Voyage en Orient
TIN ET
ris qu'il fallait en arriver bient?t à chanter pour nous-mêmes l'ode d'Horace: Eheu! fugaces, Posthume ... si peu de temps après l'avoir expliquée.... Ah! l'étude nous a pris nos plus beaux instants! Le gran
èra! nè
attaient la grève: ?Ce n'est pas bonjour, ce n'est pas bonsoir!? Voilà le sens que je trouvais à ces parol
t plus, le so
nos yeux l'é
ain revena
èra! nè
outait l
ermeil ressemb
plus tard, a
a! Nous arrivons bient?t à cette heure solennelle qui n'est plus le matin, qui n'est pas le
sort m'a jeté; il me semble, depuis peu de mois, que j'ai remonté le cercle d
ons-nous eu le temps d'endosser la robe virile, que déjà nous ne sommes plus des jeunes gens. La vierge des premières amours
ous reprochons aux très-jeunes filles leurs mains rouges, leurs épaules maigres, leurs gestes anguleux, leur voix criarde; mais que dira-t-on de l'éphèbe aux contours chétifs qui fait chez nous le désesp
t vêtus de longs habits se distinguent à peine de leurs mères et de leurs s?urs; mais, par cela même, l'homme n'est séduisant en réalité que quand les années lui ont donné une apparence plus male, un caractère de physionomie plus marqué. Un amoureux imberbe n'est point le fait des bel
s Levantins leur donnent justement l'aspect le plus majestueux. Avan?ons d'un lustre encore: voici des fils d'argent qui se mêlent à la barbe et qui envahissent la chevelure; cette dernière même s'éclaircit, et dès lors l'homme le plus actif, le plus fort, le plus capable encore d'émotions et de tendresse, doit renoncer chez nous à tout espoir de devenir jamais un héros de roman. En Orient, c'est le bel instant de la vie; sous le tarbou
et de persuasion que le ciel lui a départie, la femme de nos pays est socialement l'égale de l'homme, c'est plus qu'il n'en faut pour que ce dernier soit toujours à coup s?r vaincu. J'espère que tu ne m'opposeras pas le tableau du bonheur des ménages parisiens pour me détourner d'un dessein où je fonde mon a
sable, et tout au plus en a-t-il disposé la mise en scène; aussi, laissons-le faire, et tout avorte malgré les plus belles dispositions. Puisqu'il est convenu qu'il n'y a que deux sortes de déno?ments, le mariage ou la mort, visons du moins à l'un des deux ... car, jusqu'ici, mes aventures se sont presque toujours arrêtées à l'exposition: à peine ai-je pu accomplir une pauvre péripétie, en accolant à ma fortune l'aimable esclave que m'a vendue Abd-el-Kérim. Cela n'était pas bien malaisé sans doute, mais encore fallait-il en avoir l'idée et surtout en avoir l'argent. J'y ai sacrifié tout l'espoi
qui a voulu que l'étoile de la pauvre Zeynab se rencontrat avec la mienne, que je changeasse, peut-être favorablement, les conditions de sa destinée! Une imprudence! vous voilà bien avec vos préjuges d'Europe! et qui sait si, prenant la route du déser
i ai offert la liberté, elle n'en a pas voulu, et cela, par une raison assez simple, c'est qu'elle ne saurait qu'en faire; de plus, je n'y joignais pas l'assaisonnement obligé d'un si beau sacrifice, à savoir une dotation propre à placer pour toujours la personne affra
l'azur implacable du ciel n'est pas terni d'un seul nuage: on ne se plaint guère que du vent qui soulève ?à et là des colonnes de poussière; mais, sur la mer, tout remue et se balance, les navires ivres entre-croisent leurs mats et leurs ch
trariait pas moins que moi et l'arrêtait dans le projet du même voyage. La prévision d'être bient?t compagnons de route vint donner à no
ence occulte qu'ils peuvent conquérir dans les luttes des montagnards, ils ne risquent plus guère, en fait de conversion, de se rencontrer sur le même terrain. Les agents catholiques ont renoncé depuis longtemps à convertir les Druses, et ne s'attaquent guère qu'aux Grecs schismatiques, dont les idées ont plus de rapport avec les leurs. Les missionnaires anglais ont, au contraire, à leur service toutes les nuances variées des diverses sectes protestantes, et finissent par trouver
TE A L'éCOL
d'aller à la pension de madame Carlès, où j'avais placé la pauvr
ers, plantés dans des trous ronds pratiqués entre les dalles de la cour, égayaient un peu ce lieu fermé de toutes parts à la nature extérieure. Un pan de ciel bleu dentelé par les frises, que traversaient de temps à autre les colombes de la mosquée voisine, tel était le seul horizon des pauvres écolières. J'entendis dès l'entrée le bourdonnement des le?ons récitées, et, montan
place à l'autre grande, qui, par un premier mouvement naturel aux femm
ienne, car ces dernières se laissent voir s
aisir de cette gracieuse apparition. J'y pris à peine garde, au reste; il me tardait d'apprendre comment l'esclave s'était trouvée dans sa position nouvelle. Pauvre fille! elle pleurait à
ans cette maison. Elle se jeta au cou de s
ien quelques mots avec les petites, c'est tout. Si l'on veut la faire écrire ou lui apprendre à coudre, elle ne ve
se placer et à vivre par elle-même; j'étais dans la position d'un père de famille qui voit ses projets renversés par le mauvais vouloir ou la paresse de son enfant. D'un autre c?té, peut-être me
veux tu pas ap
t travailler comme une servante
qui sont libres, travaill
ien, dit l'esclave; chez nous, le mar
nte; mais je me rappelai la distinction qu'elle avait établie déjà en
dre à écrire? On te montrerait ensuite à chanter et
d'une almée, d'une baladine, et
m?urs, appuyée sur une antique tradition les rendent indestructibles chez les femmes de l'Orient. Elles consentent encore plus fa
on peuvent travailler sans manquer à leur dignité, et, alors, elle apprendra ce que nous voudrons. Elle est
s derviches entrer dans les églises, soit par curiosité, soit pour en
ivre et je trouvai en tête un portrait de Jésus-Christ, et, plus loin, un portrait de Marie. Pendant q
é! (J
la se
am! (
vre ouvert de ses lèvres; mais el
fis
pas, dans votre religion, A?ssé comme un prophète
l a été écrit: ?Tu n'a
me Carlès, que la conversi
endez, me dit
L'AR
nement le seul beau c?té de l'esclavage tel qu'il est compris en Orient. L'idée de la possession, qui attache si fort aux objets matériels et aussi aux animaux, aurait-elle sur l'esprit une influence moins noble et moins vive en se portant sur des cr
regardai avec tant d'attendrissement, que mada
u bien, ma fille, si tu veux devenir chrétienne, ton ma
ez pas si vite dans votre système de c
a dix-huit ans déjà, ce qui, pour l'Orient, est assez avancé, elle n'a plus que dix ans à être belle; après quoi, je serai, moi, jeune encore, l'époux d'une femme jaune, qui a des soleils tatoués sur le front et sur la poitrine, et dans la narine gauche la boutonnière d'un anneau
ducation lui manque, et elle n'a pas la volonté d'apprendre. Comment faire son égale d'une femme, non pas grossière ou sotte, mais certainement illettrée? Comprendra-t-elle plus tard la n
itterai cette fem
pour éviter de donner une réponse précise à madame Carlès, et nous passions de sa chambre dans la galerie, où les jeunes filles continuaient à étudier sous la s
'est mon amie)!
aquilin qui, en Asie comme chez nous, a quelque chose de royal. Un air de fierté, tempéré par la grace, répandait sur son visage quelque
as payé l'imp?t depuis 1840. Il ne voulait pas reconna?tre les pouvoirs actuels; c'est pourquoi le séquestre a été mis sur ses biens. Se voyant ainsi captif et abandonné de tous, il a fait venir sa fille, qui ne peut l'aller voir qu'une fois par jour; le reste du temps, elle demeure ici. J
est donc sa n
a race des Druses, r
e, et cela parut l'embarrasser un peu. L'esclave s'était à demi couchée à ses c?tés
. Je dis quelquefois à la v?tre: ?Si au moins tu prenais modèle sur ton amie, tu apprendrais quelque chose....? Mais elle n'est bonne q
'esclave, elle ne voyait pas que j'eusse tenu surtout, dans ce moment-là, à être informé de ce qui concernait son autre pensionnaire. Néanmoins, je n'osais marquer trop clairement ma curiosité; je sentais qu
main de l'autre jeune fille et en faisait la comparaison avec la sienne; dans sa gaieté imprévoyante, elle continuait cette pantomime en rapprochant ses tresses foncées des cheveux blonds de sa voisine, qui souriait d'un tel enfantillage. Il
mple curiosité, comment se fait-il que cette pauv
ne pouvait donc séjourner honorablement que dans une maison comme la mienne. Vous savez, du reste, que les Druses ont beau
r ma visite, et les petites filles paraissaient causer entre elles avec surprise. Il fallait rendre cet asile à sa tranquilli
ariés et lui promis de re
sur ce point pour n'en concevoir pas si légèrement de nouvelles; tu fais la part sans doute de l'entra?nement, du climat, de la poésie des lieux, du costume, de toute cette mise en scène des montagnes et de la mer, de ces gr
selon eux, agite l'imagination plus que le c?ur, et pourtant, avec de si folles amours, on aboutit au délire, à la mort, ou à des sacrifices inou
Werther, et si, dans notre siècle, il se rencontre encore de ceux-là, songe bien qu'ils n'en ont que plus de mérite pour avoir t
ndre! Ce pays qui a ranimé toutes les forces et les inspirations de ma jeunesse ne me devait pas moins sans doute; j'avais bien senti déjà qu'en mettant le pied sur cette terre maternelle, en me replong
s des maisons de campagne; plus haut, c'est le bois de pins-parasols plantés, il y a deux siècles, pour empêcher l'invasion des sables qui menacent le promontoire de Beyrouth. Les troncs rougeatres de cette plantation régulière, qui s'étend en quinconce sur un espace de plusieurs lieues, semblent les colonnes d'un temple élevé à l'universelle nature, et qui domine d'un c?té la mer, et de l'autre le désert, ces deux faces mornes d
nt lui une boule plus grosse que lui-même: c'était une sorte d'escarbot qui me rappela les scarabées égyptiens, qui portent le monde au-dessus de leur tête. Tu me connais pour superstitieux, et tu
ais allé acheter au bazar des ajustements de femme, une mandille de Brousse, quelques pics de soie ouvragée en torsades et
alla dans la galerie faire voir ces richesses à son amie. Je l'avais suivie pour la ramener, en m'excusant près de madame Carlès d'être cause de cette folie; mais tou
es marques d'affection. Peut-être aussi tout cela est-il un peu brillant pour être porté dans une école; j'aurais d? ch
es à coudre aux siennes. Ce fut aussi l'observation que fit madame Carlès, qui s'
belle robe pour des ga
re, le sidi (seigneur) irait acheter au bazar sept à huit pics
esclave e?t préféré
je les avais achetés au hasard, sans trop m'inquiéter des convenances et des possibilités. Il est clair qu'une garniture de dentelle appelle une robe de velours ou de satin; tel était à peu près l'embarras où je
eut-être aussi plus de considération pour moi dès lors, et voulut bien ne voir qu'une simple curiosité de voyageur dans les questions que je lui fis sur la jeune fi
lque utilité à ces personnes; je connais un des employés du pacha; de plus
e bien, et son père aussi sans doute. C'est ce qu'ils appellent un akkal, un homme saint, un savant;
surnom, dis-je; elle
enne, mais elle dit que sa religion, c'est la même chose; elle croit tout ce que nous croyons, et elle vient à l'église comme les autres.... Eh bien, que voulez-vous que je vous dise? ces gens-là sont de même avec l
CHEI
la jeune akkalé siti. Je trouvai mon ami l'Arménien à sa place ordinaire, dans la salle d'attente, et je
f?t grave, car aucun des cheiks druses n'a payé le miri depuis
e?d-Eschérazy d'avoir fait parmi les siens des prédications séditieuses. C'est un homme dangereux dans les temps de tro
t le même pour lequel j'ai une lettre, e
onstance, que l'Arménien me crut fou. Il é
sous la trame uniforme de la vie certaine ligne tracée sur un patron invisible, et qui indique une route à suivre sous peine de s'égarer. Aussit?t je m'imagine qu'il était écrit de tout temps que je devais me marier en S
je pus faire demander au cheik druse s'il lui convenait de me recevoir. La curiosité des Européens est tellement connue et acceptée des gens de ce pays, que cela ne fit aucune difficulté. Je m'attendais à trouver un réduit lugubre, des murailles suintantes, des c
lui appartenait. Quant à lui-même, il s'abstenait de fumer, selon l'usage des akkals. Lorsque nous e?mes pris place et que je pus le considérer avec attention, je m'étonnai de le trouver si jeune;
nt du cheik me rassura. J'étais au moment de lui dire à fond ma pensée; mais les expressions que je cherchais pour cela ne faisaient que m'avertir de la singularité de ma démarche.
ombien on avait de peine à faire donner aux Druses des détails sur leur religion, j'employais simplement la formule semi-interrogative: ?Est-il vrai que...?? et je développais toutes les assertions de Niebuhr, de Volney et de Sacy.
ques fragments d'une histoire du grand émir Fakardin, dont je lui dis que je m'occupais. Je supposais que l'amour-propre national le conduirait à rectifier les faits peu favorables à son peuple. Je ne me trompais pas. Il compri
nos bibliothèques une centaine de vos livres rel
est grand! dit
mais il n'en marqua rien extérieurement, et m'engagea vivem
ormées de sa religion d'après des fragments de livres arabes, traduits au hasard et commentés par les savants de l'Europe. Autrefois, ces choses éta
le temps. Certains écrivains y ont donc vu un monument des plus compliqués de l'extravagance humaine; d'autres ont exalté le rapport qui existe entre la religion druse et la doctrine des initiations antiques. Les Druses ont été comparés successivement aux pythagoriciens, aux esséniens, aux gnostiques, et il semble aussi que les templiers, les rose-croix et les francs-ma?ons modernes leur aient em
tence d'un dieu, même sur la terre, puisqu'il n'était pas moins que le commandeur des croyants, le calife d'égypte et de Syrie, près duquel tous les autres princes de la terre faisaient une bien pauvre figure en ce glorieux an 1000. A l'époque de sa naissance, toutes les planètes se trouvaient réunies dan
: la conscience populaire repoussait le dieu, tout en respectant le prince. L'héritier puissant des Fatimites obtint moins de pouvoir sur les ames que n'en eut à Jérusalem le fils du charpentier, et à Médine le chamelier Mahomet. L'avenir seulement lui gardait un peuple de croyants fidèles, qui, si peu nombreux qu'il soit, se regarde, ainsi qu'autrefois le peuple hébreu, comme
our le Mahdi, qui est ce même personnage apocalyptique, et qu'elle espérait accompagner dans son triomphe. On sait que ce v?u a été dé?u. Cependant le c
moderne qui ne présente des conceptions semblables. Disons plus, la croyance des Druses
manifesté au monde sous plusieurs formes différentes. Il s'est incarné dix fois en différents lieux de la terre; da
nomme au
nt l'Intelligence, l'Ame, la Parole, le Précédant et le Suivant. Trois autres ministres d'un degré inférieur s'appellent, au figuré, l'Application, l'Ouverture et le Fant?
t Schatnil à l'époque d'Adam, plus tard Pythagore, David, Schoa?b; du temps de Jésus, il était le vrai Messie et se nommait Eléazar; du temps de Mahom
t s'appellent révolutions. Chaque fois que la race humaine se fourvoie et tombe trop profondément dans l'oubli de ses dev
ssie, qui s'est dévoué pour cacher l'autre; le véritable (Hamza) se trouvait au nombre des disciples, sous le nom d'éléazar, et ne faisait que souffler sa pensée à Jésus, fils de Joseph. Quant aux évang
ncore Hamza qui, sous le nom de Salman-el-Farési, a semé cette parole nouvelle. Plus tard, la dernière incarnation de Hakem et d'Hamza est venue coordonner les do
te chronologie d'aucune divinité des idolatres, et Pythagore en est le seul personnage qui s'éloigne de la tradition mosa?que.
d'Homère. Il existe nécessairement aussi des anges de ténèbres qui remplissent un r?le tout opposé. Aussi, dans l'histoire du monde qu'écrivent les Druses, voit-on chacune d
x mêmes époques pour contrarier le règne du Seigneur. Selon quelques sectes, ce retour est soumis à un cycle millénaire que ramène l'influence de certains astres; dans ce cas, on ne compte pas l'époque de Mahomet comme grande révolution périodique; le drame mystique qui renouvelle à ch
iation ont lieu sur la terre par le retour des ames dans d'autres corps. La beauté, la richesse, la puissance sont données aux élus; les infidèles sont les esclaves, l
t échange de destinées; mais les hommes n'ont pas, comme les esprits célestes, la conscience de leurs migrations. Les fidèles peuvent cependant, en s'élevant par les neuf degrés de l'initiation, arriver peu à peu à la connaissance de toutes choses et d'eux-mêmes. C'est là le bonheur réservé aux akkals (spirituels)
es ennemis aux peines éternelles. Lorsque le Messie aura reparu, les Druses seront établis dans toutes les royautés, gouvernements et propriétés de la terre en raison de leurs mérites, et les autres peuples passeront
, que les historiens ont peint comme un fou furieux, mi-parti de Néron et d'Héliogabale. Je compr
stoire de Hakem, que je transcris telle à peu près qu'il me l'a dite. En Orient, tout devient conte. Il ne faut pas croire cependant que ceci fasse suite aux Mille et une Nuits. Les faits principaux de cette histoire sont fondé