Horace
et d'enthousiasme: elle est fondée sur un sentiment d'égalité qui nous fait chercher dans un ami un semblable, un homme sujet aux mêmes passions, aux
atteinte à sa délicatesse exaltée le flétrit et le dessèche. Mais le plus doux de tous les sentiments humains, celui qui s'alimente des misères et des fautes connue des grandeurs et des actes héro?ques, celui qui est de tous les ages de notre vie, qui se développe en nous avec le premie
ant passé de mode qu'on n'en trouve guère plus que d'amour. Je me bornerai donc à ce que je viens d'en indiquer peur poser ce préliminaire de mon récit: à savoir, qu'un des amis que je regrette le plus et qui a le plus mêlé ma vie à la sienne, ce n'a pas été le plus ac
iche d'environ dix mille écus, se voyait à la tête, comme on dit, de trois mille francs de rente. L'avenir, c'est-à-dire l'avancement, était hypothéqué sur son
rs de la Faculté, à cette fin de devenir en peu d'années avocat ou médecin. Je dis que personne n'en sera étonné, parce qu'il n'est guère de famille dans une position analogue qui n'ait fait ce rêve ambitieux de donner à ses fils une existence indépendante. L'indépendance, ou ce qu'il se représente par ce mot emphatique, c'est l'idéal du pauvre employé; il a souffert trop de privations
l, et tant d'autres qui avaient moins de dispositions et de courage que lui?? Madame Dumontet était un peu effrayée des sacrifices que lui proposait son mari pour lancer Horace dans la carrière; mais le moyen de se persuader qu'on n'a pas donné le jour à l'entant le plus intelligent et le plus favorisé du ciel qui ait jamais existé? Madame Dumontet était une bonne femme toute simple, élevée aux champs, pleine de sens dans la sphère d'idées que son éducation lui avait permis de parcourir. Mais, en deho
rancs, disait-il, nous pouvons vivre et élever notre fille sous nos yeux, modestement; avec le surplus de nos rentes,
appiller sur tontes choses, la possibilité d'économiser plusieurs centaines d'écus par an sur trois mille francs de rente, sans faire mourir de faim mari, enfants, servantes et chats, para?tra fabuleuse. Mais ceux qui mènent cette vie ou qui la voient de près savent bien que rien n'est plus fréquent. La femme sans talent, sans fonctions et sans fortune, n'a d'autre fa?on d'exister et d'aider l'existence des siens, qu'en exer?ant l'étrange industrie de se voler elle-même en retranchant chaque jour, à la consommation de sa famille, u
enfants ne marcheraient-ils pas de pair avec ceux du gros industriel et du noble seigne
son existence sera non-seulement possible, mais utile et féconde, il faut bien espérer que chacun consultera ses forces et se jugera, dans le calme de la liberté, avec plus de raison et de modestie qu'on ne le fait, à cette heure, dans la fièvre de l'inquiétude et dans l'agitation de la lutte. Il viendra un temps, je le crois fermement, où tous les jeunes gens ne seront pas résolus à devenir chacun le premier homme d
pour doter sa fille, consentit à les entamer pour l'entretien de son fils à Paris,
atinée de printemps. Les lilas étaient en fleur, le soleil brillait joyeusement sur le comptoir d'acajou à bronzes dorés de madame Poisson, la belle directrice du café. Nous nous trouvames, je ne sais comment, Horace et moi, sur les bords du grand bassin, bras dessus, bras dessous, causant comme de vieux amis, et ne sachant point encore le nom l'un de l'autre; car si l'échange de nos idées générales nous avait subitement rapprochés, nous n'étions pas encore sortis de cette réserve personnelle qui précisément donne une confiance mutuelle aux personnes bien élevées. Tout ce que j'appris d'Horace ce jour-là, c'est qu'il était étudiant en droit; tout ce qu'il sut de moi, c'est que j'étudiais la médecine. Il ne me fit de questions que sur la manière dont j'envisageais la science à laquelle je m'étais
on voyait qu'il ne fulminait pas ses imprécations pour la première fois. Elles lui venaient trop naturellement pour n'être pas étudiées, qu'on me pardonne ce paradoxe apparent. Si l'on ne
que les uns et les autres se trompaient, ou plut?t, qu'ils avaient raison de part et d'autre: Horace était affecté naturellement. Est-ce que vous ne connaissez pas des gens ainsi faits, qui sont venus au monde avec un caractère et des manières d'emprunt, et qui semblent jouer un r?le, tout en jouant sérieusement le drame de leur propre vie? Ce sont des gens qui se copient eux-mêmes. Esprits ardents et portés par nature à l'amour des grandes choses, que leur milieu soit prosa?que, leur élan n'en est pas moins romanesque; que leurs facultés d'exécution soient bornées, leurs conceptions n'en sont p
La barbe noire et épaisse d'Horace était taillée avec un dandysme qui sentait son quartier latin d'une lieue, et sa forte chevelure d'ébène s'épanouissait avec une profusion qu'un dandy véritable aurait eu le soin de réprimer. Mais lorsqu'il passait sa main avec impétuosité dans ce flot d'encre, jamais le désordre qu'elle y portait n'était ridicule ou nuisible à la beauté du front. Horace savait parfaitement qu'il pouvait impunément déranger dix fois par heure sa coiffure, parce que, selon l'expression qui lui échappa un jour devant moi, ses cheveux étaient admirablement bien plantés. Il était habillé avec une sorte de recherche. Il avait un tailleur sans réputation et sans notions de la vraie fashion, mais qui avait l'esprit de le comprendre et de hasarder toujours avec lui un parement plus large, une couleur de gilet plus tranchée, une coupe
ifiques, il était sans pitié pour les nez mal faits et pour les yeux vulgaires. Il avait pour les bossus une compassion douloureuse, et chaque fois qu'il m'en faisait remarquer un, j'avais la na?veté de regarder en anatomiste sa charpente dorsale, dont les vertèbres frémissaient d'un secret plaisir, quoique le visage n'exprimat qu'un sourire d'indifférence pour cet avantage frivole d'une belle conformation. Si quelqu'un s'endormait dans une attitude gênée ou disgracieuse, Horace était toujours le premier à en rire.
is qu'ils étaient nécessaires, et je rev