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Les Dieux ont soif

Chapter 2 No.2

Word Count: 4069    |    Released on: 04/12/2017

emina vers la place Dauphine, devenue place de T

leurs nobles toits d'ardoise contre deux ou trois misérables étages en platras, ou même rasés jusqu'à terre et remplacés sans honneur par des maisons mal blanchies à la chaux, n'offraient plus que des fa?ades irrégulières, pauvres, sales, percées de fenêtres inégales, étroites, innombrables, qu'égayaient

ssis des croisées à guillotine étaient tous soulevés et l'on voyait au-dessous les têtes échevelées des ménagères. Le greffier du tribunal révolutionnaire, sorti de la mais

largeur, où on le voyait par la porte vitrée, les jambes croisées sur son établi et la nuque au plancher, cousant un uniforme de garde national, tandis que la citoyenne Remacle, dont le fourneau n'avait pour cheminée que l'escalier, empoisonnait les locataires de la fumée de ses rago?ts et de ses fritures, et que, sur le seuil de la porte, la petite Joséphine, leur fille, barbouillée de mélasse et belle comme le jour, jouait avec Mouton, le chien du menuisier. La citoyenne Remacle, abondante de c?ur, de poitrine et de

garnis de carreaux qui avaient succédé aux grandes marches de pierre des premiers étages. Une échelle, appliquée au mur, conduisait à un grenier d'où descendait pour

jour à Gamelin, qui le salua fraternellement et l'aida à d

ouets de la rue de la Loi. Il y en a ici tout un peuple: ce sont mes créatures; elles ont re?u de moi un cor

, ses rentes, son h?tel, ses terres, son nom. La Révolution les lui enleva. Il gagna sa vie à peindre des portraits sous les portes cochères, à faire des crêpes et des beignets sur le quai de la Mégisserie, à composer des discours pour les représentants du peuple et à donner des le?ons de danse aux jeunes citoyennes. Présentement, dans son grenier, où l'on se coulait par une échelle et où l'on ne pouvait se tenir debout, Maurice Brotteaux, riche d'un pot de colle, d'un paquet de ficelles, d'u

oiles d'araignée... et les miennes pas davantage." Dans son atelier s'entassaient, sous une couche épaisse de poussière ou retournées contre le mur, les toiles de ses débuts, alors qu'il traitait, selon la mode, des sc

ur à l'ordre du jour, instituait pour punir les conspirateurs un tribunal impitoyable auquel elle allait donner bient?t ses membres à dévorer, et qui dans le même temps, calme, pensive, amie de la science et de la beauté, réformait le calendrier, créait des écoles spéciales, décrétait des concours de peinture et de sculpture, fondait des prix pour encourager les artistes, organisait des salons annuels, ouvrait le Muséum et, à l'exemple d'Athènes et de Rome, imprimait un caractère sublime à la célébration des fêtes et des deuils publics. Mais l'art fran?ais, autrefois si répandu en Angleterre, en Allemagne, en Russie, en Pologne, n'avait plus de débouchés à l'étranger. Les amateurs de peinture, les curieux d'art, grands seigneurs et financiers, étaient ruinés, avaient émigré ou se cachaient. Les gens que la Révolution avait enrichis, paysans acquéreurs de biens nationaux, agioteurs, fournisseurs aux armées, croupiers du Palais-Royal, n'osaient encore montrer leur opulence et, d'ailleurs, ne se souciaient point de peinture. Il fallait ou la réputation de Regnault ou l'adresse du jeune Gérard pour vendre un tableau. Greuze, Fragonard, Houin étaient réduits à l'indigen

ais il lui fallait s'épuiser sur des ouvrages de commande qu'il exécutait médiocrement, parce qu'il devait contenter le go?t du vulgaire et aussi parce qu'il ne savait point imprimer aux moindres choses le caractère du génie. Il dessinait de petites compositions allégoriques, qu

i paraissait la mieux venue représentait un volontaire coiffé du tricorne, vêtu d'un habit bleu à parements rouges, avec une culotte jaune et des guêtres noires, assis sur une caisse, les pieds sur une pile de boulets, son fusil entre les jambes. C'était le "citoyen de c?ur", rempla?ant le valet de c?ur. Depuis plus de six mois Gamelin dessinait des volontaires, et toujours avec amour. Il en avait vendu quelques-uns, aux jours d'enthousiasme. Plusieurs pendaient au mur de l'atelier. Cinq ou six, à l'aquarelle, à la gouache, aux deux crayons

te, rougeoyante, palpitante, la cocarde nationale négligemment pendue à son bonnet et prête à s'échapper.

énagère, la citoyenne Gamelin vivait retirée chez son fils le peintre. C'était l'a?né de ses deux enfants. Quant à sa fille Julie, naguère demoisel

pain est hors de prix; encore s'en faut-il bien qu'il soit de pur froment. On ne trouve au march

ng silence,

leurs petits enfants. La misère est grande pour le pauvre monde.

ne viennent pas massacrer, à Paris, les patriotes que la famine ne détruit pas assez vite! Il n'y a pas de temps à perdre: il faut taxer la farine et guillotiner quiconque spécule sur la nourriture du peuple, fomente l'insurrection ou pactise avec l'étranger. La Convention vient d'établir un tribunal extraordinaire pour juger les conspirateurs. Il est composé de patriotes; mais ses me

nt la tête, fit tomber de so

s mieux que les autres. Tu es jeune, tu as des illusions. Ce que tu dis aujourd'hu

ia Gamelin, sinc

de brosses et de crayons, la citoyenne y posa la soupière de fa?ence, deux écuel

lard. La mère ayant mis son fricot sur son pain, portait gravement sur la pointe de son couteau de

t le meilleur à son fils, qui

disait-elle, à inter

sur ses lèvres la gravit

erté des vivres. Gamelin réclama de nouvea

s e

ont tout emporté. Il n'y a plus de

mportent nos privations, nos souffrances d'un moment! La R

assées. Sa mère lui avait dit: "Habille-toi. Nous allons sur la place de Grève, dans le magasin de M. Bienassis, orfèvre, pour voir écarteler Damiens." Elles eurent grand-peine à se frayer un chemin à travers la foule des curieux. Dans le magasin de M. Bienassis la jeune fille avait trouvé Joseph Gamelin, vêtu de son bel hab

on verre et continua d

ance et que, dès l'enfance, tu cherchas à m'en récompenser selon tes moyens. Tu étais d'un naturel affectueux et doux. Ta s?ur n'avait pas mauvais c?ur; mais elle était égo?ste et violente. Tu avais plus de pitié qu'elle des malheureux. Quand les petits polissons du quartier dénichaient des nids dans les arbres, tu t'effor?ais de leur tirer des mains les oisillons pour les rendre à leur mère, et bien souvent tu n'y renon?ais que foulé aux pieds et cruellement battu. A l'age de sept ans, au lieu de te querel

et féminine, les traits d'une Minerve. Maintenant ses yeux sombres et ses joues pales exprimaient une ame triste et

pours

te dégourdir avec tes camarades. Jusque sur mon lit de mort je te rendrai ce témoignage, évariste, que tu es un bon fils. Après le décès de ton père, tu m'as prise courageusement à ta charge; bien que

che; mais elle haussa le

?tre. Je n'aimais point l'Autrichienne: elle était trop fière et faisait trop de dépenses. Quant au roi, je l'ai cru bon, et il a fallu son procès et sa condamnation pour me faire changer d'idée. Enfin je ne regrette pas l'ancien régime, bien que j'y aie passé quel

s. Il cherchait la silhouette d'un sans-culotte, en bonnet rouge et en carmag

rousse, bancale, une loupe lui cachant l'?il gauche, l'?il droit d'un bleu si pal

s'il pouvait lui faire un portrait de son fiancé,

it volontiers ce portrait a

ne douceur pressante qu

lui, objecta qu'il ne pouvai

e, elle demeurait inerte et muette et semblait accablée de chagrin. Touché et amusé de tant de simplicité, le peintre, pour distraire la malheureu

rne, qui lentement s'anima, puis brilla, et resplen

enfin; c'est Ferrand (Jules) au natur

oigts rouges et en fit un tout petit carré qu'elle coula sur son c?ur, entre le busc et la chemise, remit

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