Nana
ge. Nana et Fontan avaient invité quelques amis pour tirer le gateau des
préféra tout lacher. D'ailleurs, l'appartement du boulevard Haussmann l'assommait. Il était bête, avec ses grandes pièces dorées. Dans son coup de tendresse pour Fontan, elle rêvait une jolie petite chambre claire, retournant à son ancien idéal de fleuriste, lorsqu'elle ne voyait pas au-delà d'une armoire à glace en palissandre et d'un lit tendu de reps bleu. En deux jours, elle vendit ce qu'elle put sortir, des bibelots, des bijoux, et elle disparut avec une dizaine de mille francs, sans dire un mot à la concierge; un plongeon, une fugue, pas une t
omme Fontan n'était pas rentré, elle se permit d'exprimer des cra
cria Nana, en serrant d'un geste
xtraordinaire sur madame Le
-elle d'un air de con
o
, la salle à manger, jusqu'à la cuisine. Dame! ce n'était pas immense, mais on a
. Et, dans la débacle de l'appartement du boulevard Haussmann, elle tenait tête aux créanciers, elle opérait une retraite digne, sauvant des épaves, répondant que madame voyageait, sans jamais donner une adresse. Même, de peur d'être suivie, elle se privait du plaisir de rendre visite à madame. Cependant, le matin, elle avait couru chez madame Lerat, parce q
eurs! Est-ce qu'ils croient que je suis à vendre, pour acquitter leurs mé
ndu, dit madame Lerat; m
hetait à un prix ridicule, pour Caroline Héquet. ?a la mit en colère contre cette clique, de
jamais le vrai bonheur... Et puis, vois-tu, ma tante, je ne sa
'intimidaient; maintenant, de temps à autre, elle reviendrait faire son bézigue. On visita une seconde fois le logement; et, dans la cuisine, devant la femme de ménage qui arr
rullière. On pouvait se mettre à table. Le potage était déjà s
implement de faire plaisir aux camarades qui payaient à d?ner, car a
chameaux, et l'idée qu'un homme pouvait s'embarrasser d'une de ces sales bêtes soulevait, chez lui,
t fait ?a en sournois... Eh bien! vrai, vous avez eu raison
ifourchon sur un manche à balai, P
st déjà à vo
dri, en disant que non, malheureusement; elle aurait bien voulu, pour le petit et pour elle; mais il en viend
ime son petit père... Ap
pa..., bégay
adame Lerat le gêna aussi. Elle s'attendrissait, lui communiquait tout bas des choses mystérieuses, des histoires de messieurs très bien qui la poursuivaient encore; et, à deux reprises, il dut écarter son genou, car elle l'envahissait, avec des yeux noyés. Prullière se conduisit comme un malh
e temps! répétait Bosc, la bouche plei
s lèvres, sur les yeux, sur le nez, sur une oreille; puis, si on la grondait, c'était avec des tactiques savantes, des humilités et des souplesses de chatte battue, qu'elle revenait, en lui prenant sournoisement la main pour la garder et la baiser encore. Il fallait qu'elle touchat quelque chose de lui. Fontan faisait le gros do
aga?ants! cria Prulliè
pleurant Vénus. Tout de suite, Prullière se montra galant; mais Nana, dont il cherchait le pied sous la table, lui allongea un coup, pour le faire tenir tranquille. Non, certes, elle ne coucherait pas avec lui. L'
t la répétition, il avait gueulé tout le temps contre Simonne. En voilà un que les artistes ne pleureraient guère! Nana dit que, s'il la demandait pour un r?le, elle l'enverrait joliment promener; d'ailleurs, elle parlait de ne plus jouer, le théatre ne valait pas son chez-soi. Fo
ita de cet éclat de gaieté pour aller reprendre Fontan par le cou, en le baisant, en lui disant des choses dans l'oreille. Mais Prullière, avec son rire vexé de joli gar
ncore sa politesse. Il ne se permit aucune question, il affectait de croire que madame était en voyage. Ah! madame avait fait bien des malheureux, en se décidant à voyager! C'était une perte pour tout le monde. La jeune femme, cependant, finit par l'interroger, prise d'une curiosité qui lui faisait oublier son premier embarras. Comme la foule les bousculait, elle le poussa sous une porte, où elle se tint debout devant lui, son petit panier à la main. Que disait-on de sa fugue? Mon Dieu! les dames où il allait, disaient ceci, disaient cela; en somme, un bruit énorme, un vrai succès. Et Steiner? Monsieur Steiner était bien bas; ?a fini
fiche!... Voyez-vous, ce cafard! ?a vous a pris des habitudes, ?a ne peut pas je?
elle en
omprends, elle a voulu se venger de ce que je lui ai pris cette brute de Stei
ffeur. D'après lui, c'est monsieur le comte qui vous aurait chassée
ana devint
alier, ce cocu! car il est cocu, tu dois savoir ?a; sa comtesse le fait cocu avec tout le monde, même avec cette fripouille de Fauchery...
ait. Elle re
ensemble?... Oui, j'irai, et nous verrons s'ils auront le toupet de parler encore de coups de pied au derrière... Des coups! m
it sa conscience pour elle. Et Francis, devenu familier, la voyant se livrer ainsi dans son peignoir de ménagère, se permit, en la quittant, de lui donner des conseils. Elle avait tort de tout sacrifi
finit-elle par dire. Merc
de coup de pied au derrière l'occupa. Elle en parla même à Fontan, elle se posa de nouveau comme une femme forte qui ne supporterait pas une chiquenaude. Font
vaient acheté un gateau, un moka; et ils le mangèrent dans le lit, parce qu'il ne faisait pas chaud et que ?a ne valait pas la peine d'allumer du feu. Assis sur leur séant, c?te à c?te, la couverture au ventre, les oreillers tassés derrière le dos,
Elle a des yeux comme des trous de v
superbe, des regards pleins de feu... Est-ce d
it l'a
ne voix brutale. Tu sais, je n'aime pas qu'o
arlat sur ce ton, elle avait l'habitude d'être respectée. Comme il ne répondait plus
remuer? cria-t-il tout d'un
te s'il y a des miett
on ne secoue pas toujours la couverture? Fontan, dans une rage froide, avait rallumé la bougie. Tous deux se levèrent; et pieds nus, en chemise, découvrant le lit, ils balayèrent les miettes sur le drap, avec les
les as remontées avec tes pieds... Je ne p
ulant dormir, Fontan lui allongea une gifle, à toute volée. La gifle fut si forte,
plement, avec un g
ur, tant le masque dr?le de Fontan était devenu terrible. Et sa colère s'en allait, comme si la gifle l'avait calmée. Elle le respectait, elle se collait contre le mur de la ruelle, pour lui laisser toute la place. Même elle finit par s'endormir, la joue chaude, les yeux pleins de larmes, dans un accablem
s, des courses qui emplissaient le logement du vol de ses jupes. Le pis était que, maintenant, Fontan disparaissait toute la journée et ne rentrait jamais avant minuit; il allait dans des cafés, où il retrouvait des camarades. Nana tolérait tout, tremblante, caressante, avec la seule peur de ne plus le voir revenir, si elle lui adressait un reproche. Mais certains jours
tupéfaite de la voir en pantoufles dans la rue, à cet
humeur et la fatigue d'une nuit d'embêtements. De chaque rue du carrefour, il en descendait vers le marché, de très pales, jeunes encore, charmantes d'abandon, d'affreuses, vieilles et ballonnées, lachant leur peau, se fichant d'être vues ainsi, en dehors des heures de travail; pendant que, sur les trottoirs, les passants se retournaient,
i lui prend, à
t seule du boulevard, elle lui avait parlé près d'une demi-heure, au coin de
n plein jour, reprit-elle. Quand on va à ses affa
uld. Et, dès qu'elles furent seules, Nana conta sa passion pour Fontan. Arrivée devant chez elle, la petite s'était plantée, ses radis sous le bras, allumée par u
oulu être là pour voir sa gueule... Ma chère, tu as raison. Et zut pour la monnaie! Moi, quand j'ai un béguin, je m'en fais
abité par une bande de chattes en folie. Les matins où, dégo?tée elle-même, elle s'avisait de vouloir nettoyer, il lui restait aux mains des barreaux de chaise et des lambeaux de tenture, à force de se battre là-dedans avec la crasse. Ces jours-là, c'était plus sale, on ne pouvait plus entrer, parce qu'il y avait des choses tombées en travers des portes. Aussi finissait-elle par abandonner son ménage. A la lampe, l
dix ans qui, en apportant l'absinthe dans un verre, coulait des regards sur les jambes nues de la dame. Toutes les conversations aboutissaient à la saleté des hommes. Nana était assommante avec son Fontan; elle ne pouvait placer dix paroles sans retomber dans des rabachages sur ce qu'il disait, sur ce qu'il faisait. Mais Satin, bonne fille, écoutait sans ennui ces éternelles histoires d'attentes à la fenêtre, de querelles pour un rago?t br?lé, de raccommodements au lit, après des heures de bouderie muette. Par un besoin de parler de ?a, Nana en était arrivée à lui conter toutes les claques qu'elle recevait; la semaine passée, il lui avait fait enfler l'oeil; la veille encore, à propos de ses pantoufles qu'il ne trouvait pas, il l'avait jetée d'une calotte dans la table de nuit; et l'autre ne s'étonnait point, soufflant la fumée de sa cigarette, s'interrompant seulement pour dire que, elle, toujours se baissait, ce qui envoyait pro
ans une boutique, dont les belles maisons, aux petits appartements étroits, sont peuplées de dames. Il était cinq heures; le long des trottoirs déserts, dans la paix aristocratique des hautes maisons blanches, des coupés de boursiers et de négociants stationnaient, tandis que des hommes filaient vite, levant les yeux vers les fenêtres, où des femmes en peignoir semblaient attendre. Nana d'abord refusa de monter, disant d'un air pincé qu'elle ne connaissait
est chic! m
lut plaisanter. Mais Satin se fachait, répondait de la vertu de madame Robert. On la rencontrait toujours en compagnie d'hommes agés et sérieux, qui lui donnaient le bra
Satin en montrant une photogr
brune, au visage allongé, les lèvres pincées dans un sourire discre
à quelque part. Où? je ne sais plus. Mais ?a ne devait pas être dans u
en se tournant
ait promettre de ve
t-e
er sans doute, rester un moment e
ue. Enfin, ?a lui était égal. Mais, comme cette dame les faisait poser, e
er un régal dans un restaurant. Le choix du restaurant fut une grosse question. Satin proposait des brasseries que Nana trouvait
monstre, les yeux mouillés, tachait, en se partageant, de ne pas faire de jalouses. La bonne, au contraire, était une grande maigre, ravagée, qui servait ces dames, les paupières noires, les regards flambant d'un feu sombre. Rapidement, les trois salons s'emplirent. Il y avait là une centaine de clientes, mêlées au hasard des tables, la plupart touchant à la quarantaine, énormes, avec des empatements de chair, des bouffissures de vice noyant les bouches molles; et, au milieu de ces ballonnements de gorges et de ventres, apparaissa
ait Satin, c'est tr
lente. D'abord, Nana avait eu peur de rencontrer d'anciennes amies qui lui auraient fait des questions bêtes; mais elle se tranquillisa, elle n'apercevait aucune figure de connaissance, parmi cette foule très mélangée, où des robes déteintes, des chapeaux lamentables s'étalaient à c?té de toilettes riches
me! laissa-t-elle écha
ait de poule, leva
onnais... Très chi
it jamais ce qu'on pourrait aimer un jour. Aussi mangeait-elle sa crème d'un air de philosophie, en s'apercevant parfaitement que Satin révolutionnait les tables voisines, avec ses
rouva cette caresse-là très dr?le de la part d'une femme si distinguée; d'autant plus que madame Robert n'avait pas du tout son air modeste, au contraire. Elle jetait des coups d'oeil dans le salon, causant à voix basse. Laure venait de se rasseoir, tassée de nouveau, avec la majesté d'une vie
vée chez elle, la veille; et comme Satin, séduite, voulait absolument lui faire une petite place, elle jurait qu'elle avait d?né. Elle était
us verrai-je? Si v
vers, promenant des cent mille francs de pierreries sur leur peau, pour d?ner là, à trois francs par tête, dans l'étonnement jaloux des pauvres filles crottées. Lorsqu'elles étaient entrées, la voix haute, le rire clair, apportant du dehors comme un coup de soleil, Nana avait vivement tourné la tête, très ennuyée de reconna?tre parmi elles Lucy Stew
le donc? laissa-t-el
rire, dans sa mauvaise humeur; et comme Nana, irritée de ce rire, la
ien s?r, c'est l'autr
d, la bonne enlevait des piles d'assiettes sales, dans l'odeur forte de la poule au riz; tandis que les quatre messieurs avaient fini par verser du vin fin à une demi-douzaine de ménages, rêvant de les griser, pour en entendre de raides. Maintenant, ce qui exaspérait Nana, c'était de payer le d?ner de Satin. En voilà une
avait un fameux toupet, de faire la femme distinguée; oui, distinguée dans le coin aux épluchures! A présent, elle était certaine de l'avoir rencontrée au Papillon, un infect bastringue de la rue des Poissonniers, où des hommes la levaient pour trente sous. Et ?a empaumait des chefs de b
avouait bien avoir dépensé six francs, mais avec madame Maloir. Alors, il resta digne, il lui tendit une lettre à son adresse, qu'il avait tranquillement décachetée. C'était une lettre de Georges, toujours enfermé aux Fondettes, se soulageant chaque semaine dans des pages br?lantes. Nana adorait qu'on lui écriv?t, surtout de grandes phrases d'amour, avec des serments. Elle lisait ?a à
it tout de suite
, enthousiasmée de la lecture de sa lettre, faite tout haut, l'embrassait en criant qu'il n'y a
-elle. Je vais faire du thé.
rand déploiement de plume, d'encre et de papier.
commen?a-t-il
deux tasses de thé. Enfin, il lut la lettre, comme on lit au théatre, avec une voix blanche, en indiquant quelques gestes. Il parlait là-dedans, en cinq pages, des ?heures délicieuses passées à la Mignotte, ces heures dont l
politesse. Du moment que c'est pour rire...
n, pas davantage. Alors, il fut très vexé. Si sa lettre ne lui plaisait pas, elle pouvait en faire une autre; et, au lieu de se baiser, comme d'
nerie! cria-t-il en y
onc mis
de hausser les épaul
tourne ma
permettre de se défendre. Elle était sale, elle était bête, elle avait roulé partout. Puis, il s'acharna sur la question d'argent. Est-ce qu'il dépensait six francs, lui, quand il d?nait en ville? on lui payait à d?ner, sans quoi il
es! cria-t-il. Voyons, donne
de prendre dans le secrétaire l'argent qui leur restait, et de l'apporter devant
sept mille francs sur dix-sept mille, et nous ne sommes
our le fouiller sous la lampe. Mais il n'y avait bien que six
as-tu fait? Hein? réponds!... Tout ?a passe à ta carcasse de tante
cile à faire... Tu ne comptes pas les meubles; puis, j'
es explications, il ne v
ne en commun... Tu sais que ces sept mille francs sont à moi. Eh bien! puisque je les tiens, je les
ns sa poche. Nana le regardait, stupéf
sont pas à moi... ?a t'a plu de dépenser ton argent, ?a te regarde; mais le mien, c'est sac
révoltée. Elle ne
ien mangé mes dix m
hon
pas à discuter dava
, il lui allongea un
ète u
elle finit, comme d'habitude, par se déshabiller et se coucher en pleurant. Lui, soufflait. Il se couchait à son tour, lorsqu'il aper?
oste moi-même, parce que je n'aime pas les
tout. A deux reprises, il la repoussa d'un geste superbe. Mais l'embrassement tiède de cette femme qui le suppliait, avec ses grands yeux mouillés de bête fidèle, le chauffa d'un désir. Et il se fit bon prince, sans pourtant s'abaisser à aucune avance; il se laissa ca
, c'est très sérieu
ait à son cou, tro
pas peur... J
au, rose et blanche de teint, si douce au toucher, si claire à l'oeil, qu'elle avait encore embelli. Aussi Prullière s'enrageait-il après ses jupes, venant lorsque Fontan n'était pas là, la poussant dans les coins pour l'embrasser. Mais elle se débattait, indignée tout de suite, avec des rougeurs de honte;
it-elle, un jour, de l'air tranquille
ant ?a naturel. Pour payer son d?ner, il s'extasiait toujours sur leur bonheur. Il se proclamait philosophe, il avait renoncé à tout, même à la gloire. Prullière et Fontan, parfois, renversés sur leur chaise, s'oubliaient devant la table desservie, se racontaient leurs succès jusqu'à d
ses bras noirs de coups. Il lui regarda la peau, sans être tenté d'abuser de la
ve-toi avec de l'eau salée. Excellent, l'eau salée, pour ces bobos. Va, tu en recevras d'autres,
an avait mis à la porte madame Lerat, en disant qu'il ne voulait plus la rencontrer chez lui; et, depuis ce jour, quand elle était là et qu'il rentrait, elle devait s'en aller par la cuisine, ce qui l'humiliait horr
!... Je ne parle pas pour moi, bien qu'une personne de mon age ait droit aux égards... Mais toi, vraiment, comment fais-tu pour endurer ses mauvaises manière
ait pas, écouta
n bourrique,-comment madame peut-elle se laisser massacrer par ce polichinelle?? Moi, j'ai ajouté que les coups, ?a se supportait encore, mais que jamais je n'aurais souffert le manque d'égards... Enfin, il n'a rien pour lui. Je ne le voudrais pas dans ma chambre en peinture. Et tu te ruines pour un oiseau pareil; oui, tu te
atait en sanglo
tante,
a pension du petit Louis. Sans doute, elle se dévouerait, elle garderait quand même l'enfant et attendrait des temps meilleurs. Mais l'idée que Fontan l
vé la peau du ventre, tu viendras f
e, de fichue bête que les marchands volaient, toujours prêt d'ailleurs à la menacer de prendre pension autre part. Puis, au bout d'un mois, certains matins, il avait oublié de mettre les trois francs sur la commode. Elle s'était permis de les demander, timidement, d'une fa?on détournée. Alors, il y avait eu de telles querelles, il lui rendait la vie si dure sous le premier prétexte venu, qu'elle préférait ne plus compter sur lui. Au contraire, quand il n'avait pas laissé les trois pièces de vingt sous, et qu'il trouvait tout de même à manger, il était gai comme un pinson, galant, baisant Nana, valsant avec les chaises. Et elle, tout heureuse, en arrivait à souhaiter de ne rien trouver sur la commode, malgré le mal qu'elle avait à joindre les de
sc prenait des indigestions. Un soir que madame Lerat se retirait, enragée de voir au feu un d?ner copieux dont elle ne mangerait
propre, dit la tan
it en peine. Comme Fontan ne rentrait jamais avant six heures, elle disposait de son après-midi, elle rapportait quarante francs, soixante francs, quelquefois davantage. Elle aurait pu parler par dix et quinze louis, si elle avait su garder sa situation; mais elle
autres. Et Nana, d'esprit large, cédant à cette idée philosophique qu'on ne sait jamais par où l'on finira, avait pardonné. Même, la curiosité mise en éveil, elle la questionnait sur des coins de vice, stupéfiée d'en apprendre encore à son age, après tout ce qu'elle savait; et elle riait, elle s'exclamait, trouvant ?a dr?le, un peu répugnée cependant, car au fond elle était bourgeoise pour ce qui n'entrait pas dans ses habitudes. Aussi retourna-t-elle chez Laure, mangeant là, lorsque Fontan d?nait en ville. Elle s'y amusait des histoires, des
s bornes sur lesquelles des hommes, à quinze ans, l'embrassaient, lorsque son père la cherchait pour lui enlever le derrière. Toutes deux couraient, faisaient les bals et les cafés d'un quartier, grimpant des escaliers humides de crachats et de bière renversée; ou bien elles marchaient doucement, elles remontaient les rues, se plantaient debout, contre les portes cochères. Satin, qui avait débuté au quartier Latin, y conduisit Nana, à Bullier et dans les brasseries du boulevard Saint-Michel. Mais les vacances arrivaient
lèvres et du noir des paupières, prenaient, dans l'ombre, le charme troublant d'un Orient de bazar à treize sous, laché au plein air de la rue. Jusqu'à onze heures, parmi les heurts de la foule, elles restaient gaies, jetant simplement un ?sale mufe!? de loin en loin, derrière le dos des maladroits dont le talon leur arrachait un volant; elles échangeaient de petits saluts familiers avec des gar?ons de café, s'arrêtaient à causer devant une table, acceptaient des consommations, qu'elles buvaient lentement, en personnes heureuses de s'asseoir, pour attendre la sortie des théatres. Mais, à mesure que la nuit s'avan?ait, si elles n'avaient pas fait un ou deux voyages rue La Rochefoucauld, elles tournaient à la sale garce, leur chasse devenait plus apre. Il y avait, au pied des arbres, le long des boulevards assombris qui se vidaient, des marchandages féroces, des gros mots et des coups; pendant que d'honnêtes familles, le père, la mère et les filles, habitués à ces rencontres, passaient tranquillement, sans presser le pas.
l faut étaient les plus sales. Tout le vernis craquait, la bête se montrait, exigeante dans ses go?ts monstrueux, raffinant sa perversion. Aussi cette roulure de Satin manquait-elle de respect, s'éclatant devant la dignité des gens en voiture, disant que leurs cochers étaient plus gentils, parce qu'ils respectaient les femmes et qu'ils ne les tuaient pas avec des idées de l'autre monde. La culbute des gens chics dans la crapule du vice surprenait encore Nana, qui gardait des préjugés, dont Satin la débarrassait. Alors, comm
me elle trouvait Satin dans une saleté affreuse, le ménage laché depuis huit jours, un lit infect, des pots qui tra?naient, elle s'étonna que celle-ci conn?t le marquis. Ah! oui, elle le connaissait; même qu'il les
s mes pantoufles...
toujours de
fille. L'été, à douze ou quinze, ils opéraient des rafles sur le boulevard, ils cernaient un trottoir, pêchaient jusqu'à des trente femmes en une soirée. Seulement Satin connaissait les endroits; dès qu'elle apercevait le nez des agents, elle s'envolait, au milieu de la débandade effarée des longues queues fuyant à travers la foule. C'était une épouvante de la loi, une terreur de la préfecture, si grande, que certaines restaient paralysées sur la porte des cafés, dans le coup de force qui balayait l'avenue. Mais Satin redoutait davantage les dénonciations; son patissier s'était montré assez mufe pour la menacer de la vendre, lorsqu'elle l'avait quitté; oui, des hommes vivaient sur leurs ma?tresses avec ce truc-là, sans compter de sales femmes qui vous livraient très bien par tra?trise, si l'on était plus jolie qu'elles. Nana écoutait ces
enait avec Satin sur le boulevard Poissonnière, celle-ci tou
uffla-t-elle. Hu
idement, resserraient leur cercle. Cependant, Nana avait perdu Satin. Les jambes mortes, elle allait s?rement être arrêtée, lorsqu'un homme, l'ayant prise à son bras, l'emmena devant les agents furieux. C'étai
in, il faut te remet
e Bergère. Mais elle
je ne v
vint grossie
de y passe... Hein? p
rce
ne comptaient pas, du moment qu'il n'y avait pas de plaisir et que c'était par nécessité. Deva
ulement, je ne vais pas de ton c?té, ma
our énorme pour rentrer à Montmartre, filant raide le long
Batignolles. D'abord, l'un et l'autre parurent gênés. Lui, toujours complaisant, avait des affaires qu'il cachait. Pourtant, il se remit le premier, il s'exclama sur la bonne rencon
d une toquade. Seulement, en venir là, être grugée à ce point et n
lui parla de Rose, qui triomphait avec sa conquête du co
i je vo
usa. Alors, il l'attaqua par un autre point. Il lui apprit que Bordenav
?le! s'écria-t-elle, stupéfaite, ma
suite. Jamais elle ne rentrerait au théatre. Sans doute Labo
rien à craindre avec
u théatre, et je te
-elle éner
. Pourtant, une chose la frappait: Labordette venait de lui donner exactement les mêmes conseils que Francis. Le soir, lorsque Fontan rentra, el
la grande dame peut-être?... Ah ?a, tu te crois donc du talent!
elle l'aimait davantage, de toute la fatigue et de tous les dégo?ts qu'elle rapportait. Il devenait son vice, qu'elle payait, son besoin, dont elle ne pouvait se passer, sous l'aiguillon des gifles. Lui, en voyant la bonne bête, finissait par abuser. Elle lui donnait sur les nerfs, il se prenait d'une haine féroce, au poi
e fois, toujours pas de réponse. Cependant, elle voyait de la lumière sous la porte, et Fontan, à l'intérieur, ne se gênait pas pour m
Me
a des de
Me
us fort, à f
Me
acun des coups dont elle ébranlait la porte. Puis, voyant qu'elle ne se lassait pas, il ouvrit b
ue vous voulez?... Hein! allez-vous nous lais
ux filasse ébouriffés et ses yeux en trou de vrille, qui rigolait au milieu de ces meubles qu'elle avait
ou je t'
était elle qu'on flanquait dehors. L'idée de Muffat lui vint tout d'un coup, dans
, contre tout droit, puisqu'elle était dans ses meubles; elle jurait, elle parlait de le tra?ner chez le commissaire. En attendant, comme minuit sonnait, il fallait songer à trouver un lit. Et Satin, jugeant prudent de ne pas mettre
un coin pour moi... Mais, avec toi, pas possible... Elle
en larmes et raconta à vingt reprises la saleté de Fontan. Satin l'écoutait avec
cochons!... Vois-tu, n'en f
t autour d'elle des airs de petite femme préve
e te faire de la bile! Je te dis que ce sont des salauds! Ne pense plus à
y arrêtait d'un baiser, avec une jolie moue de colère, les cheveux dénoués, d'une beauté enfantine et noyée d'attendrissement. Alors, peu à peu, dans cette étreinte si douce, Nana essuya ses
ui monta dans l'h?tel, Satin se l
nche. Ah! nom d'un chien! pas d
e police, Nana avait perdu la tête. Elle sauta du lit, courut à travers la chambre, ouvrit la fenêtre, de l'air égaré d'une folle qui va se précipiter. Mais, heureusement, la petite cour étai
tait Satin effrayé
armoire. Déjà elle s'était résignée, en se disant qu'après tout, si on la mettait en carte, elle n'aurait plus cette bête de pe
ez pas de piq?res, vous ne trava
s couturière, je sui
vec eff
it, faisait la femme honnête outragée, parlait d'intenter un procès au préfet de police. Pendant près d'une heure, ce fut un bruit de gros souliers sur les marches, des portes ébranlées à coups de poing, des querelles aigu?s s'étouffant dans des sanglo
lle resta assise au bord du lit, écoutant toujours. Vers le matin, pourtant, elle s'endormit. Mais, à huit heures, lorsqu'elle s'éveilla, elle se sauva de l'h?tel et courut chez
it qu'il t'enlèverait la peau du ventre... Allon
rmurant avec une fami
us est rendue... J
et enfant, que la sagesse de sa mère. Louiset dormait encore, maladif, le sang pauvre. Et, lorsque Nana se pencha s
uvre petit! bégaya-t-elle dans