Le Journal d'une Femme de Chambre
ove
le monde parle avec admiration... Ce livre s'intitule: De cinq à sept, et il fait scandale, dans le bon sens. C'est, dit l'article, une suite d'études mondaines, brillantes et cinglantes qui, sous leur légèreté, cachent une philosophie profonde... Oui, compte là-dessus!... En même temps que
débuts donnèrent les plus grandes espérances. Chacun était frappé de ses fortes qualités d'observation, de ses dons puissants de satire, de son implacable et juste ironie qui pénétrait si avant dans le ridicule humain. Un esprit averti et libre, pour qui les conventions mondaines n'étaient que mensonge et servilité, une ame généreuse et clairvoyante qui, au lieu de se cou
profonds, terribles qui recueillis par les uns, colportés par les autres, se répétaient aux quatre coins de Paris et devenaient, en quelque sorte, classiques tout de suite... On pourrait faire toute une étonnante psychologie du snobisme avec les impressions, les traits, les profils serrés, les silhouettes étrangement dessinées et vivantes que son original
engin qui vient de recevoir la secousse électrique... Il commen?a par lacher ses amis devenus encombrants ou compromettants, ne gardant que ceux qui, les uns par leur talent accepté, les autres, par leur sit
mmanchements épais et des articulations canailles, il conservait, malgré tout, l'allure massive des paysans d'Auvergne, ses compatriotes. Trop neuf dans une trop soudaine élégance où il se sentait dépaysé, il avait beau s'étudier et étudier les plus parfaits modèles du chic parisien, il ne parvenait pas à acquérir cette aisance, cette ligne souple, fine
oires et satins, j'ai toujours l'air d'un mufle
, des bijoux trop gros, des soies trop riches, des airs de reine de lavoir, des majestés d'impératrice de mardi-gras... On s'en moquait beaucoup, et parfois cr
pas de chance po
nquiers israélites, des ducs du Vénézuéla, des archiducs en état de vagabondage, et chez de très vieilles dames, folles de littérature, de proxénétisme et d'académie... Ils
oitement acceptée chez un ami sans éclat, mais qu'il tenait
e jour-là, une invitation à d?ner chez les Rothschild... C'est la première... Tu comprends que nous ne pouvons pas la refuser. Ce serai
l'achat qu'il venait de fa
... Ils nous prenaient sans doute pour des journalistes, pour d
ravail. Et il s'ingénia aussi à éteindre les flammes qui, parfois, s'allumaient en son cerveau, à étouffer définitivement dans le respect ce maudit esprit dont il s'effrayait de sentir, à de certains jours, les brusques reviviscences et qu'
quelques années, avaient fait leur maison si charmante, mais un d?ner vraiment élégant, vraiment solennel, un d?ner guindé et glacé, un d?ner select où seraient cérémonieusement priées, avec quelques correct
rigaud, ce n'est pas de d?ner en vill
réfléchi à ce projet, V
ien commencer par quelque chose. Il y en a de fort sortables et que les journaux les plus catholiques citent avec admiration
'important est d'avoir ce qu'il y a de mieux dans le divor
... L'adultère, c'est si vieux jeu... Il n'y a plus que l'ami Bourget
d répliqua sur un to
ancetés... Tu verras... tu verras que nous ne pourrons j
le aj
omme du monde, apprends d'abord à
vités qui, après de laborieuses combi
e, et son ami, l'économiste
in, divorcée, et son ami
ami, le vicomte Lahyrais, clubma
et son amie, Mme Tiercel
son jeune ami, Lucien Sartorys, beau comme une femme, souple
e obscène, et Isidore Durand de la Marne, mémorialiste g
tiste Jacq
ychologue Mauri
ur mondain P
es et, grace à d'actives ent
omtesse Fer
scènes, pour lesquelles il avait posé, avec des avantages en platre?... Et elle, ne courait-il pas de facheuses histoires sur son compte?... N'a-t-elle pas eu des aventures assez vulgaires av
s vindicatif, serait bien capable de la déshonorer dans un de ses livres, et que Kimberly viendrait à ce d?ner... Oh! du moment
s'agissait plus maintenant que de se surveiller et, comme disait Mme Charrigaud, de se comporter en véritables gens du monde... Ce d?ner, si merveilleusement préparé et combiné, si h
ons de lumière et des décorations de table, afin de ne pas être embarrassé au dernier moment. A ce propos, M. et Mme Charrigaud se querellèrent comme des portefaix, car ils n
s croiront être chez une grisette... Ah
ysme de la nervosité... Tu es bien resté le même qu'autrefois, un sale
r?ons... Au moins, de cette fa?on, nous compléterons
Ils durent en louer, et louer des chaises également, car ils n'en avaient que quinze; encore étaie
crevettes, des c?telettes de foie gras, des gibiers comme des jambons, des jambons comme des gateaux, des truffes en mou
n déguiser les choses que je mets au défi quiconque de sav
grand jo
et si lasse qu'elle avait, disait-elle, le ventre dans les talons, elle passa la dernière revue de l'h?tel, dérangea et remit sans raison des bibelots et des meubles, alla d'une pièce dans l'autre, sans savoir pourquoi et comme si elle e?t été folle. Elle t
on de la table... Je t'assure que le bleu en devient noir à la lumière. Et puis, les centaurées, après
ets!... Que t
t bien dit l'autre soir, chez les Rothschild... ?a n'est pas
Tu me fais perdre la tête, avec toutes tes obs
eur s'ob
d'accidents... sans trop d'accrocs... Je ne savais pas que d'être des gens du monde, cela f?t une chos
ame gr
ne te changera pas... Tu ne fa
comédie... Je devais d'abord présider le vestiaire et, ensuite, aider ou plut?t surveiller les quatre ma?tres d'h?tel, qua
t résolu, au dernier moment, de ne pas venir? Quelle humiliation!... Quel désastre!... Les Charrigaud faisaient des têtes consternées. Joseph Brigard les rassura. C
i cet éloge e?t le pouvoir magique d'accélérer la venue de ?cet
autre jour, chez les Rothschild, j'ai eu cette sensation qu'il fallait remonter a
yez-vous, mon cher monsieur Charrigaud, dans
s entra, imposante, majestueuse, dans une toilette noire brodée de jais et d'acier qui faisait valoir la blancheur grasse et la molle b
rer de sa présence l'humble maison de ?ces petites gens?. Charrigaud crut remarquer qu'elle examinait avec une moue discrètement, mais visiblement méprisante, l'argenterie louée, la décoration de la table, la toilette verte de Mme
tiles actualités, la conversation se généralisa, peu à peu, et, finale
, ils s'imaginaient, sans doute y rentrer en en chassant les autres. Le comique de cela était vraiment intense et savoureux. De l'univers ils firent deux grandes parts: d'un c?té, ce qui est régulier; de l'autre, ce qui ne l'est pas; ici, les gens que l'on peut recevoir; là, les gens que l'on ne peut pas recevoir... Et ces deux grandes parts devinrent bient?t des morceaux et les morceaux de menues tranches, lesquelles se subdivisèrent à l'infini. Il y avait ceux chez qui l'on peut d?ner, et aussi chez qui l'on peut aller, seulement, en soirée... Ceux chez qui l'on ne peut d?
r et tricheur... Tout est là... C'est par la stricte observance de
oses si tristes. En les écoutant, j'avai
nt, fiévreux, très pale, il surveillait le service, cherchait à surprendre, sur le visage de ses invités, des impressions favorables ou ironiques, et, machinalement, avec des mouvements de plus en plus a
certainement...
une aigrette de plumes rouges dans les cheveux, Mme Charrigaud se penchait à droite, se penchait à gauche, et
de et ridicule!... Et quelle toilette de chienlit! A cau
rigaud, sous l'immobilité
une mauvaise tenue!... Et on nous arr
anciens. C'est là où triomphait toujours le jeune Lucien Sartorys, qui en possédait d'admirables. Il
utes ces merveilles?...
airières et de sentimentales chanoinesses. On n'imagine p
Rambure
ous les vendre, que l
buste mince, il répliqua, av
nsuite, je me livre sur elles
mais comme on pardonnait tout à Sar
ton dont l'ironie s'aggravait d'une intention polissonne, un peu lou
rys s'était tu... Ce fut Maurice Fernancourt
uel c?té Sartorys
par ce succès, Mme Charrigaud, interpellant directement Sartorys
vrai?... Vou
ésistibles envies de rire. Les deux poings sur la table, les lèvres serrées, plus pale avec une sueur au front, Charrigaud roulait avec fureur des boulettes de mie de pain et des
chose unique... un d?ner rituel que le grand poète John-Giotto Farfadetti offrait à quelqu
xquis!... minauda
d, les gestes, et même l'orchidée qui fleurissait la bou
cont
r la table, quelques coupes où s'harmonisent des bonbons jaunes et des bonbons mauves, et au milieu une vasque de cristal rose, remplie de confitures canaques... et rien de plus... A tour de r?le, drapés en de lo
vant, soupira la comtess
déchirement douloureux de nos ames, ce fut lorsque Frédéric-Ossian Pinggleton chanta le poème des fian?
la comtesse Fergus... redites-no
puis... Je ne saurais que
. c'est cela.
xtraordinaires... Tout à coup, un frémissement courut autour de la table, et les fleurs elles-mêmes, et les bijoux sur les chairs, et les cristaux sur la nappe prirent des attitudes en h
nement... ce
chappaient, dans un flot de crème jaune, des cerises, pareilles à des larves rouges... Quant à
ly com
de robes de bure, également coiffés de bonnets florentins, tous les deux également neurasthéniques, car ils avaient, dans des corps différents, des ames pareilles et des esprits lilialement jumeaux. John-Giotto Farfadetti chantait en ses vers les merveil
t religieux... quelque chose de sacré pla
'on ne savait quelle eau magique et profonde... John-Giotto Farfadetti referma l'espèce d'antiphonaire sur le vélin duquel, avec un roseau de Perse, il écrivait, il burinait plut?t ses éternels poèmes; Frédéric-Ossian Pinggleton retourna contre une draperie s
rcelet dans une peti
ura Kimberly... ce n'est
cont
lent montait. Et sur une petite table, des narcisses à très longues tiges mouraient, comme des
a comtesse d'une voix si bas
ns s'arrêter, n
sourdies par la distance, les voies éperdues des sirènes, les voix haletantes des chaudières
si bien!... admir
est évocateur... applaudit la co
ur avaler une gorgée de champagne... puis, sentant
dans mon coeur?... L'atelier parut s'émouvoir de cet insolite colloque. Sur le mur mauve qui, de plus en plus, se décolorait, les algues d'or s'éployèrent, on e?t dit, se rétrécirent, s'éployèrent, se rétr
c'est v
uivre un récit qui, désormais, allait se dérouler dans l'émotion si
vie que tu demandes? interrogea le peintre... Elle est à toi... tu peux la prendre...?-?Non, ce n'est pas ta vie... c'est plus que ta vie... ta femme!?-?Botticellina!... cria le poète.?-?Oui, Botticellina... Botticellinetta... la chair de ta chair... l'ame de ton ame... le rêve de ton rêve... le sommeil magique
e, impérieusement... Car Dieu t'a élu pour être le point de suture de cette ame étron?onnée qui est Elle et qui est moi!... Sinon, Botticellina possède la perle magique qui dissipe les songes... moi, le poignard qui délivre des cha?nes corporelles... Si tu refuses, nous nous aimerons dans la mort?... Et il ajouta d'un ton profond qui résonna dans l'atelier comme une voix de l'ab?me: ?Ce serait plus beau encore, peut-être.?-?Non, s'écria le peintre, vous vivrez... Botticellina sera Tienne, comme elle fut Mienne... Je me déchirerai la chair par lambeaux, je m'arracherai le coeur de la poitrine... je briserai contre les murs mon crane... Mais mon ami sera heureux... Je puis souffrir... La souffrance est une volupté aussi!?-?Et la plus puissante, la plus amère, la plus farouche de toutes les voluptés! s'extasia John-Giotto Farfadetti... J'envie ton sort, va!... Quant à moi, je crois bien que je mourrai ou de la joie de mon amour, ou de
durant que l'émotion, autour de la table, é
confitures que préparèrent les vierges canaques, en l'honneur de fian?ailles tell
émissements... Au salon, Kimberly fut très entouré, très félicité... Tous les regards des femm
édéric-Ossian Pinggleton... s'écria fervemment Mme d
que j'ai conté, il est arrivé que Frédéric-Ossian Pinggleton ne veut plus, si ch
J'aimerais tellement
ement sarcastique, Maurice Fernancourt,
dit sim
de sexe, mon cher Ma
très bas, de fa?on à n'être entendu que du romancier p
?nant dans
ours verts et pervers, de leurs confitures magiques... Oui, oui... dire des grossièretés, se barbouiller de bonne boue bien fétide et bien noire, pendant un q
rtsman, joueur et tricheur, sentait qu'il lui poussait partout des ailes. Chacun avait besoin de recueillement, de solitude, de prolonger le rêve ou de le réaliser... En dépit des efforts de Kimberly qui allait de l'une à l'autre, demandant: ?Avez-vous
uls, Monsieur et Madame se regardèrent longtemps, fixe
sais... c'est un joli r
te... reprocha a
est bonne
ler de sales boulettes de pain, entre tes gros doigts. On ne pouvait p
s gaffes avec Sartorys... C'est moi, peut-être?... Moi aussi, sans doute qui racontes la douleur de Pinggle
e l'être!... cria Madame, a
l'argenterie et les bouteilles entamées, dans le buffet, p
xtrême... Tout d'un coup, m'ayant aper?ue dans la salle à manger où je
re bien gentille avec moi?... Veux-
Mons
, en pleine figure, dix fois,
lle dr?le d'idée!...
e... ose, je t
u milieu de nos rires,
se que tu me procures... Et puis, voir une femme qui ne soit pas une
is à celle-là,
leur élégance, leur go?t, leur esprit, leurs relations, ils oublièrent tout, et ne parlèrent plus que de
mtesse Fergus!... dit Madame, au
me!... appuy
en voilà un causeur épatant..
tout, son vice ne regarde person
n s?
te, elle
lait éplucher
s qui lui promettaient un article sur les livres de son mari, ou un mot sur ses toilettes et sur son salon... et la complaisance de Monsieur qui n'ignorait rien de ces turpitudes et laissait faire. Avec un cynisme admi
le nouveau volume de mon ancien ma?tre. M
Romance
Romance
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Werewolf
Romance
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