Confession de Minuit / Roman
la cité, la rue Mouffetard descend du nord au sud, à t
ard forme un récif escarpé, réfractaire, contre lequel
le on a mis le pied: elle ressemble à ces torrents dont le grondement procure l'oubli. Elle est incrustée dans la ville comm
nge. L'étranger qui, venu du centre, se fourvoie dans la rue Blainville ou place Contrescarpe est, à de cert
rissantes aux parfums puissants. Tout le monde vend, tout le monde achète. D'infimes trafiquants promènent leur fonds de commerce dans le creux de leur main:
erbes, de volailles blanches, de courges obèses. Le flot ronge ces riches
s possibles. Chaque porte abrite une marchande de friture, et l'ar?me des graisses surc
sortir de chez moi la rue Mouffetard
i. La rue Mouffetard s'apaisait: c'est
affaire. Je me laissai glisser jusqu'au lac des Gobelins, comme un voyageur en Pirogue au fil d
itaient la vie comme une danse; elles honoraient les patés de
ces conquérantes. J'escomptais la vue d'une belle marchande d'herbes cuites, une grande créature qui semble toujours alanguie par la charmante pesanteur de
comme une braise. J'avan?ais d'un pas aérien. J'étais couv
oppe qui sentait le cuir de Russie. Vingt secondes: un demi-siècle
ais, au milieu d'un troupeau de langoustes que j'avais moi-mê
mporta dans les sables, à la suite d'une caravane; mais le parfum des sa
ile! Vraiment, monsieur, comment les hommes s'arrangent-ils pour n'
que j'avais connu pendant mon séjour à la maison Mo?tier. Il achetait des tomates à
une confuse histoire où il était question de sa f
nt aux yeux. J'étais si bon, ce jour-là! Die
es élans de mon coeu
d'argent? Parce
fusion: mon ivresse annexait son désespoir. C'est peut-être monstrueux à dire, mais sa d
à quelque chose? A
s de l'aller voir. Je le quittai sur des
je ne me suis plus jamais inquiété de lui. Pourtant, ce jour-là, j'aur
possession de mon coeur. Elle le remplissait comme une tumeur; elle était presque gênante, lourde à porter. Je vous en parle
eaux; elle me fit remonter, à belle allure, la rue Monge, siphon puissant qui, vers l
ironne la Halle aux vins. Une rafra?chissante odeur de futaill
réalité je cessai d'exister dans un endroit précis jusque vers six heures. Peut-être même fus-je, pendant ce temps,
e soi-même. Si vous n'êtes pas en état de grace, n'affrontez pas le boulevard Bourdon par un après-midi d'ét
lorieusement sur la place de la Bastille, retent
é de difficiles succès. Peu après, j'abordais la rue Keller, où habite Lanoue. Je conti