Nouveaux souvenirs entomologiques - Livre II
omme est un animal raisonnable; aujourd'hui, dans de savants volumes, on nous démontre que la raison humaine n'est qu'un degré plus élevé sur une échelle dont la base d
n Newton. La noble faculté dont nous étions si fiers est un apanage zoologique. Tous en ont leur p
aissait la cime, l'homme, et l'on exhaussait la vallée, l'animal. à ce nivellement, je désirerais quelques preuves; et n'en trouvant pas dans les
al plus riche de talents? Il semble qu'en le créant, la nature s'est complu à donner la plus grande somme d'industrie à la moindre masse de matière. L'oiseau, le merveilleux architecte, peut-il comparer son travail avec l'édifice de l'Abeille, ce chef-d'?uvre de haute géométrie? L'homme lui-même trouve en lui des ému
ue se passe-t-il dans ce petit cerveau d'hyménoptère? Y a-t-il là des facultés s?urs des n?tres, y a-t-il une pensée? Quel problème, si nous pouvions le résoudre; quel chapitre de psychologie, si nous pouvions l'écrire! Mais à nos premières recherches, le
e. La raison est la faculté qui rattache l'effet à sa cause, et dirige l'acte en le conformant aux exigences de l'accidentel. Dans ces limites, l'animal est-i
r une grosse mouche. Le vent souffle, et le chasseur embarrassé dans son essor par la trop grande surface du gibier, met pied à terre pour amputer le ventre, la tête et puis les ailes; il part emportant le seul thorax, qui donne moins de prise au vent. à s'en tenir au fait brut, il y a bien là, j'en conviens, apparence
s nutritive, le thorax. Que le temps soit parfaitement calme ou que le vent souffle, dans l'abri d'un épais fourré comme en plein air, je vois l'hyménoptère procéder au triage de l'aride et du succulent: je le vois rejeter les pattes, les ailes, la tête, le ventre, et ne garder que la poitrine pour la marmelade destinée aux larves. Que signifie alors ce dépècement en faveur de la raison, lorsque
faut multiplier les observations, les contr?ler l'une par l'autre; il faut provoquer les faits, s'enquérir de ceux qui suivent, démêler leur encha?nement; alors, seulement alors, et avec beaucoup de réserve, il est permis d'émettr
ure, sous mes yeux à toute heure du jour, aussi longtemps que je le désirais. Il m'était loisible d'en suivre les actes dans tous leurs détails et de conduire à bonne fin une épreuve s
erchés; mais il n'y en a pas beaucoup de libres, les Osmies plus précoces étant déjà ma?tresses de la plupart; aussi commence bient?t la construction de nouvelles cellules, ma?onnées à la surface du gateau, qui de la sorte augmente chaque année en épaisseur. L'édifice cellulaire n'est pas bati en une seule fois: le mortier et le m
antes. Puis, nouveau changement de métier; le ma?on se fait récolteur. Un peu plus tard, le récolteur redevient ma?on; et ces alternatives se renouvellent jusqu'à ce que la cellule ait la hauteur réglementaire et possède la quantité de miel néces
d'être épaissi, consolidé par de nouvelles couches, ?uvre qui presse moins et se fera tant?t. Ce qui est pressant, para?t-il, aussit?t opéré le dép?t sacré de l'?uf, c'est de fermer la cellule et d'éviter ainsi des visites malintentionnées en l'absence de la mère. L'abeille doit avoir de graves motifs de hater ainsi la cl?ture. Qu'adviendrait-il si, la ponte faite, elle laissait le logis ouvert et s'en allait à la carrière de
ptère giboyeur paralysant sa proie pour la conserver fra?che à sa larve, et donner à celle-ci néanmoins pleine sécurité? C'est supérieurement rationnel; nous ne trouverions pas mieux; et cependant l'insecte n'agit pas ici par raison. S'il raisonnait sa chirurgie, il serait notre supérieur. Il ne vie
similaire, le travail auquel il se livrait; il reste, enfin, dans son état psychique actuel. En second lieu, l'accident a rapport à un ordre de choses qui remonte plus haut, il a trait à une ?uvre finie dont l'insecte n'a plus normalement à s'occuper. Pour parer à cet accident, l'animal aurait à remonter son courant psychique, il aurait
ues faits rentrant
pour consolider l'ouvrage. En son absence, je perce l'opercule avec une aiguille et j'y fais large brèche intéressant la moitié de l'ouv
r sans provision aucune. Je perce largement le fond de la tasse et l'insecte s'empresse de boucher le trou. Il b
t placée pour que le miel s'écoule. L'insecte, arrivant avec du mortier non destiné à pareil ouvrage, voit son pot égueulé et le remet très bien en état. Voilà une prouesse comme je n'en ai pas vu souvent d'aussi judicieuse
que le nouvel acte ne sorte pas de l'ordre de choses qui l'occupe en ce moment. Affirmerons-nous la raison? Et pourquoi! L'insecte persiste dans le mê
seconde expérience, c'est-à-dire ébauchées sous forme de godet de peu de profondeur, mais contenant déjà du miel. Je les perce au fond d'un trou par lequel les provisions suintent et se perdent. Leurs propriétaires
halicodomes ne s'occupe de la désastreuse brèche. Celui qui récoltait continue à récolter, celui qui batissait une nouvelle assise procède à l'assise suivante, comme si rien d'extraordinaire ne se passait. Enfin, si les cellules éventrées sont assez élevées et contie
on à un mal irréparable. Informons-nous avant de rien conclure.-Avec des pinces, j'enlève à une abeille sa pelote de mortier et je l'applique contre le trou d'où le miel suinte. Ma réparation obtient un plein succès, quoique je ne puisse me flatter de rivaliser d'adresse avec la ma?onne. Pour un travail fait de main d'homme, c'est très acceptable. Ma true
; pour l'empêcher de se perdre, il faut boucher le trou. Tant de logique excède peut-être sa pauvre petite cervelle. Et puis le trou ne se voit pas, il est masqué par le miel
blable réparation. Cela fait, l'insecte se met à approvisionner. Je refais le trou au même point. Par cette ouverture le pollen ruisselle et tombe à terre lorsque l'hyménoptère brosse dans la cellule son premier apport. Le dégat est
t la brèche, c'est indubitable. Il part. De son expédition actuelle rapportera-t-il du
oie l'ouverture tant?t en l'absence de l'abeille, tant?t en sa présence lorsqu'elle travaille à sa mixtion. Ce qui se passe d'insolite dans le magasin dévalisé par la base ne peut lui échapper, non plus que la brèche maintenue ouverte au fond de la cellule. Malgré tout, pendant trois heures consécutives j'assiste à cet étrange spectacle: l'hyménoptère, très actif pour son actuel travail, néglige de mettre un tampon à ce tonneau des Dana?des. Il s'obstine à vouloir remplir
suffirait. D'ailleurs, quand le godet ne contenait encore rien, n'a-t-elle pas à l'instant bouché le trou que je venais de faire? Cette réparation du début, pourquoi n'est-elle pas renouvelée? Ici se montre en pleine lumière l'impossibilité où est l'animal de remonter un peu le cours de ses actes. Lors de la première brèche, le godet était vide et l'insecte b
peut. C'est le tour du miel et non pas du mortier. Là-dessus la règle est immuable. Un moment vient, plus tard, où la récolte est suspendue et la ma?onnerie reprise. L'édifice doit s'exhausser d'un étage. Redevenue ma?onne, gachant de nouveau du ciment, l'abeille s'occupera-t-elle de la fuite du fond? P
naturelle. Quelque temps encore l'abeille apporte des provisions, puis elle pond. Par l'ample fenêtre, je vois déposer l'?uf sur la patée. L'insecte travaille ensuite à l'opercule, qu'il retouche à petits coups, avec les soins les plus minutieux, tandis que la brèche reste béante. Il bouche scrupuleusement sur le couvercle tout pore où pourrait s'engager un atome, et il laisse l
nce est confirmée par la répétition de l'épreuve, condition de toute bonne expérience; mes notes abondent en ex
poussière n'est toléré. Et pourtant, avec son récipient ouvert, la précieuse patée est exposée à des accidents. Les ouvrières des cellules d'en haut peuvent laisser tomber par mégarde un peu de mortier dans les cellules inférieures; la propriétaire elle-même, quand elle travaille à l'agrandissement du pot, court risque de laisser choir sur les provisions un granule de ciment. Un moucheron, a
es. L'abeille retire les bouts de paille un à un, jusqu'au dernier, et chaque fois va les rejeter au loin. Effort énormément disproportionné avec le déblai; je la vois s'élever par-dessus le platane voisin, à une di
de soi-même est tout; l'?uf de sa voisine n'est rien. ?a se jette à la voirie, comme une ordure. L'individu, si zélé pour sa famille, est d'une atroce indifférence pour le reste de sa race. Chacun pour soi. En second lieu, je me demande, sans pouvoir trouver encore une réponse à ma question, comment s'y prennent certains parasites pour faire profi
les bords de la cellule. L'insecte l'extrait à grands efforts en tirant de c?té; ou bien, s'aidant des ailes, il ti
domen dans la cellule; il a aux dents le mortier prêt. L'?uf déposé, il sort et se retourne pour murer la porte. Je l'éloigne un peu et j'implante à l'instant ma paille comme ci-dessus, paille qui déborde de près d'un centimètre. Que va faire l'insecte? Lui, s
x, pour le ciment nécessaire à la consolidation de l'opercule. Chaque fois, la ma?onne applique la matière avec les soins les plus minutieux sans se préoccuper de la
pas grave affaire. J'avais déjà reconnu que pour en cueillir une, il faut à mes Chalicodomes un voyage de trois à quatre minutes. Les voyages pour le pollen durent davantage, de dix à quinze minutes. Jeter là sa pelote, happer la paille avec les mandibules maintenant libres, l'enlever, récolter nouvelle provision de ciment, c'était en tout une perte de cinq minutes au plus. L'insecte en a déci
, extrémité à laquelle la mère ne peut se résoudre. Que ne dépose-t-elle alors la pelote sur la margelle de la cellule? Les mandibules libres enlèveraient la solive; l
it suivre. Les mandibules enserrent la pelote de mortier; et l'idée, le vouloir de les desserrer ne viendra pas à l'insecte tant que cette pelote n'aura pas re?u sa destination. Absurdité plus forte: la cl?ture commencée s'achève très soigneus
s environ. Un large vide est donc laissé, et l'approvisionneuse doit juger du moment où le niveau de la patée s'élève assez. Par sa complète opacité, le miel dérobe au regard son épaisseur. Une sonde m'est nécessaire quand je veux jauger le contenu du pot, et je trouve en moyenne une épaisseur de dix millimètres. L'hyménoptère n'a pas cette ressource; il a la vue qui, d'après la part
ipient à sec, tant?t lui laissant une mince couche. Je ne vois pas d'hésitation bien prononcée chez mes dévalisées, bien qu'elles me surprennent au moment où je taris le pot; d'un zèle tranquille, elles continuent leur travail. Parfois des filam
dans deux, sur un millimètre; dans les deux autres, il est déposé sur la paroi du récipient total
tte impulsion est satisfaite, n'importe le résultat accidentellement sans valeur. Aucune faculté psychique, aidée de la vie, ne l'avertit que c'est assez, que c'est trop peu. Une prédisposition instinctive est son seul guide, guide infaillible dans les conditions normales, mais dérouté en plein par les arti
ion pareille; mais elle l'a consommée dans l'obscurité d'une cellule; et d'ailleurs, étant larve, elle était aveugle. Le regard ne l'a pas instruite de la masse des vivres. Resterait la mémoire de l'estomac qui a digéré. Mais cette digestion s'est faite il y a un an, et depuis cette lointaine époque le nourrisson, devenu adulte, a changé de forme, de demeure, de manière de vivre. C'était un ver, c'est une abeille. L'insecte actuel a-t-il souvenir de ce repas de l'enfance? Pas plus que nous des gor
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