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Les quatre cavaliers de l'apocalypse

Chapter 6 EN RETRAITE

Word Count: 5514    |    Released on: 06/12/2017

ence d'autant plus profond que tous les autres appartements du luxueux immeuble étaient vides comme le sien. Ces appartements avaient pour locataires, s

viendront pas à Paris?, se répétait-il vingt fois par jour. Et il ajoutait mentalement: ?Au surplus, s'ils y viennent, je n'ai pas peur: je suis encore bon pour

maisons et villages incendiés. Ces récits lui remuaient le c?ur et faisaient na?tre peu à peu dans son esprit une idée na?ve, mais généreuse. Le devoir des riches, des propriétaires qui possédaient de grands biens dans les provinces menacées, n'était-il pas d'être présents sur leurs terres pour soutenir le moral des populations, pour les aider de leurs conseils et de leur argent, pour tacher de les protéger, lorsque l'ennemi ar

uiétaient sans renseigner. Néanmoins la triste vérité s'ébruitait, répandue sourdement par les alarmistes et par les espions demeurés dans Paris. On se communiqua

e rétrécissement du rayon dans lequel circulaient les trains. Des avis annon?aient qu'on ne délivrait plus de billets pour telles et telles localités du réseau, et cela signifiait que ces localités étaient tombées au pouvoir de l'ennemi. Le rapetissement du terri

lui adresser la plus extraordinaire des requêtes: il voulait aller tout de suite à son

bres. Nous nous installerons à Bordeaux, comme en 1870. Nous savons mal ce qui se passe, mais toutes les nouvelles sont mauvaises. L'armée reste solide, mais elle se retire, abandonne continuellement du terrain. Croyez-moi: ce que vous avez de mieux à faire, c'est de quitter

l voulait, c'était se rendre

onnier! objecta Lacour.

sions, et chacun devait songer à son propre sort. Le sénateur finit donc par céder au désir de Marcel et l

tions de quelque importance, toutes les voies étaient occupées par des rames de wagons. Les machines sous pression sifflaient, impatientes de partir. Les soldats hésitaient devant les différents trains, se trompaient, descenda

es, s'arrêtait devant les signaux rouges et avertissait de sa présence par de longs sifflets. Dans quelques stations, il y avait des jeunes filles vêtues de blanc, avec des cocardes et de petits drapeaux épinglés sur la poitrine. Jour et nuit elles étaient là, se rempla?ant à tour de r?le, de sorte qu'aucun tr

la position des troupes. Mais, fidèles à leur devoir, ils se portaient vers le front, avec le désir d'arriver assez t?t pour le combat décisif. Le chef de l'escorte, qui avait déjà fait plusieurs voyages, était le seul qui se rend?t bien compte de la retraite: à chaque nouveau voyage, le parcours se raccourcissait. Tout le monde était déconcerté. Pourquoi se retirait-on? Quoique l'armée e?t éprouvé des reve

. Le généralissime était le seul qui possédat le secret des opérations. Ce chef grave et tranquille finirait par tout

endit du tr

hance, m

endu sur cette petite ligne dont les employés avaient été affectés aux grandes lignes pour les transports de guerre. De cette gare à Villeblanche il y avait encore quinze kilomètres. Malgré les offres les plus généreuses, le millionnaire ne put trouver une si

ts de quelques fermes rompaient à peine la monotonie du paysage. Les champs étaient couverts des chaumes de la moisson récemment fauchée. Les meules

tion contraire à la sienne: ils fuyaient vers le sud, et, lorsqu'ils croisaient ce citadin bien chaussé, qui marchait la canne à la main et le chapeau de paille sur la tête, ils

blanc. L'aubergiste était parti à la guerre, et sa femme, malade et alitée, gémissait de souffrance. Sur le pas de la porte, une v

rre ne concerne que les soldats. Nous autres paysans, nous n

arne, Marcel aper?ut enfin les toits de Villeblanche groupés autour de l'église et, un peu à l'éca

tants se soumettraient à leurs ordres, ne tenteraient aucune résistance. On ne chatie pas des gens qui obéissent. Les maisons du village avaient été construites par leurs pères, par leurs ancêtres, et tout valait mieux que d'

nemis, soutenus par la municipalité, avaient répondu à ces menaces en laissant le bétail envahir les cultures du chateau, en tuant le gibier, en adressant au préfet et au député de la circonscription des plaintes contre le chatelain. Ses démêlés avec la commune l'avaient rapproché du curé, qui vivait en hostilité ouverte avec le maire; mais l'église ne lui avait pas été beaucoup plus profitable que l'état. Le curé, ventru et débonnaire, ne perdait aucune occasion de soutirer à Marcel de grosses aum?nes pour les pauvres; mais, le cas échéant, il avait la charitable audace de lui parler en faveur de ses

eur image double; jamais l'édifice lui-même, dans son enceinte de fossés, n'avait eu un aspect aussi seigneurial. Mais la mobilisation avait fait d'énormes vides dans les écuries, dans les étables, et presque tout le personnel manquait.

gret de voir que ces prairies manquaient d'eau, et il essaya d'ouvrir une vanne pour arroser la luzerne qui commen?ait à sécher. Puis il fit un tour dans les vignes, qui déployaient les masses de leurs pampres sur les

des commer?ants auxquels ils avaient appartenu; et, mêlés à ces véhicules industriels, il y avait aussi d'autres voitures provenant d'un service public: les grands autobus de Paris, qui portaient encore l'indication des trajets auxquels ils avaient été affectés, Madeleine-Bastille, Passy-Bourse, etc. Marcel les regarda comm

la tête ou aux jambes:-blessés aux visages pales que la barbe poussée rendait encore plus tragiques, aux yeux de fièvre qui regardaient fixement, aux bouches que semblait tenir ouvertes la plainte immobilisée de la douleur.-Des médecins et des infirmiers occupaient plusieurs voitures de ce convoi, et quelques pelotons de cavaliers l'escortaient. Les voitures n'avan?aient que très lentement, et, dans les inter

des bouteilles de vin, un major accourut et lui reprocha cette libéralité comme un crime: cela pouvait être fatal aux b

osives, les autres chargés de ballots et de caisses qui exhalaient une fade odeur de nourriture. Puis ce furent de grands troupeaux de b?ufs, qui s'arrêt

t on parlait à Paris, mais à laquelle beaucoup de gens refusaient de croire: la retraite déjà poussée si loin et q

gard fut pour la route. Il la vit encombrée d'hommes et de chevaux; mais, cette fois, les hommes a

assitude qui révélait l'immense désir de faire halte, de s'arrêter là définitivement, d'y tuer ou d'y mourir sur place. Et pourtant ces soldats marchaient, marchaient toujours. Certaines étapes avaient duré trente heures. L'ennemi suivait pas à pas, et l'ordre était de se retirer sans repos ni trêve, de se dérober par la rapidité des pieds au mouvement enveloppant que tentait l'envahisseur. Les chefs devinaient l'état d'ame de leurs hommes; ils pouvaient exiger d'eux le sacrifice de la vie; mais il était bien plus dur de leur o

semblaient implorer la compassion. Ils étaient si maigres que les arêtes de leurs os ressortaient et que leurs yeux en paraissaient plus gros. Les harnais, en se dépla?ant dans la marche, laissaient voir sur la peau des places dénudées et des plaies saignantes. Quelques animaux, à bout de forces, s'écroulaient tout à coup, morts de fatigue. Al

ins plus minutieux encore que ceux que la femme prend des objets domestiques. Mais à présent, par l'usure qui résulte d'un emploi excessif, par la dégradation que produit une inévitable néglige

le chemin et à continuer leur pérégrination dans les champs. Mais, dès qu'un intervalle se reproduisait dans le défilé des troupes, ils encombraient de nouveau la chaussée blanche et unie. Il y avait des hommes qui poussaient de petites charrettes sur lesquelles étaient entassées des montagnes de meubles; des femmes qui port

ille, les soldats emplissaient sous le jet rouge la tasse de métal décrochée de leur ceinture. Marcel contemplait avec satisfaction les effets de sa munificen

ds étaient à vif dans les brodequins. Quelques-uns s'étaient débarrassés de cette gaine torturante et marchaient pieds nus, avec leurs lourdes chaus

s de l'incompréhensible retraite, il croyait voir et entendre toujours le torrent des soldats, des canons, des équipages. Mais, par le fait, le passage des troupes avait presque cessé. De temps à autre défilaient bie

de faite de voitures et de meubles, qui obstruait la chaussée. Quelques dragons la gardaient, pied à terre et carabine au poing, surveillant le ruban blanc de la route qui montait entre deux collines couvertes d'arbres. Par instants résonnaient des coups de fusil isolés, semblables à des coups de fouet.

voir la poitrine écrasée par le poids du sac, pour délivrer un instant leurs pieds de l'étau des brodequins; et, quand ils voulaient repartir, il leur était impossible de se remettre debout: la courbature leur ankylosait tout le corps, les mettait dans un état semblable à la catalepsie. Les dragons, revolver en main, étaient obligé

cipal, réconcilié avec le chatelain, s'approcha de celui-ci afin de lui donner un avis. Le génie minait le pont de la Marne, à la sortie du village; mais on attendait, pour le faire sauter, que les

regret. Ils regardaient souvent en arrière, prêts à faire halte et à tirer. Ceux qui gardaient la barricade étaient déjà en selle. L'escadron se reforma, l

ures, r?daient et flairaient autour de lui, comme pour implorer sa protection. Un chat famélique épiait les moineaux qui recommen?aient à s'ébattre et à picorer le crottin laissé sur la route par les chevaux des dragons. Une poule sans propriétaire, qui jusqu'alors s'était tenue cachée sous u

al, si petits qu'ils avaient l'apparence de soldats de plomb échappés d'une bo?te de jouets. Avec les jumelles qu'il avait apportées dans sa poche, il vit que ces cavaliers, vêtus de gris ver

e des sombres masses de verdure qui garnissaient les bords du chemin, se joignirent aux premiers et formèrent un groupe qui se

ais, à demi dissimulée par des rideaux d'arbres, s'approchait de la barricade. C'étaient des tra?nards à l'aspect lamentable, dans une pittoresque variété d'uniformes: fantassins, zouaves, dragons sans chevaux; et, pêle-mêle avec eux, des gardes forestiers, des gendarm

bèse, à la moustache hirsute, et dont les yeux, quoique voilés par de lourdes paupières, brillaient d'un éclat homicide. Comme ces gens passaient à c?té de la barricade

emanda l'offi

ef accueillit ce renseignement; mais la troupe qu'il commandait demeur

leurs! murmura l'officier

les délivrait du supplice de la marche. Machinalement ils se postèrent aux endroits les mieux protég

nser au péril de sa propre situation, et, lorsque l'officier lui cria

le village était abandon

F

u chemin; d'autres restèrent étendus sur le dos ou sur le ventre, les bras en avant. Les chevaux sans cavalier partirent à travers champs dans une course folle, les rênes

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