Leone Leoni
, je voulus voir de quel air Leoni faisait la conversation au comptoir de mon père. Il tardait à monter, et je supposais avec raison que mon père l'avait retenu pour l
recevoir. Lorsqu'il me vit entrer, il fit une exclamation de plaisir et dit à Leoni:-Tenez, tenez, monsieur le baron, je vous montrais peu de chose; voici mon plus beau diamant. La figure de Leoni trahit une émotion délicieuse; il sourit à mon père
l'éclat et la transparence. Il dit lui-même à ce sujet des choses intéressantes; et, s'adressant à moi, il me donna quelques détails minéralogiques à ma portée. Je fus confondue de l'esprit et de la grace avec lesquels il savait relever et ennoblir notre condition à nos propres yeux. Il nous parla de travaux d'orfèvrerie qu'il av
née en l'écoutant. Jamais je n'avais con?u l'idée d'un homme semblable. Ceux qu'on m'avait désignés comme les plus aimables étaient si insignifiants et si nuls auprès de celui-là, que je croyais faire un rêve. J'étais trop ignoran
e grace enchanteresse; il avait tout vu, tout retenu, tout jugé, tout compris; il savait tout; il lisait dans l'univers comme dans un livre de poche. Il jouait admirablement la tragédie et la comédie; il organisait des troupes d'amateurs; il était lui-même le chef d'orchestre, le premier sujet, le décorateur, le peintre et le machiniste. Il était à la tête de toutes les parties et de toutes les fêtes. On pouvait vraiment dire que le plaisir marchait sur ses traces, et que tout, à son approche, changeait d'aspect et prenait une face nouvelle. On l'écoutait avec enthousiasme, on lui obéissait aveuglément; on croyait en lui comme en un prophète; et s'il e?t promis de ramener le printemps au mil
fficile à conquérir. Longtemps elle résista et nous affligea de ses tristes observations.-Leoni, disait-elle, était un homme sans conduite, un joueur effréné. Il gagnait et il perdait chaque soir la fortune de vingt familles; il dévorerait la n?tre en une nuit. Mais Leoni entreprit de l'adoucir, et il y réussit en s'emparant de sa vanité, ce levier qu'il manoeuvrait si puissamment en ayant l'air de l'effleurer. Bient?t il n'y eut plus d'obstacles. Ma main lui fut promise avec une dot d'un demi-million; ma tante fit observer encore qu'il fallait avoir des renseignements plus certains sur la fortune et la condition de cet étranger. Leoni so
te. Elle s'arrêta, et me regarda d'un air égaré.-Pa
donne! Je n'ai pas de haine dans le coeur, et je n'accuse point Leoni d'être un scélérat; non, non, car je ne ve
est assez coupable: ton intention n'est
reprit
robuste, animé d'une ame immense; toutes les vertus et tous les vices, toutes les passions coupables et saintes y trouvent place en même
et d'autres femmes le croient aussi) que nul homme sur la terre n'a ressenti et exprimé l'amour comme Leoni. Supérieur aux autres hommes dans le mal et dans le bien, il parlait une autre langue, il avait d'autres regards, il avait aussi un autre coeur. J'ai entendu dire à une dame italienne qu'un bouquet
voles discours entendus dans toute ma vie. Il voyait ce progrès, il en était heureux et fier. Il voulut le hater et m'apporta des livres. Ma mère en regarda la couverture dorée, le vélin et les gravures. Elle vit à peine le titre des ouvrages qui allaient bouleverser ma tête et mon coeur. C'étaient de beaux et chastes livr