L'assommoir
de dur travail. Dans l
ménage, vivant à l'écar
égulier le dimanche, d
ées de douze heures che
tenir son chez elle p
son monde, matin et soi
nzaines, fumait une pip
ndre l'air. On les c
ils gagnaient à eux d
it qu'ils devaient m
rge
n, quand ils en auraient besoin. Ils désespéraient d'économiser une si grosse somme en moins de deux années, lorsqu'il leur arriva une bonne chance: un vieux monsieur de Plassans leur demanda Claude, l'a?né des petits, pour le placer là-bas au collège; une toquade généreuse d'un original, amateur de tableaux, que des bonshommes barbouillés autrefois par le mioche avaient vivement frappé. Claude leur co?tait déjà les yeux de la tête. Quand ils n'eurent plus à leur charge que le cadet, étienne, ils amassèrent les trois cent cinquante francs en sept mois et demi. Le jour où ils achetère
de l'atelier de madame Fauconnier, pour que Gervaise p?t, d'un saut, être chez elle à toutes les heures du jour. Et ils eurent enfin une trouvaille, une grande chambre, avec un cabinet et une cuisine, rue Neuve de la Goutte-d'Or, presque en face de la blanchisseuse. C'était une petite maison à un seul étage, un escalier très raide, en haut duquel il y avait seulement deux logements, l'un à droite, l'autre à gauche; le bas s
s douleurs. Ce serait toujours assez t?t; car, maintenant, avec une bouche de plus, il allait falloir donner un rude coup de collier. Et ce fut elle qui nettoya le logement, avant d'aider son mari à mettre les meubles en place. Elle eut une religion pour ces meubles, les essuyant avec des soins maternels, le coeur crevé à la vue de la moindre égratignure. Elle s'arrêtait, saisie, comme si elle se f?t tapé
des rideaux de calicot blanc; et la chambre se trouvait transformée en salle à manger, avec la table au milieu, l'armoire et la commode en face l'une de l'autre. Comme la cheminée br?lait jusqu'à quinze sous de charbon de terre par jour, ils l'avaient bouchée; un petit poêle de fonte, posé sur la plaque de marbre, les chauffait pour sept sous pendant les grands froids. Ensuite, Coupeau avait orné les murs de son mieux, en se promettant des embellissements: une haute gravure représentant un maréchal de
ayons ici? demandait Ger
ut, elle triomphait, elle criait, ravi
s, pas un liard de plu
t le ciel, occupées à leur rez-de-chaussée par des blanchisseuses, les unes près des autres, en tas; seule, une devanture de perruquier de petite ville, peinte en vert, toute pleine de flacons aux couleurs tendres, égayait ce coin d'ombre du vif éclair de ses plats de cuivre, tenus très propres. Mais la gaieté de la rue se trouvait au milieu, à l'endroit où les constructions, en devenant plus rares et plus basses, laissaient descendre l'air et le soleil. Les hangars du loueur de voitures, l'établissement voisin où l'on fabriquait de l'eau de Seltz, le lavoir, en face, élargissaient un vaste espace libre, sile
chez la sage-femme, à c?té, rue de la Charbonnière. Le feu n'était pas à la maison, bien s?r. Elle en avait sans doute pour toute la nuit. ?a n'allait pas l'empêcher en rentrant de préparer le d?ner de Coupeau; ensuite, elle verrait à se jeter un instant sur le lit, sans même se déshabiller. Dans l'escalier, elle fut prise d'une telle crise, qu'elle dut s'asseoir au beau milieu des marches; et elle serrait ses deux poings sur sa bouche, pour ne pas crier, parce qu'elle éprouvait une honte à être trouvée là par des hommes, s'il en montait. La douleur passa, elle put ouvrir sa porte, soulagée, pensant décidément s'être trompée. Elle faisait, ce soir-là, un rago?t de mouton avec des hauts de c?telettes. Tout march
. Quand il rentra, à sept heures, il la trouva couchée, bien enveloppée, très pale
olais, il n'y a pas une heure, pendant que tu criais aux petits patés!...
ble sourire; pu
t une
remettre, j'avais commandé une fille! Hein! me
l'enfant,
frimousse bien noire. ?a blanchira, n'ayez pas peur. Il faudra être sag
à mauvais qu'on f?t tant de bruit autour d'elle. Alors, le zingueur dit qu'il fallait prévenir maman Coupeau et les Lorilleux; mais il crevait de faim, il voulait d?ner auparavant. Ce fut un gros ennui pour l'accouchée de le voir se servir lui-même, courir à la cuisine chercher le rago?t, manger dans une assiette creuse, ne pas trouver le pain. Malgré la défense
s donc! cria
e se lèverait pour me couper mon pain.... Tiens-toi donc sur le dos, grosse dinde! Faut pas te démolir, autrement tu en as pou
us tard, il revint avec tout le monde, maman Coupeau, les Lorilleux, madame Lerat, qu'il avait justement rencontrée chez ces derniers. Les Lorilleux, devant la prospérité du ménage, étaient devenus très aimables, faisaient un éloge outré de Gervaise, en la
pas le bec, ?a t'est défendu. Ils resteront là, à te regarder tranquillement, san
age. Madame Lerat examinait la petite partout, la déclarait bien conformée, ajoutait même, avec intention, que ?a ferait une fameuse femme; et, comme elle lui trouvait la tête trop pointue, elle la pétrissait légèrement, malgré ses cris, afin de l'arrondir. Madame Lorilleux lui arracha le bébé en se fachant: ?a suffisait pour donner tous les vices à une créat
la cafetière. Gervaise se tournait les sangs: ce n'était pas l'occupation d'un homme, de faire du café
le assez canulante! Il faut qu'elle se cauchemarde... Nous allons boire ?a dans des
. Mais Coupeau la défendait; il allongerait les quinze francs de bon coeur; après tout, ces femmes-là passaient leur jeunesse à étudier, elles avaient raison de demander cher. Ensuite, Lorilleux se disputa avec madame Lerat; lui, prétendait que, pour avoir un gar?on, il fallait tourner la tête de son lit vers le nord; tandis qu'elle haussait les épaules, traitant ?a d'enfantillage, donnant une autre recette, qui consistait à cacher sous le matelas, sans le dire à sa femme, une poignée d'orties fra?ches, cueillies au soleil. On avait poussé la table
à eux, ils auraient fait une dr?le de figure. Coupeau ne voyait guère la nécessité de baptiser la petite; ?a ne lui donnerait pas dix mille livres de rente, bien s?r; et encore ?a risquait de l'en
nche, si vous voule
it adieu aussi au bébé. Chacun vint se pencher sur ce pauvre petit corps frissonnant, avec des risettes, des mots d
. Allons, Nana, s
it, et acheva sa pipe, en tenant dans la sienne la main de Gervaise.
eux seul. Moi, j'avais besoin d'être un peu seul, comme ?a, avec toi. La soirée m'a paru d'un long!... Cette pauvre poule! elle a eu bien du bobo! Ces crapoussins-
l aurait voulu la guérir en soufflant dessus. Et Gervaise était bien heureuse. Elle lui jurait qu'elle ne souffrait plus du tout. Elle songeait seulement à se relever le plus t?t possible, parce qu'il ne fallait pas se croiser les bras, maintenant. Mais lui
près dix heures de profond sommeil, se lamentait, disait déjà se sentir toute courbaturée de garder le lit. Elle tomberait malade, si on ne la laissait pas se lever. Le soir, quand Coupeau revint, elle lui conta ses tourments: sans doute elle avait confiance en madame Boche; seulement ?a la mettait hors d'elle de voir une étrangère s'installer dans sa chambre, ouvrir les tiroirs, toucher à ses affaires. Le lendemain, la concierge
chée six livres de sucre. Ils faisaient les choses proprement. Même le soir, au repas qui eut lieu chez les Coupeau, ils ne se présentèrent point les mains vides. Le mari arriva avec un litre de vin cacheté sous chaque bras, tandis que la femme tenait un large flan acheté chez un patiss
e fils, les Goujet, comme on les appelait. Jusque-là, on s'était salué dans l'escalier et dans la rue, rien de plus; les voisins semblaient un peu ours. Puis, la mère lui ayant monté un sea
is s'était étranglé dans sa prison, avec son mouchoir. La veuve et l'enfant, venus à Paris après leur malheur, sentaient toujours ce drame sur leurs têtes, le rachetaient par une honnêteté stricte, une douceur et un courage inaltérables. Même il se mêlait un peu de fierté dans leur cas, car ils finissaient par se voir meilleurs que les autres. Madame Goujet, toujours vêtue de noir, le f
anc comme dans la chambre d'une fille: un petit lit de fer garni de rideaux de mousseline, une table, une toilette, une étroite bibliothèque pendue au mur; puis, des images du haut en bas, des bonshommes découpés, des gravures coloriées fixées à l'aide de quatre clous, des portraits de toutes sortes de personnages, détachés des journaux illustrés. Madame Goujet disait, avec un sourire, que son
isser le nez, quand il passait. Il n'aimait pas leurs gros mots, trouvait ?a dégo?tant que des femmes eussent sans cesse des saletés à la bouche. Un jour pourtant, il était rentré gris. Alors, madame Goujet, pour tout reproche, l'avait mis en face d'un portrait de son père, une mauvaise peinture cachée pieusement au fond de la commode. Et, depuis cette le?on, Goujet ne buvait plus qu'à sa suffisance, sans haine pourtant co
aitait en soeur, avec une brusque familiarité, découpant des images à son intention. Cependant, un matin, ayant tourné la clef sans frapper, il l
ces services signalés dont on se souvient la vie entière. C'était au 2 décembre. Le zingueur, par rigolade, avait eu la belle idée de descendre voir l'émeute; il se fichait pas mal de la République, du Bonaparte et de tout le tremblement; seulement, il adorait la poudre, les coups de fusil lui semblaient dr?les. Et il allait très-bien être pincé derrière une barricade, si le forgeron ne s'était rencontré là, juste à point pour le protéger de son grand corps et l'aider à filer. Goujet, en remontant la rue du Faubourg-Poissonnière, marchait vite, la figure grave. Lui, s'occupait de politique, était républicain, sagement, au nom de la justice et du bonheur de tous. Cependant, il n'avait pas fait le coup de fusil. Et il donnait ses raisons: le peuple se lassait de payer
jeune femme ne dorm?t plus, obsédée d'un rêve d'ambition: elle voulait s'établir, louer une petite boutique, prendre à son tour des ouvrières. Elle avait tout calculé. Au bout de vingt ans, si le travail marchait, ils pouvaient avoir une rente, qu'ils iraient manger quelque part, à la campagne. Pourtant, elle n'osait se risquer. Elle disait chercher une boutique, pour se donner le temps de la réflexion. L'argent ne craignait rien à la Caisse d'épargne; au contraire, il faisait des petits. En trois années, elle avait contenté une seule de ses envies, elle s'était acheté une pendule; encore cette pendule, une pendu
jaloux des Goujet. ?a leur paraissait dr?le, tout de même, de voir Cadet-Cassis et la Ban-ban aller sans cesse avec des étrangers, quand ils avaient une famille. Ah bien! oui! ils s'en souciaient comme d'une guigne, de leur famille! Depuis qu'ils avaient quatre sous de c?té, ils faisaient joliment leur tête. Madame Lorilleux, très vexée de voir son frère lui échapper, recommen?ait à vomir des injures contre Gervaise. Madame Lerat, au contraire, prenait parti pour la jeu
e refusait de parler, elle n'avait rien du tout, disait-elle. Mais, comme elle mettait la table à l'envers
mercier, rue de la Goutte-d'Or, est à louer... J'ai vu ?a, il
ue, une arrière-boutique, avec deux autres chambres, à droite et à gauche; enfin, ce qu'il leur fallait, les pièces un
té et demandé le
. On cherche, on entre à tous les écriteaux, ?a n'engage à rien... Mais celle-l
oyant sa grande envie; pour s?r, elle ne trouverait rien de propre, à moins de cinq cents francs; d'ailleurs, on obtiendrait peut-être une diminution. La seule chose ennuyeuse, c'était d'aller habiter la maison des Lorilleux, qu'elle ne pouvait pas souffrir. Mais elle se facha, elle ne détes
ant pas, elle était certaine de faire ses affaires et de ne pas être mangée. Au déjeuner, elle monta même chez les Lorilleux pour avoir leur avis; elle désirait ne pas para?tre se cacher de la famille. Madame Lorilleux resta saisie. Comment! la Banban allait avoir une boutique, à cette heure! Et, le coeur crevé, elle balbutia, elle dut se montrer très contente: sans doute,
n l'avait empêchée d'avoir la boutique. Toutefois, avant de dire: C'est fait! elle v
prendre vers six heures à la maison où je travaille, rue de la
éteaux. Un beau soleil de mai se couchait, dorant les cheminées. Et, tout là-haut, dans le ciel clair, l'ouvrier taillait tranquillement son zinc à coups de cisaille, penché sur l'établi, pareil à un tailleur coupant chez lui une pai
mets les fers!
brusque pente, et le trou béant de la rue se creusait. Le zingueur, comme chez lui, en chaussons de lisières, s'avan?a, tra?nant les pieds, sifflotant l'air d'Ohé! les p'tits agneaux! Arrivé devant le trou, il se laissa couler, s'arc-bouta d'un
nd tu regarderas en l'air, bougre d'efflanqué!
du trou; et il passa les fers à Coupeau. Alors, celui-ci commen?a à souder la feuille. Il s'accroupissait, s'allongeait, trouvant toujours son équilibre, assis d'une fesse, perché sur la pointe d'un pied, retenu par un doigt. Il av
cria-t-il tout d'un c
Et une conversation s'engagea du toit au trottoir. Elle cachait ses mains sous son tablier,
pas vu ma femm
pondit la concierge
prendre... Et l'on se
Je vais chaussée Clignancourt chercher un petit gigot. Le
e, avaient seulement fait mettre à sa fenêtre une petite vieille; et cette vieille restait là, accoudée, se donnant la distraction
encore madame Boche. Je n
rma la bouche d'un geste énergique. Et, à demi-voix, afin de n'être pas entendue là-haut, elle dit sa crainte: elle redoutait, en se montrant tout d'un coup, de donner à son mari une secousse, qui le précipiterait. En quatre ans, elle était allée le ch
rmurait madame Boche. Moi, le mien est
toujours, la tête cassée, sur une civière... Maintenant, je n'y pense plus autant. On s'habitue à tout. Il faut bi
, avec ces mouvements ralentis des ouvriers, pleins d'aisance et de lourdeur. Un moment, il fut au-dessus du pavé, ne se tenant plus, tranquille, à son affaire; et, d'en bas, sous le fer promené d'une main soigneuse, on voyait grésiller la petite flamme blanche de la soudu
e a fait la bête, n'est-ce pas? madame Boche; elle n'a pas v
rveillant Nana, pour l'empêcher de barboter dans le ruisseau, où elle cherchait des petits poissons; et les deux femmes revenaient toujours à la toiture, avec des
donc à espionner, ce
Une fic
ide d'une paire de cisailles cintrées; puis, légèrement, au marteau, il ployait cet éventail en forme de champignon pointu. Zidore s'était remis à souffler la braise du réchaud. Le soleil se couchait derrière la maison, dans une grande clarté rose, lenteme
fut taillé, Coupe
re! le
stée ouverte. Enfin, il le découvrit sur un toit voisin, à deux maisons de distance. Le galopin se promenait, explorai
composes des vers, peut-être!... Veux-tu bien me donner les fers! A-t-on jamais vu! se balader sur les toits! Amè
il cria
est fini...
sée, continuait à sourire en suivant ses mouvements. Nana, amusée tout d'un coup par la vue de son
elle de toute sa forc
nt, bêtement, comme un chat dont les pattes s'embrouillent, il roula,
dit-il d'une
deux fois sur lui-même, vint s'écraser au milieu de la
ent se forma. Madame Boche, bouleversée, fléchissant sur les jambes, prit Nana entre les bras, pour lui cacher la tê
ien avait de petits hochements de tête. Maintenant, Gervaise, à genoux parterre, sanglotait d'une fa?on continue, barbouillée de ses larmes, aveuglée, hébétée. D'un mouvement machinal, elle avan?ait les mains, tatait les membres de son mari, très-doucement. Puis, elle les retirait, en regarda
h?pital!... Nous dem
te-d
co?terait très-cher, si elle prenait son ma
.. Qu'est-ce que ?a vous fait? J'ai de l'argent... C'
ait, la matine, mais elle avait tout de même du chien; bien s?r, elle sauverait son homme, tandis qu'à l'h?pital les médecins faisaient passer l'arme à gauche aux malades trop détériorés, histoire
ause de sa petite, il a voulu la regarder, et patatras! Ah! Dieu de Dieu! je ne deman
ussait les épaules. Son homme avait la jambe droite cassée; ?a, tout le monde le savait; on la lui remettrait, voilà tout. Quant au reste, au coeur décroché, ce n'était rien. Elle le lui raccrocherait, son coeur. Elle savait comment les coeurs se raccrochent, avec des soins, de la propreté, une amitié solide. Et elle montrait une conviction superbe, certaine de le guérir, rien qu'à rester autour de lui et à le toucher de ses mains,
is fois par jour, offrant de veiller, apportant même un fauteuil pour Gervaise. Puis, des querelles n'avaient pas tardé à s'élever sur la fa?on de soigner les malades. Madame Lorilleux prétendait avoir sauvé assez de gens dans sa vie pour savoir comment il fallait s'y prendre. Elle accusait aussi la jeu
remis sur pied deux fois plus vite. Lorilleux aurait voulu être malade, attraper un bobo quelconque, pour lui montrer s'il hésiterait une seconde à entrer à Lariboisière. Madame Lorilleux connaissait une dame qui en sortait; eh bien! elle avait mangé du poulet matin et soir. Et tous deux, pour la vingtième fois, refaisaient le calcul de ce que co?teraient au ménage les quatre mois de convalescence: d'abord les journées de travail perdues, puis le médecin, les remèdes, et plus tard
x eut la méchanceté de l
tre boutique, qu
leux, le concierge
la plaisanter sur son rêve tombé à l'eau. Quand on parlait d'un, espoir irréalisable, ils renvoyaient la chose au jour où elle serait patronne, dans un beau magasin donnant sur la rue. Et, derrière elle, c'étaient des gorges cha
argent pour la guérison de son mari. Chaque fois qu'elle prenait en leur présence
e vais louer
ère. A chaque course à la Caisse d'épargne, quand elle rentrait, elle additionnait sur un bout de papier l'argent qu'ils avaient encore là-bas. C'était uniquement pour le bon ordre. Le trou avait beau se creuser dans la monnaie, elle tenait, de son air raisonnable, avec son tranquil
a chambre, les Goujet venaient tenir compagnie aux Coupeau. Pendant deux heures, jusqu'à dix heures, le forgeron fumait sa pipe, en regardant Gervaise tourner autour du malade. Il ne disait pas dix paroles de la soirée. Sa grande face blonde enfoncée entre ses épaules de colosse, il s'attendrissait à la voir verser de la tisane dans une tasse, remuer le sucre sans faire de bruit avec la cuiller. Lorsqu'elle bordait le lit et qu'elle encourageait Coupeau d'une voix douce, il restait tout secoué. Jamais il n'avait rencontré une aussi brave femme. ?a ne lui allait même pas mal de boiter, car elle en avait plus de mérite encore à se déca
voilà recollé, dit-il
n peine, ta femm
voir épouser. Pour ne pas la chagriner, il disait oui, et la noce était même fixée aux premiers jours de septembre. L'argent de l'entrée en ménag
us, madame Coupeau. Si toutes les femmes
à faire enrager le monde. Ce n'était pas une existence, vraiment, de vivre sur le dos, avec une quille ficelée et raide comme un saucisson. Ah! il conna?trait le plafond, par exemple; il y avait une fente, au coin de l'alc?ve, qu'il aurait dessinée les yeux fermés. Puis, quand il s'installa dans le fauteuil, ce fut une autre histoire. Est-ce qu'il resterait longtemps cloué là, pareil à une momie? La rue n'était pas si dr?le,
. Moi, j'étais à jeun, tranquille comme Baptiste, sans une goutte de liquide dans le corps, et voilà que je dégringole en voulant me tourner pou
risquer sur une échelle, s'installant solidement au coin de leur feu et se fichant du pauvre monde. Et il en arrivait à dire que chacun aurait d? poser son zinc sur sa maison. Dame! en bonne justice, on devait en venir là: si tu ne veux pas être mouillé, mets-toi à
très-doux; c'était comme une lente conquête de la paresse, qui profitait de sa convalescence pour entrer dans sa peau et l'engourdir, en le chatouillant. Il revenait bien portant, goguenard, trouvant la vie belle, ne voyant pas pourquoi ?a ne durerait pas toujours. Lorsqu'il put se passer de béquilles, il poussa ses promenades plus loin, courut les chantiers pour revoir les camarades. Il restait les bras croisés en face des maisons en construction, avec
blanchisseuse. Coupeau, sans se disputer encore, jurait à celle-ci que sa soeur l'adorait, et lui demandait d'être moins mauvaise pour elle. La première querelle du ménage, un soir, était venue au sujet d'étienne. Le zingueur avait passé l'après-midi chez les Lorilleux. En rentrant, comme le d?ner se faisait attendre et que les enfants criaient après la soupe, il s'en était pris brusquement à étienne, lui envoyant une paire de calottes soignées. Et, pendant une heure, il avait
pas l'avoir de nouveau au lit. Elle savait bien ce que le médecin lui disait, peut-être! C'était elle qui l'empêchait de travailler, en lui répétant chaque matin de prendre son temps, de ne pas se forcer. Elle lui glissait même des pièces de vingt sous dans la poche de son gilet. Coupeau acceptait ?a comme une chose naturelle; il se plaignait de toutes sortes de douleurs pour se faire dorloter; au bout de six mois, sa convalescence durait toujours. Maintenant, les jours où il allait regarder travailler les autres, il entrait volontiers boire un canon avec les camarades. Tout de même, on n'était pas mal chez le marchand de vin; on rigolait, on restait là cinq minutes
ent cinquante francs d'outils et d'installation, cent francs d'avance afin de vivre quinze jours; en tout cinq cents francs, au chiffre le plus bas. Si elle n'en parlait pas tout haut, continuellement, c'était de crainte de para?tre regretter les économies mangées par la maladie de Coupeau. Elle devenait toute pale souvent, ayant failli laisser échapper son envie, rattrapant sa phrase avec la confusion d'une vilaine pensée. Maintenant, il faudrait travailler quatre ou cinq années,
umait en la regardant. Il devait avoir une phrase grave à prononcer; il la retournait, la m?rissait, sans pouvoir lui donner
iez-vous me permettre de
e, pendant près de dix minutes? Lui, souriait d'un air gêné, comme s'il avait fait là une proposition blessante. Mais elle refusa vivement; jamais elle n'accepterait
puis pas prendre l'argent
à son tour. Je ne me marie plus. Vous savez, une
rouvait plus le projet de Gervaise; et elle dit nettement pourquoi: Coupeau tournait mal, Coupeau lui mangerait sa boutique. Elle ne pardonnait surtout point au zingueur d'avoir refusé d'apprendre à lire, pendant sa convalescence; le forgeron s'était offert pour lui montrer, mais l'autre l'avait envoyé dinguer, en accusant la science de maigrir le monde. Cel
l'histoire. Oh! je suis bien tranquille, il est trop godiche... On le lui rendra, son
rue Neuve à la rue de la Goutte-d'Or. Dans le quartier, à la voir passer ainsi, légère, ra