Le pilote du Danube
r d'avoir bénéficié d'une faveur relative à cet égard!-le Sud et le Sud-Est de l'Europe méritent d'être cités au premier rang. Par leur situation géographique, ces régions sont
de ces malheureuses contrées, sans préjudice des hordes alors sauvages qui n'ont fait que les traverser, pour aller s'é
de l'antiquité et du moyen age. Ce jour venu, la Russie méridionale, la Roumanie, la Serbie, la Bulgarie, la Hongrie, la Turquie même bien étonnée de jouer un pareil r?le-si toutefois le pays qu'on
ée et les Karpathes ont fini par se tasser vaille que vaille, et la paix-oh! cette paix relative des nations dites civilisées-n'a cessé d'étendre son empire vers l'Es
commen?aient dès lors à s'amalgamer aux populations indigènes et à s'organiser en nations régulières et stables. Perpétuel recommencement de l'éternelle bataille pour la vie, ces nations naissantes défendirent avec acharne
ncapables de se maintenir dans ces limites extrêmes, et ce qu'on appell
'assimiler les peuples qu'ils soumettaient à leur pouvoir. établis par la conquête, ils sont restés des conquérants commandant en ma?tres à des esclaves
5, à l'indépendance plus ou moins complète de la Grèce, du Monténégro, de la Roumanie et de la Serbie. Qua
réaction musulmane qui triomphait alors au palais du Sultan, les chrétiens de l'Empire ottoman furent surchargés d'imp?ts, malmenés
es chefs de valeur, comme Peko-Paulowitch et Luibibratich, infligèr
de la Duga, en janvier 1876, acheva d'enflammer les courages, et la fureur populaire commen?a à gronder en Bulgarie. Comme toujours, c
u moins nombreuse, les uns par l'éloquence du verbe, d'autres par la valeur de leur intelligence ou par l'ardeur
ctement en face de la ville roumaine de Giurgievo, l'autorité fut dévolue s
les exercices du corps, Serge Ladko possédait cet ensemble de qualités physiques qui facilite le commandement. Ce qui vaut mieux, il avai
ux flots de la mer Noire, les barges et chalands qui s'en remettaient à sa connaissance parfaite du grand fleuve. Dans l'intervalle de ces navigations mi-fluviales, mi-maritimes, il consacrait ses loisirs
ait peu à peu devenue son élément. Traverser le Danube, large à Roustchouk comme un bras de me
ulaire à Roustchouk. Innombrables y étaient ses amis, parfois inconnus de lui. On pourrait même dire
Ivan Striga, comme Serge Ladko, don
t un passeport, qui se contente de désignations sommaires, e?t
yeux bleus. Mais à ces traits généraux se limitait la ressemblance. Autant le visage aux lignes nobles de l'un expr
eur; on disait qu'à son métier d'espion il ajoutait, quand l'occasion s'en présentait, celui de contrebandier, et que des marchandises de toute nature passaient souvent grace à lui de la rive roumaine à la rive bulgare, ou réciproquement, sans payer de droits à la Douane; on disait même, en hochant la tête, que tout cela était peu de chose, et que Striga tirait
edoutait le cynisme et la violence. Striga pouvait donc feindre d'ignorer l'opinion que l'on avait de lui, attribuer à l'admiration générale la sympathie que b
, ils ne connurent l'un de l'autre que ce que leur en apprenait la rumeur publique. Logiquement même, il aurait d? en être toujours ainsi. Mais le sort se rit
a maison. Quinze ans avant l'époque où commence ce récit, le père était tombé, en effet, sous les coups des Turcs, et le souvenir de ce meurtre abominable faisait encore frémir d'indignation les patriotes opprimés, mais non asservis. Sa veuve, réduite à ne compter que sur
n secours. Peu à peu, une grande intimité s'était établie entre le jeune homme et les deux femmes qui offraient l'abri de leur paisible demeure à ses désoeuvrements de gar?on. Souvent, le soir, il frappait à leur p
continua à l'orpheline. Cette protection se fit même plus vigilante encore, et, grace à lui, jamais la jeu
t conscience, l'amour s'était éveillé dans le coeur des deux
ces, il s'était présenté chez la jeune fille et, sans autre formalité, l'avait demandée en mariage. Pour la première fois de sa vie, il se heurta à une résistance invincible. Natcha, au risque de s'attirer la haine d'un homme
a détresse, elle courut faire part de ses craintes à Serge Ladko, que sa confidence enflamma d'une colère égale à celle qui venait de l'effrayer si
dont le résultat fut parfaitement clair. Une heure plus tard, Serge et Natcha, le ci
résenta à la maison Gregorevitch, l'injure et la menace à la bouche. Jeté dehors par
n pouvait supporter, et il résolut de se venger. Avec quelques aventuriers de son acabit, il attendit Ladko, un soir que celui-ci remontait la ber
un aviron qu'il manoeuvrait comme une massue, le pilote for?a ses agresseu
as sa criminelle tentative. Au début de l'année 1875, Serge Ladko épousa Natcha Gregor
ois de 1876. L'amour que Serge Ladko éprouvait pour sa femme ne pouvait, quelque profond f?t-il, lui faire oublier celui qu'il devait à son pays. Sans h
nie, et jusqu'en Russie. Serge Ladko fut de ceux-là. Le coeur déchiré de regrets, mais ferme dans l'accomplissement de son devoir, il partit
de son heureux rival pour le frapper dans ce qu'il avait de plus cher? C'était possible, en effet. Mais Serge Ladko passa outre à
ions. Si les racontars ne manquaient pas à ce sujet, ils restaient incohérents et contradictoire
du moins, chose certaine, et c
ourage. Pendant son absence, rie
es transports, en provenance de la Russie, étaient effectués par terre, à travers la Hongrie et la Roumanie, c'est-à-dire dans des contrées fort dépourvues à cette époque de lignes ferrées. Les patriotes bulgares es
amener le bateau à la rive bulgare, il traversa le fleuve, afin de gagner, le plus vite possible, à travers la Roumanie,
ée sans aucun doute, car ils l'entendirent siffler à leurs oreilles, et le pilote en douta d'autant moins que, dans le
n bonheur mille fois plus précieux. Au bruit du coup de feu, il s'était laissé tomber au fond de l'embarcation. Mais ce n'était là qu'une ruse de guerre destinée à éviter une nouvelle attaque, et la détonation n'avait pas
, Ladko s'occupa acti
la frontière russe, certains fixés incognito à Budapest et à Vienne. Plusieurs chala
adko commen?a à douter du bien-fondé de ses craintes. Par contre, il était certain que celui-ci avait été dénoncé aux autorités turques, puisque la police avait fait irruption dans sa demeure et s'était livrée à une perquisition, d'ailleurs sans résultat. Il ne devait donc pas se hater de revenir en Bulgarie, car son retour e?t été un véritable suicide. On connaissait son r?le,
souleva au mois de mai, trop prématurément au gré
l'amena à Zombor, la dernière ville hongroise, proche du Danube, qui f?t alors desservie
Déjà la Turquie concentrait des troupes nombreuses dans un vaste triangle dont Roustchouk, Widdin et Sofia formaient les sommets, et sa main de fer s'appesantissait p
ait surveillée plus que jamais, à ce point que Natcha devait se considérer comme virtuellement prisonnière; plus que j
olte et la concentration des troupes turques sur les rives du fleuve. Mais cette attente, déjà pénible par elle-même, lui d
vait officiellement déclaré la guerre au Sultan, et, depuis lors, la région du Danube était sillonnée de troupes, dont le passage incessant s'accompagnait des plus terribles excès. Fall
davantage, et se résolut à tout braver pour rentre
retour n'aurait d'utilité que s'il pouvait pénétrer dans la ville de Roustchouk et y circuler librement, malgré les soup?ons dont il était l'objet. Il agirait ensu
icile problème. Il crut enfin l'avoir trouvée, et, sans se confier
la matinée du 28 juillet 1876, les plus proches voisins du pilote, dont nul ne connaissait le nom véritable, ape
s de Bulgarie, et de Roustchouk en particulier, se relient au concours de pêche de Sigmaringen, c'est ce que le lecteur apprendra