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Les femmes d'artistes

Chapter 5 UN MALENTENDU

Word Count: 2618    |    Released on: 30/11/2017

*

N DE L

til tout de même, bien élevé; puis il avait quelque fortune, et je pensais qu'une fois marié, sa poésie ne l'empêcherait pas de chercher une bonne place, ce qui nous mettrait tout à fait à l'aise. Lui aussi dans ce temps-là me trouvait à son idée. Quand il venait me voir chez ma tante, à la campagne, il n'avait pas assez de paroles pour admirer l'ordre et l'ar

des tableaux magnifiquement encadrés, donnés par des amies de pension. Il trouvait tout cela hideux. J'en suis encore à me demander pourquoi. Car enfin son cabinet de travail était un ramassis de vieilles toiles enfumées, de statuettes que j'avais honte de regarder, d'antiquailles ébréchées, bonnes à rien, des chandeliers pleins de vert-de-gris, des vases où f

politesse. Pas même une carte, un bonbon au jour de l'an. Rien… Quelques-uns de ces messieurs étaient mariés et nous amenaient leurs femmes. Il fallait voir le genre de ces personnes-là! A tous les jours des toilettes superbes, comme je n'en porterai jamais, Dieu merci! Et si mal arrangées, sans ordre ni méthode. Des cheveux bouffants, des jupes tra?nantes, puis des talents qu'elles montraient effrontément. Il y en avait qui chantaient comme des actrices, jouaient du piano comme des

ginal par lui-même, sans qu'on v?nt encore l'exciter! En ai-je supporté des caprices, des lubies! Tout à coup, le matin, il arrivait dans ma chambre: ?Vite, ton chapeau… Nous allons à la campagne.? Il fallait tout laisser là, la couture, le ménage, prendre des voitures, des chemins de fer, dépenser un argent! Et moi qui ne songeais qu'à économiser. Car enfin, ce n'est pas avec quinze mille francs de rente qu'on est riche à Paris et qu'on f

la même chose. Pourtant j'étais pleine d'attentions. Je lui disais: ?Lis-moi un peu ce que tu fais.? Il me récitait des vers, des tirades. Je n'y comprenais rien, mais j'avais l'air de m'y intéresser, et par-ci par-là je faisais au hasard une petite remarque qui du reste avait le don de l'agacer toujours. En un an, en travaillant jour et nuit, il n'a pu faire de toutes ses rimes qu'un seul livre qui ne s'est pa

a nomination, une belle enveloppe à cinq cachets, je suis allée la porter sur sa table, folle de joie. C'était l'avenir assuré, l'aisance, le calme du travail, le contentement de soi… Savez-vous ce qu'il m'a dit? Il m'a dit ?qu'il ne me pardonnerait jamais.? Après quoi il a déchiré la lettre du ministre en mille morceaux, et il s'est sauvé en battant les portes. Oh! ces artistes, ces pauvres têtes détraquées qui prennent

ON DU

un train d'exigences. Je craignais aussi la famille, ce terrible enlacement d'affections bourgeoises, accapareuses, qui vous emprisonnent, vous rapetissent, vous étouffent. Ma femme était bien ce que

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ue j'écoutais les yeux fermés comme un souvenir d'heureuse enfance, l'écho d'une vie tranquille dans un coin bien loin, bien ignoré! Et dire que maintenant cet accent-là m'est devenu insupportable!… Mais alors j'avais la foi. J'aimais, j'étais heureux, disposé à l'être encore plus. Plein d'ardeur au travail, j'avais, sit?t

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'un artiste!… Mais non! Elle ne comprenait pas. J'avais beau lui lire les grands po?tes, m'adresser aux plus forts, aux plus tendres, les rimes d'or des po?mes d'amour tombaient devant elle avec l'ennui et la froideur d'une averse. Une fois, je me souviens, nous lisions la Nuit d'octobre; elle m'interrompit, pour me demander quelque chose de plus sérieux. J'essa

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Savez-vous rien de plus triste que cet abandon par la jeune femme de tout ce qui plaisait dans la jeune fille? La réplique donnée, le r?le fini, l'ingénue quitte son costume. Tout cela n'était qu'en vue du mariage, une surface de petits talents, de jolis sourires et de passagère élégance. Chez elle le changement à été instantané. J'avais d'abord espéré que le go?t que je ne pouvais pas lui donner, l'intelligence de l'art, des belles choses, lui viendraient m

s, où l'idée se travestit pour mieux sourire, elle ne comprenait ni la fantaisie ni l'ironie. Tout cela ne faisait que l'irriter et la confondre. Assise dans un petit coin du salon, elle écoutait sans rien dire, se promettant bien

à l'art, ennuyeux et méprisant profondément la poésie, parce que ??a ne rapporte pas?. Exprès, on citait

ne beaucoup

femme penser avec eux. Dans ce milieu sinistre, toutes ses habitudes provinciales,

le désir du travail. Parfois elle venait près de ma table, feuilletait dédaigneusement les vers commencés. ?Que ?a!? disait-elle, en comptant les heures perdues sur ces insignifiantes petites lignes. Ah! si j'avais voulu l'écouter, ce beau nom de po?te, que j'ai mis tant d'années à me faire, tra?nerait maintena

miration pour les banalités productives, jusqu'à cette démarche qu'elle a faite

s heures, me glacer de son plus froid sourire, ma pensée lui échappe toujours, lui échappera toujours… Et nous en sommes là! Mariés, condamnés à vivre ensem

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