinrent les fe

urface de la mer, on vit se former le breuvage merveilleux qui devait triompher de la mort. Mais, pour le posséder, une

race au pieux Valmiki, saint ermite de la montagne qui a pris soin, dans la nuit d

e long. Viennent ensuite les batailles des démons et des dieux, ou celles des singes contre

poques de pèlerinage, toute la multitude se fait un devoir de le toucher. ?à et là, dans les parties qu'éclairent les belles fenêtres aux colonnes torses, on voit encore des traces de coloriage sur les vêtements ou les figures; et, parfois, aux tiares des Apsaras, un peu d'or épargné par le temps continue de briller. En m'

longueur; il faut regarder de tout près pour découvrir les jointures des pierres énormes qui ont été mises à la file sans

x amas de grès sculpté escaladant le ciel bleu. Là, j'hésite à pénétrer, intimidé peut-être, ou fatigué d'avance, par un tel enchevêtrement d'escaliers, de terrasses et d

balai? Ah! tout bonnement ramasser de la fiente de chauve-souris pour fumer quelque petit jardin monacal. Et combien de milliards d'insectes mangés en l'air représentent ces

eunes bonzes--quoiqu'ils en fassent à peine--car

ns la cour centrale. Et, ainsi, après avoir tourné longtemps autour du chaos embr

t d'escaliers, qu'enchevêtrent des verdures fougueuses, les nuages viennent d'étendre soudain une vo?te de ténèbres; une pluie diluvienne va encore se dé

s de Thèbes ou de Baalbeck. C'est déroutant de complication aussi bien que d'énormité. Des monstres gardent tous les perrons, toutes les entrées; les divines Apsaras, en groupes répétés indéfiniment, se mont

et déjetées, entre les Apsaras souriantes, les lions accroupis, les serpents sacrés étalant comme un éventail leurs sept têtes, et les verdures languides qu'aucun souffle en ce moment ne remue, monter en hate, pour avoir le temps d'arriver avant que l'ondée commence. En venant ici, ce matin, j'avais prévu que cette ascension se ferait sous le soleil et le ciel bleu, avec des souffles d'air a

e clo?tre immense et pompeusement superbe, avec cet excès de ciselures, ces portiques trop couronnés d'étranges frontons, avec ces fenêtres trop étroites dont les barreaux de grès, déjà trop massifs, se rapprochent comme pour mieux vous emprisonner. Délabrement extrême partout. A l'intérieur, décoratio

ner le vertige; les dieux sans doute veulent se faire plus inaccessibles à mesure que l'on essaie de s'en rapprocher. Vraiment on dirait que le temple grandit, s'allonge, s'étire vers le ciel obscur, et c'est un peu comme dans ces rêves fatigants où l'on s'acharne vers un but qui s'enfuit... Il doit y en avoir quatre, de ces escaliers que les Apsaras s

teins la base des grandes tours et les portes mêmes du sanctuaire, je dois être à plus de trente mètres au-dessus des plaines. Maintenant l'illusion se fait inverse: il me semblerait plut?t que c'est le temple qui vient de s'affaisser dans la forêt; à le voir d'ici, on le dirait submergé, noyé au milieu de

inement général sur les feuilles, des torrents d'eau qui s'abattent en fureur. Alors, par un portique, dont le fronton

nte, sinistre,--où je frémis presque de rencontrer, dans le demi-jour de l'averse et des fenêtres trop grillées, beaucoup de

tapissent entièrement les plafonds de pierre, ces petites pochettes en velours qui pendent accrochées par des griffes et que le moindre bruit déplierait toutes pour en faire un tourbillon d'ailes... Intérieurement les épaisses parois noiratres, dépourvues de tout dessin, disparaissent à moitié sous de fines draperies, comme des crêpes funéraires, qui sont l'?uvre d'araignées innombrables. Au dehors, on entend l'averse qui fait rage, tout est inondé, tout ru

ces torrents de pluie, cet enfermement parmi les toiles d'araignée, ni ma solitude de cette heure au milieu de tant de dieux-fant?mes. Il y a surtout un personnage là-bas, rougeatre comme un cadavre écorché, dont les pieds s'émiette

sous de moi la masse architecturale que je viens de gravir. Aux flancs des ruines, toutes les verdures fléchissent et tremblent, accablées par le tumultueux arrosage; les légions d'Apsaras, les grands serpents sacrés et les m

atin, l'horizon des forêts s'embrume tout à fait sous les rideaux plus opaques de la pluie,--donc cela durera bien une heure. Force m'est de rester à l'abri, et, dans cette persistante pén

emées de plumes de hibou. Les grosses araignées velues, qui ont

illage du temple, on a d? les renverser toutes et les tra?ner à terre. Plus tard, la piété des Siamois les a remises debout, autant que possible, mais en groupement quelconque le long des murailles, celles en grès dur ou celles en bois vermoulu qui s'émiettent au moindre contact, celles qui n'ont plus de couleur, ou celles qui ont encore des robes rouges et des visages dorés. (Et, de crainte d'en oublier une seule dans leurs

tendent là-haut, je puis m'acheminer vers le fond plus obscur de la galerie, entre les deux rangs de personnages muets. Ce fond, c'

ées l'ont patiemment drapé de mousselines noires pour éteindre ses dorures et que les chauves-souris ont eu le temps d'amonceler sur lui leur fiente en épais manteau. La peuplade des horribles petites bêtes somnolentes forme à cette heure au-dessus de son front comme un dais capitonné de peluche brune, et la pluie, qui

lus encore que dans nos plus belles journées d'été. Les Apsaras, les monstres, les bas-reliefs à demi effacés, les amas de grandes pierres défuntes, baignent à présent dans une sorte d'ironique et morne magnificence. Et les milliers de petits envahisseurs du sanctuaire, ceux qui volent, ceux qui courent ou ceux qui rampent, viennent de se remettre à butiner après s'être cachés pendant l'averse; on entend bruire partout des serpents, des lézards, chanter des tou

aux touffes blanches d'un jasmin très odorant, fleuri en bouquets. Tout cela et mille autres plantes exotiques et de longues herbes folles, tout cela, après avo

ages, ces rinceaux--comment s'expliquer cela?--ils ressemblent à ceux qui apparurent chez nous à l'époque de Fran?ois Ier et des Médicis; pour un peu l'on serait tenté de croire, s'il n'y avait impossibilité, que les arti

otus, tant?t d'énigmatiques emblèmes; toutes celles que l'on peut atteindre en passant ont été si souvent caressées, au cours des siècles, que leurs belles gorges nues luisent comme sous un vernis,--et ce sont les femmes qui, pendant les pèlerinages, les touchent passionnément pour obtenir d'elles la grace de devenir mères. Dans leurs niches brodées de ciselures, elles demeurent adorables. Quel dommage que leurs pieds les déparent, toujours énormes, comme aux bas-reliefs de l'égypte, et toujours inscrits de profil quand les jambes sont de face; mais aussi ils commandent la méditation recueillie, ces pieds si maladroits, en attestant que les belles déesses furent l'?uvre d'une humanité trè

répit d'un instant à l'ombre, dans l

En vérité, ce doublement progressif des hauteurs, d'un étage à l'autre, est une trouvaille architecturale pour agrandir le temple par une illusion à laquelle on n'échappe pas; je l'épr

oyens pareils dans des temples brahmaniques de l'Inde,--en particulier dans ceux d'Ellora, où, après une débauche de sculptures le long des galeries basses, on finit par trouver le symbole

et conduisant dans l'ombre à une porte scellée de pierres devant laquelle aussi un grand Bouddha, très doux, siège en veilleur. Mais ce n'est pas la même galeri

ches égales et viennent aboutir au Saint des Saints qui marque le centre du temple-montagne. Mais, après une telle prodigalité d'ornementation dans les clo?tres d'en bas, ces plus hautes nefs--si brodées pourtant au dehors--ne présentent, à l'intérieur, que des piliers carrés à peine dégrossis, que des murailles rudes et frustes: c'est que l'on devait y entrer seulement pour la prière, après s'être dégagé l'esprit de tous

re, la plus étonnante et la plus compliquée, surpassant toutes les autres, domine d'une hauteur d'environ soixante-dix mètres l'épais linceul vert de la forêt. D'après un lettré chinois, qui visita ce mystérieux empire à la veille de son déclin, vers

és parce que décembre commence... C'est qu'en effet, pour venir ici, j'ai marché vers le Nord pendant trois ou quatre jours: ce pays donc n'est déjà plus absolument celui de l'immuable verdure, comme était la Cochinchine d

... Leurs costumes indiquent des pèlerins de la Birmanie. Devant chaque Bouddha ils font un salut, déposent une fleur et allument une baguette d'encens. Même aux plus informes débris tombés sur les dalles, ils adressent en passant une révérence, et, chaque fois que le lambeau est encore un peu reconnaissable-

nt des révérences plus courtes; arrivés devant le grand Bouddha qui, au fond de la galerie, défend le sanctuaire muré, ils choisissent les places où la dorure de ses jambes est le plus éteinte, et, ave

e faire baisser plus vite le jour. D'ailleurs la plongée du soleil

n'est ni hindoue ni chinoise, qui ne ressemble à celle d'aucun autre pays de la terre; si les ornements des murailles, les rinceaux et les feuillages rappelaient notre Renaissance européenne, ces tours, au contraire, sont d'une étrangeté frappante: conception d'une race à part qui a jeté un vif éclat dans ce coin du monde, et puis qui a disparu sans retour. On dirait un peu des gerbes de tuyaux

pents à sept têtes, de clochetons, de balustres, effondrés aujourd'hui dans la brousse. La forêt profonde, la voilà redevenue ce qu'elle avait été depuis le commencement des ages, pendant des siècles incalculables; on n'y reconna?t plus l'?uvre de ces aventuriers hindous qui, environ trois cents ans avant notre ère, étaient venus y jeter la cognée, y déb

manquera de grandeur, et surtout manquera de durée; bient?t, lorsque ces pales conquérants auront laissé encore, dans la terre indo-chinoise, beaucoup des leurs--hélas! beaucoup de pauvres jeunes soldats irresponsables de l'absurde

se refroidissent par leur base, sans doute parce qu'elle plonge dans le temple, lequel plonge dans l'humide fouillis des ar

ré où des phosphorescences jaunes et vertes indiquent seules le c?té du couchant. Les Bouddhas autour de moi commencent à m'inquiéter; je crois

lle se tra?ne comme une onde paresseuse vers la fenêtre où j'étais; mais je devine qu'elle va emplir le temple et que je n'y échapperai pas. Du reste, il faut s'en aller, descendre, pour ne pas être surpris par l'obscurité au milieu des escaliers aux marches glissantes entravées de lianes. Et, au-dessus de ma tête, voic

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