Opúsculos por Alexandre Herculano - Tomo II
non?at ce génie audacieux et bouillant, cette ame aux pensées males et énergiques, allant droit au but comme la balle à la cible. Ces pensées brisaient les obstacles, semaient la
es pour un pays où nous ne possédions que trois ou quatre lieues carrées, et qu'il fallait conquérir sur des soldats aussi fanatiques dans leurs croyances que nous l'étions dans les n?tres. Et cependant c'était le rapport barbare de la loi; c'étaient même, helas! les bavardages du journaliste qui avaient raison. En effet, faites vous l'idée la plus exagérée que vous pourrez, du courage, du dévouement, de la discipline, de l'enthousiasme de ce petit corps d'armée dont le duc de Bragance était l'ame: sans un fort ébranlement moral du pays en sa faveur, elle eut pu accomplir les plus hauts faits d'armes, qu'elle n'aurait abouti qu'à se faire tailler en pièces. Si ce n'est en Chine, il ne sera jamais possible qu'une armée de moins de huit mille hommes fasse la conquête d'un royaume défendu par quatre vingt mille. Et quels soldats, bon Dieu, étaient ceux de l'armée royaliste! Nous qui les avons vus de près, nous savons ce qu'ils valaient. Leurs chefs, leurs officiers n'égalaient point les notres; tant s'en faut; mais les soldats nous surpassaient peut-être. Cependant ils se laissèrent battre presque toujours: et ces forces, disciplinées, superbement équipées, fanatisées par les prêtres et les moines, qui payaient de leur personne, et que j'ai vus moi-même deux ou trois fois, au milieu de la fusillade, les habits retroussés, le crucifix à la main, les haranguant et leur montrant la victoire ou le ciel au about de leurs efforts; ces forces s'amincissaient, s'éparpilaient, disparaissaient pendant que les n?tres grossissaient, s'élevant à la fin de la guerre civile jusqu'à soixante mille hommes. Ce fait, qui frappait les esprits, a donné carrière à des explications de tout genre. En général, les royalistes n'y ont vu que des trahisons; les libéraux que la grandeur de leurs exploits, que leur activité et leur courage. Pour chacun des événemens partiels dont se compose l'Iliade de cette époque sanglante, on trouva des motifs, bons ou mauvais, tout juste suffisans pour satisfaire le court raisonnement des petits-esprits. C'était une brigade, un régiment, une compagnie s'ébranlant ou ne s'ébranlant pas à propos; c'était un courier arrivant ou n'arrivant pas en tems et lieu; c'était un général, un colonel, un capitaine imprudent ou peureux. Au dessus de tous ces motifs ou d'autres semblables planait la trahison des chefs: la trahison expliquait tout en dernier ressort. J'aime autant croire que le triomphe definitif des libéraux a eu des causes plus hautes et plus générales. Parmi ces causes les lois de Mousinho furent vraiment les plus éfficaces, car ces lois touchaient aux plus graves questions sociales. On abolit la d?me ecclesiastique et les droits seigneuriaux: par là la propriété rurale et les travail agricole, la petite indust
le peuple ne c
mocrates. Pour moi, le peuple est quelque chose de grave, d'intelligent, de laborieux; ce sont ceux qui possèdent et qui travaillent, depuis l'humble métayer, ou le laboureur de son propre champ, jusqu'au grand propriétaire; depuis le colporteur et le boutiquier jusqu'au marchand en gros; depuis l'homme de métier jusqu'au fabricant. C'étaient ceux-ci que les lois de Mousinho regardaient de plus près; c'était à eux qu'elles s'adressaient. Toutes les mesures du parti royaliste pour empêcher l'effet moral de ces ordonnances sur l'esprit des gens qu'elles favorisaient, étaient inutiles: les libéraux les faisaient circuler partout: on les lisaint; on les commentait; on comparait leurs résultats nécessaires avec les lourdes charges qui écrasaient les classes laborieuses, e
on aime son ame plus que son corps, et tout le monde ment ou se trompe. Peu de gens en tombant malades appellent le confesseur avant le médecin. Cette observation très simple et d'une exactitude admirable, comme presque toutes les vérités fécondes, faisait le fond de la politique de Mousinho. Voilà, ce me semble, ce que explique, non pas absolument, je le sais, mais en grande partie, ce manque d'énergie et d'ensemble, ces découragemens profonds après des excès d'enthousiasme, ces tiraillemens et ces hésitations qui travaillaient le parti royaliste, et qui l'on perdu. L'idée progressive et l'espérance d'un meilleur avenir se trouvaient face à face avec l'idée de l'immobilité dans la gêne et avec le malaise général. Il y avait à l'armée absolutiste tant d'individus qui gagnaient à être battus,
e qui arriva aux époques de 1820-3 et de 1826-8. En rasant tout, en brisant les pierres de l'édifice, en les mettant en poussière, et en jetant cette poussière au vent de Dieu, la réédification devenait impossible. La monarchie pure a vécu pendant plus de trois siècles, parce qu'elle s'harmonisait avec l'état de la société; parce qu'elle était entrée dans les moeurs. Pour renverser tout à fait cet Antée politique, il fallait bien lui oter le sol de dessous les pieds. Le despotisme appuyé sur les ba?onnettes, sur la force et sur la terreur, est possible aujourd'hui, comme il l'a été,
pied d'autel. Au temps des ap?tres on l'aurait appelé simonie; mais ces temps ne sont plus. Le ciel était devenu trop cher. Le haut clergé, les évêques et les chapitres n'y voyaient pas de mal: on leur avait fait la part du lion, et l'on avait respecté cette part, attendu que, si par leurs fonctions ils appartenaient à la vraie hiérarchie ecclésiastique, par leur position sociale ils tenaient aux nobles et aux puissans. A la fin, cependant, même de ce c?té, on trancha dans le vif. On inventa un patriarche de Lisbonne et une église patriarchale avec force principaux, monseigneurs, chanoines, etc. espèce de caricature de la cour papale, qui servait à égayer ce fameux loup-cervier appelé le roi Jean V, dont les dégats parmi les vierges du Seigneur forment à peu près l'histoire de son règne. Au fond, l'église patriarchale n'était qu'un rang de nonveaux couverts mis à la table de la d?me, couverts destinés surtout au cadets des nobles familles. En un mot, pour vous faire comprendre quelles bouchées on prenait depuis long-temps à cette table, il suffira de vous dire que d'une seule fois le roi Emmanuel attacha à l'ordre du Christ quatre-cents paroisses; c'est-à-dire qu'il mit au régime broussaisien quatre-cents pauvres curés pour engraisser quelques douzaines de commandeurs à l'égal de ces esturgeons et de ces lamproies mirifiques qu'on savourait avec délices aux banquets romains. Or Mousinho savait par coeur son catéchisme: il y avait lu parmi les commandemens de l'église; ?tu paieras la d?me et les prémices à Dieu notre seigneur?. Alors il flaira de loin ces gros abbés mitrés et crossés, ces bénéficiers mariés, ou pire, ces commandeurs des ordres militaires, braves gens, qui mangeaient, jouaient ou ronflaient sur les deux oreilles, se souciant fort peu de savoir si les i
des autres contrées de l'Europe pendant le moyen-age. Toutes ces exactions, presque innombrables dans ses variétés aux noms barbares, jetées inégalement sur le pays, frappant aveuglement sa vie économique, formaient un joli paté propre à allumer l'appétit de tous les Falstaffs, de tous les Hudibras du bon vieux temps d'allonger sournoisement le bras, et de mettre sans bruit la main sur l'appétissant paté, et de ler percer du bout de l'ongle, et de tirer à soi quelques miettes, et d'y retourner, et d'y engouffrer tous les doigts, et de tirer de nouveau à soi, et de répéter ce manêge jusqu'à ce qu'il ne restat que quelques morceaux de cro?te brulée. Ces messieurs qui faisaient ce beau travail s'appelaient nobles, s'appelaient évêques, s'appelaient abbés, s'appelaient juges, s'appelaient serviteurs du roi. Aussi le roi était-il censé distribuer tout ceci à ces braves gens: on l'écrivait du moins sur des parchemins, aux quels on apposait le sceau royal. On trouva un mot élastique, inépuisable, pour expliquer ces parchemins:-les services. Il est vrai qu'on payait des soldes aux nobles pour se battre (le peuple se battait gratis), des d?mes ou du moins des subventions aux prêtres pour dire des messes et chanter des oremus, des appointemens aux juges pour faire pendre les assassins et les voleurs (de grand-chemin), des honoraires aux serviteurs du roi pour ne rien faire; mais les services se dressaient toujours insatiables, impayables. Ils s'attachaient aux générations com
in, du lin, de l'huile, de presque tous les produits de la terre;-tant qu'on verrait lesdits agens, supputant ici combien de charretées de ma?s le laboureur devait, en vertu d'un foral d'Alphonse I, à un gros monsieur jouflu, joyeux compagnon, illustre fainéant, issu de nobles aieux, mais qui certainement n'avait pas hérité la couronne dudit Alphonse I; lá dénombrant une kirielle de redevances, aux noms hétéroclites et barbares, exigibles du hameau ou de la ferme; tant qu'on verrait encore, quand le pauvre cultivateur tombait épuisé, le cosur navré de douleur, sur les restes du fruit de son travail, venir l'exacteur fiscal lui demander, au nom du roi viva
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