Therese Raquin
evue, ils se tutoyèrent, ils s'embrassèrent sans embarras, sans rougeur, comme si leur intimité e?t daté de plusi
n qu'elle avait trouvé. Les entrevues auraient lieu dans la chambre des époux. L'amant passerait par l'allée qui donnait sur le passage et Thérèse lui ouvrirait
ros poings. L'air grave et calme de sa ma?tresse l'engagea à venir go?ter d'une passion si hardiment offerte.
rapidement, il entra dans l'allée; il monta l'escalier étroit et obscur, en s'appuyant aux murs gras d'humidité. Ses pieds heurtaient les marches de pierre; au bruit de chaque heurt, il sentait une br?lure qui lui traversait la poitrine. Une porte s'ouvrit. Sur le seuil,
e face d'amante s'était comme transfigurée, elle avait un air fou et caressant; les lèvres humides, les yeux luisants, elle rayonnait. La jeune femme, tendue et ondoyante, était belle, d'une beauté étrange, toute d'emportement. O
eux de Laurent, et cette approche d'un homme puissant lui donnait une brusque secousse qui la tirait du sommeil de la chair. Tous ses instincts de femme nerveuse éclatèrent dans une violence inou?e; le sang de sa mère, ce sang
rent presque, tout en irritant ses curiosités voluptueuses. Quand il quitta la femme, il chancelait comme un homme ivre. Le lendemain, lorsque son calme sournois et prudent fut revenu, il se demanda s'il retournerait auprès de cette amante dont les baisers lui donnaient la fièvre. Il décida
ouveau rendez-vous, i
t-N
it des heures d'effroi, des moments de prudence, et, en somme, cette liaison le secouait désagréablement;
oit où la poussait sa passion. Cette femme, que les circonstances avaient pli
e Laurent, elle se tra?nait sur sa poi
par l'odeur fade qui sortait de son corps. Il était méchant et entêté; il ne voulait pas prendre les médicaments que je refusais de partager avec lui; pour plaire à ma tante, je devais
sait Laurent, elle continu
, en Afrique; j'ai souvent songé à elle, j'ai compris que je lui appartenais par le sang et les instincts, j'aurais voulu ne la quitter jamais et traverser les sables, pendue à son dos.... Ah! quelle jeunesse! J'ai encore des dégo?ts et des révoltes, lorsque je me rappelle les longues journées que j'ai passées dans la chambre où ralait Camille. J'étais accroupie devant le
à pleins bras, elle se vengeait, et ses narines mi
m'as vue, n'est-ce pas? j'avais l'air d'une bête, j'étais grave, écrasée, abrutie. Je n'espérais plus en rien, je songeais à me jeter un jour dans la Seine... Mais, avant cet affaissement, que de nuits de colère! Là-bas, à Vernon, dans ma chambre froide, je mordais mon oreiller pour étouffer mes cris, je me battais, je me traitais de lache. Mon sang
ait, essuyant ses lèvr
ajoutait, ap
is parce que ma tante me l'offrait et que je comptais ne jamais me gêner pour lui... Et j'ai retrouvé dans mon mari le petit gar?on souffrant avec lequel j'avais déjà couché à six ans. Il était aussi frêle, aussi plaintif, et il avait toujours cette odeur fade d
es doigts pris dans les mains épaisses de Laurent
frir; lorsque tu étais là, mes nerfs se tendaient à se rompre, ma tête se vidait, je voyais rouge. Oh! que j'ai souffert! Et je cherchais cette souffrance, j'attendais ta venue, je tournais autour de ta chaise, pour marcher dans ton haleine, pour tra?ner mes vêtements le long des tiens. Il me semblait que ton sang me jetait des bouffées de chaleur au passage, et c'était cette sorte de nuée ardente, dans laquelle tu t'enveloppais, qui m'atti
sur sa poitrine, et, dans la chambre nue et glaciale, se passaient des scènes de passion ard
e énergique, bravant le péril, mettant une sorte de vanité à le braver. Quand son amant devait venir, pour toute précaution, elle prévenait sa tante qu'elle montait se
Thérèse, ne fais donc pas tant
oir; que veux-tu qu'elle vienne faire ici? elle aurait trop peur qu'on ne la volat... Pui
sses de ces rendez-vous donnés en plein jour, dans la chambre de Camille, à deux pas de la vieille mercière. Sa ma?tresse lui répétait que le danger épargne ceux qui l'affrontent en face, et ell
t près de trois heures que la jeune femme était en haut. Elle poussait l'audace jusq
chercha fiévreusement son gilet, son chapeau. Thérèse se mit à rire de la singulière mine qu'il faisait. El
là... ne
c qu'elle avait retiré. Elle fit ces choses avec des gestes lestes et précis, sans rien perd
lit en étouffant le bruit de ses pas. La jeune femme
rcière avec sollicitude
qu'elle avait une migraine atroce. Elle supplia sa tante de la laisser dor
silence, s'embrassèrent av
ue nous ne craignons rien ici.... Tous ce
une idée bizarre. Parfois, elle
Grave, immobile, il regardait de ses yeux ronds les deux amants. Il semblait les exam
a ce soir tout conter à Camille.... Dis, ce serait dr?le, s'il se mettait à parler
rement la jeune femme. Laurent regarda les grands yeux v
écrierait: ?Monsieur et madame s'embrassent très fort dans la chambre, ils ne se sont pas méfiés de moi, mais comme leurs a
les des ondulations félines. Fran?ois, gardant une immobilité de pierre, la contemplait toujours; ses yeux seuls paraissaient vi
at à la porte. En réalité, il avait peur. Sa ma?tresse ne le possédait pas encore entièrement; il resta