Confession de Minuit / Roman
Lanoue a toujours fait partie de ma vie. Il ne fut pas de ceux avec qui, vers la douzième année, je jurai d'entretenir d'éternels liens d'amitié. Ceux-là, je ne sai
e pour lui me semble une pure, une vigilante amitié; mais c'est sans do
comme des faiblesses les penchants les plus spontanés. Et puis, Lanoue ne sait pas qu'il est mon seul ami. Je lui ai toujours laissé croire que je
u'il aimait, qu'il aime toujours. Il en a un enfant,
anoue. Je fis, en deux minutes, le plus clair de me
u bureau? Vous
épon
lus au bureau.
s je répondis d'un air enjoué, distant, distrait, de l'air, enfin
la chambre des Lanoue une manière de salon, et je rega
Sa figure exprimait un bonheur si calme qu'il ressemblait à l'absence, au vide, au néant, elle exprimait un bonheur habituel, enfin, quelque
t toutefois et grondait à chaque instant, pour un entêtement fugace du bébé, pour une goutte d
de bonheur par année. Je pensais avec une secrète passion: ?De quelle importance est cette goutte d'eau? On pourra
t tout ce qu'il faut pour être heureux et ils font figure de momies; leur contentement est empaillé. Moi, je suis un misérable, un mauvais fils, un employé congédié et je me sens, aujourd'hui, plein jusqu'aux ye
yphon. Je me mis à faire mille folies dont chac
seul, était à mon niveau, de plain-pied avec ma rage heureuse. Il poussait des cris per?
ent dire: ?C'est vrai! nous sommes heureux; alors pourquoi ne sommes-nous pas gais? Pourquoi
criais. Moi, j'éta
me dit
es d?ner
présentai pourtant des ob
tout de suite, une sueur f
je ne pourrais pas porter seul. Mais Lanoue se reprit à insister et
t tendu de mes exaltations. Heureusement, la maille
suite, ? merveille! Il passa sans hésiter d'une existence
emence de ga?té que j'avais apportée dans la maison germait maintenan
es trois boutei
the aj
'est le moment d'ouvrir la
t durer, s'adjoindre des arguments digestifs. Il est rare qu'elle les reconnaisse pour cause essentielle, mais elle cherche en eux des confirmations, des renforcements, des conclusions. Peut-être n'y a-t-il pas là de quoi être honteux. C'est bien nat
es batisses basses, des usines, des ateliers, un agrégat incohérent de maisons anguleuses. Le soleil couchant envoyait à travers ce
depuis des mois, en vue d'une grande occasion. La bo?te fut ouverte et l'oiseau app
supputais avidement le renfort que ce
moi. Je les avais tirés, hissés. Nous nous agitions sur la même marche
nos souvenirs, de longues racines qui retournaient sucer toute
revenaient pêle-mêle avec les autres et nous prêtaient à rire. Parmi les parfums des mets et des boissons, notre besoin de
ule de personnages falots, déformés par vingt ans de récits. C'étaient des souvenirs usés jusqu'à la corde. Il n'en est pas de meilleurs. Quand Lanoue paraissait vouloir omettre
jours à cette joviale exhumation. Elle s'en plaignait e
imples qui entretenaient une flamme Chale
?cheur, quand, sans la moindre raison apparente, sans la moi
s un peu moins heureux qu'à la minute précédente. Voi
er qu'il s'arrêtera. Et puis vient un moment où l'eau hésite. Alors, c'est fini! C'est fini. A compter de cette défaillance, on voit l'eau céder, on la voit se retirer, fuir honteusement. El
joie s'en allait, que j'allais
leur ascension. Je les regardais s'élever, comme un voyageu
profitables qu'aux autres; elles me parurent, à moi, grossières, déshonorantes. Les aliments perd
m'aper?us avec désespoir qu'il se complaisait à des niaiseries, à des balourdises, au
. C'était bien inutile: la solitude s'élargissait autour de moi, ténébreuse, impénétrable, mortelle. J'
à moi-même ainsi qu'à un animal que l'on saigne à blanc et qui voi
crifice fut consommé. Je fus dés
é la joie; je m'étais endetté, ruiné pour longtemps. Je commen?ai de me reprocher ma stupide joie de l'après
rien. Ils continuaient tout seul
aineux. C'était bien leur faute si j'avais perdu, dispersé, dilapidé ma fortune intérieure. Ils m'avaient aidé dans mes fo
ore et tachaient à me garder. Je me roidissais pour me dépêtre
parti de mon départ, ce qui redoubla ma rancune.
ent. Les divers épisodes de ma journée commen?aient à me remonte
ieu je me précipitai dans
e, libre d'être malheureux à mon gré. La rue m'emporta, comme un noyé au fi
our à la maison, ma fureur et la bonté de ma mère. A compter de ce point, je n'avais pas assez de violence et de froide méchanceté pour juger mon étourderie, ma
une suffocante odeur de poussière et de crottin torréfié. Chaque réverbère saisissait mon o
à les réunir en faisceau. Je fis d'inou?s efforts pour être malheureux avec précision. Cela aussi m'étai
est grêle et enfoui au plus profond de la batisse, mais p
vert de sueur, étourdi par l'haleine des
ivement, sans réveiller ma mère. L'idée de me retrouver en fa
naire, laissé, sur le buffet, une petite lampe allumée. Je la soufflai pour ne p
fondeurs du ciel parisien agonisait sur le cuivre de la petite Lampe juive qui pend dans l'angle des murailles.