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Le rêve

Chapter 2 No.2

Word Count: 7939    |    Released on: 06/12/2017

dix-septième, ses mille ames à peine, serrées, étouffées au fond de ses rues étroites; et Beaumont-la-Ville, en bas du coteau, sur le bord du Ligneul, un ancien faubourg que la prospé

e lieues de Paris, où l'on va en deux heures, Beaumont-l'église semble muré encore dans ses anciens remparts, dont il ne reste pourtant que

ue tout, a tout enfa

boutiques ne vendent que pour la nourrir, la vêtir, l'entretenir, elle et son clergé; et, si l'on rencontre quelques bourgeois, c'est qu'ils y sont les derniers fidèles des foules disparues. Elle bat au centre, chaque rue

s dont les fenêtres donnaient sur les plates-bandes, puis le corps élancé de la nef que les arcs-boutants épaulaient, puis le vaste comble couvert de feuilles de plomb. Jamais le soleil ne pénétrait au fond de ce jardin, les lierres et les buis seuls y poussaient vigoureusement; et l'ombre éternelle y était pourtant très douce, tombée de la croupe géante de l'abside, une ombre religieuse, sépulcrale et pure, qui sentait bon. Dans le demi jour verdatre, d'une calme fra?cheur, les deux tours ne

étaient avec l'escalier de pierre tournant dans sa tourelle, les seuls coins où elle véc?t, justement les coins vénérables, conservés d'age en age, car elle n'entrait jamais dans la chambre des Hubert, et ne faisait guère que traverser le salon du bas, les deux pièces rajeunies au go?t de l'époque. Dans le salon, on avait platré les solives; une corniche à palmettes, accompagnée d'une rosace centrale, ornait le plafond; le papier à grandes fleurs jaunes datait du Premier Empire, de même que la cheminée de marbre blanc

a Grand-Rue où aboutit la rue des Orfèvres, de la place du Clo?tre où se dressent les deux t

que la récréation f?t médiocre, celles-ci ouvrant sur le jardin. Angélique ne se passionna guère que pour la lecture; malgré les dictées, tirées d'un choix classique, elle n'arriva jamais à orthographier correctement une page; et elle avait pourtant une jolie écriture, élancée et ferme, une de ces écritures irrégulières des gra

ises réponses. Certains jours, quand ils voulaient la dompter, elle en arrivait à des crises de folie orgueilleuse, raidie, tapant des pieds et des mains, prête à déchirer et à mordre. Une peur, alors, les faisait reculer devant ce petit monstre, ils s'épouvantaient du diable qui s'agitait en elle. Qui était-elle donc? d'où venait-elle? Ces, enfants trouvés, presque toujours, viennent du vice et

aite pour cette éducation, avec la bonhomie de son ame, un gra

l'orgueil. Obéir, c'était vivre. Il fallait obéir à Dieu, aux parents, aux supérieurs

tence, quelque basse besogne, essuyer la vaisselle, laver la cuisine; et elle demeura

Jésus qu'elle collectionnait; puis, un soir, elle la trouva en pleurs, évanouie, la tête tombée sur la table, la bouche collée aux images. Ce fut encore une terrible scène, lorsqu'elle les confisqua, des cris, des larmes, comme si

, si, par hasard, en prenant une bobine d'or dans le bahut, elle l'apercevait. Et, un jour de méchanceté furieuse, comme rien n'avait pu la vaincre et qu'elle bouleversait tout au fond du tiroir, elle était restée brusquem

u livret, souvent, la re

favorisait l'amélioration lente de ce rejet sauvage, arraché on ne savait d'où, replanté dans le sol mystique de l'étroit jardin; et il y avait aussi la vie régulière qu'on menait là, le travail quotidien

il s'effor?ait d'être pardonné. Depuis longtemps, c'était fait, elle l'adorait. Il en doutait parfois, ce doute désolait sa vie. Pour être certain que la morte, la mère obstinée, s'était laissé fléchir sous la terre

eux, il n'entrait dans leur chambre, après vingt années de mén

oyer, recouvert de cretonne. Jamais il n'en sortait un bruit, mais elle sentait bon la tendresse, elle attiédissait

i des outils de brodeur hors d'usage, un exemplaire très ancien de La Légende dorée, de Jacques de Voragine. Cette traduction fran?aise, d

a Crèche, Jésus entre la Vierge et saint Joseph, qui tient un cierge; saint Jean l'Aum?nier donnant aux pauvres; saint Mathias brisant une idole; saint Nicolas, en évêque, ayant à sa droite des enfants dans un baquet; et toutes les saintes, Agnès, le col troué d'un glaive, Christine, les mamelles arrachées avec des tenailles, Geneviève, suivie de ses agneaux, Julienne flagellée, Anastasie br?lée, Marie l'égyptienne faisant pénitence au désert, Madeleine portant le vase de parfum. D'autres, d'autres encore défilaient, une terreur et une pitié grandissaient à chacune d'elles, c'était comme une de ces histoires terribles et douces, qui serrent le c?ur et mouillent les yeux de larmes. Mais Angélique, peu à peu, fut curieuse de savoir au juste ce que représentaient les gravures. Les deux colonnes serrées du texte, don

es. Des conversions en masse se produisent, quarante mille hommes sont baptisés d'un coup. Quand les foules ne se convertissent pas devant les miracles, elles s'enfuient épouvantées. On accuse les saints de magie, on leur pose des énigmes qu'ils débrouillent, on les met aux prises avec les docteurs qui restent muets. Dès qu'on les amène dans les temples pour sacrifier, les idoles sont renversées d'un souffle et se brisent. Une vierge noue sa ceinture au cou de Vénus, qui tombe en poudre. La terre tremblé, le temple de Diane s'effondre, frappé du tonnerre; et les peuples se révoltent, des guerres civiles éclatent. Alors, souvent, les bourreaux demandent le baptême, les rois s'agenouillent aux pieds des saints en haillons, qui ont épousé la pauvreté. Sabine s'enfuit de la maison paternelle. Paule abandonne ses cinq enfants et se prive de bains. Des mortifications, des je?nes les purifient. Ni froment, ni huile. Germain ré

ille s'engage, éternelle. Toujours les saints sont victorieux, et toujours ils doivent recommencer la victoire. Plus on chasse de diables, plus il en revient. On en compte six mille six cent soixante-six dans le corps d'une seule femme, que Fortunat délivre. Ils s'agitent, ils parlent et crient

un jeune homme, se

?t dans sa laideur: ?Un chat noir, plus grand qu'un chien, les yeux gros et flamboyants, la langue longue jusques au nombril large et sanglante, la queue torse et levée en haut en démontrant son derrière, duquel il assoit l'horrible punaise.? Il est l'unique préoccupation, la grande haine. On en a peur et on le raille. On n'est pas même honnête avec lui. Au fond, malgré l'appareil féroce de ses chaudières, il reste l'éternelle dupe. Tous les pactes qu'il passe lui sont arrachés par la violence ou la r

ane des casques rougis; leur br?lent les flancs avec des torches, rompent les cuisses sur des enclumes, arrachent les yeux, coupent la langue, cassent les doigts l'un après l'autre. Et la souffrance ne compte pas, les saints restent pleins de mépris, ont une hate, une allégresse à souffrir davantage. Un continuel miracle d'ailleurs les protège, ils fatiguent les bourreaux. Jean boit du poison et n'en est pas incommodé. Sébastien sourit, hérissé de flèches. D'autres fois, les flèches restent suspendues en l'ai

mal. Vincent, qui en subit plus encore, ne parvient pas à souffrir: on lui rompt les membres; on lui déchire les c?tes avec des peignes de fer jusqu'à ce que les entrailles sortent; on le larde d'aiguilles; on le jette sur un brasier que ses plaies inondent de sang; on le remet en prison, les pieds cloués contre un poteau; et, dépecé, r?ti, le ventre ouvert, il vit toujours; et ses tortures sont changées en suavité de fleurs, une grande lumière emplit le cachot; des anges chantent avec lui, sur une couche de roses. Le doux son du chant et la suave odeur des fleu

descendent du ciel ouvert, où Dieu se mo

s enfants à la mamelle injurient les bourreaux. Un dédain, un dégo?t de la chair, de la loque humaine, aiguise la douleur d'une volupté céleste. Qu'on la déchire, qu'on la broie, qu'on la br?le, cela est bon; encore et encore, jamais elle n'agonisera assez; et ils appellent tous le fer, l'épée dans la gorge, qui seule les tue. Eulalie, sur son b?cher, au milieu d'une populace

serviable qui creuse la fosse de Marie l'égyptienne; le lion flamboyant qui garde la porte des vilaines maisons, lorsque les procon

le bon géant, qui porta Jésus, l'égayait aux larmes. Elle étouffait, à la mésaventure du gouverneur avec les trois chambrières d'Anastasie, quand il va les trouver dans la cuisine et qu'il baise les poêles et les chaudrons, en croyant les embrasser. ?Il s'assit dehors très noir et très laid et ses vêtements défaits. Et quant ses serviteurs qui l'attendaient dehors le virent ainsi tourné, si se pensèrent qu'il était tourné en diable. Lors le battirent de verges et s'enfuirent et le laissèrent tout seul.? Mais où le fou rire la prenait, c'était lorsqu'on tapait sur le diable, Julienne surtout, qui, tentée par lui dans son cachot, lui administra une si extraordinaire raclée avec sa cha?ne. ?Alors commanda le Prévost que Julienne fut amenée, et quand elle s'assit elle tra?nait le diable après elle, et il pria disant: Ma dame Julienne, ne me fai

nion, il lui sembla qu'elle marchait co

léger souffle de l'invisible. Il avait de sa passion, il pleura, lorsqu'il la vit en robe blanche. Cette journée fut comme un songe, tous les deux revinrent de l'église, étonnés et las. Il fallut qu'Hubertine les grondat, le soir, elle raisonnable qui condamnait l'exagération, même dans les bonnes choses. Dès lors, elle dut combattre le zèle d'Angélique, surtout l'emportement de charité dont celle-ci était prise. Fran?ois avait la pauvreté pour ma?tresse, Julien l'Aum?nier appelait les pauvres ses seigneurs, Gervais et Protais leur lavaient les pieds, Ma

nt. Deux années s'étaient passées, Angéli

battait dans les petites veines bleues de ses tempes; et, mainte

s, la candeur des vierges éclate, leurs chairs très blanches, labourées par les peignes de fer, laissent ruisseler des fleuves de lait, au lieu de sang. à dix reprises, revient l'histoire de la jeune chrétienne, fuyant sa famille, cachée sous une robe de moine, qu'on accuse d'avoir mis à mal une fille du voisinage, qui souffre la calomnie sans se disculper, puis qui triom

séparation des époux. Alexis, très riche, marié, instruit sa femme dans la chasteté, puis s'en va. On ne s'épouse que pour mourir. Justine, tourmentée à la vue de Cyprien, résiste, le convertit, et marche avec lui au supplice. Cécile, aimée d'un ange, révèle ce secret, le soir des noces, à Valérien, son mari, qui veut bien ne pas la toucher et recevoir le baptême, afin de voir l'ange. ?Il trouva en sa chambre Cécile parlant à l'ange, et l'ange tenait en sa main deux couronnes de roses, et les bailla lune à Cécile et l'autre à Valérien, et dit: Gardez ces couronnes du c?ur et

il fussent tous amenés au milieu de la cité.? à ses yeux, Catherine était la savante invincible, aussi fière et éclatante de sagesse que de beauté, celle qu'elle aurait voulu être, pour convertir les hommes et se faire nourrir en prison par une colombe, avant d'avoir la tête tranchée. Mais surtout élisabeth, la fille du roi de Hongrie, lui devenait un continuel enseignement. à chacune des révoltes de son orgueil, lorsque la violence l'emportait, elle songeait à ce modèle de douceur et de simplicité, pieuse à cinq ans, refusant de jouer, se couchant par terre pour rendre hommage à Dieu, plus tard épouse obéissante et mortifiée du landgrave de Thuringe, montrant à son époux un visage gai que des larmes i

de, cette vierge, vêtue de sa chevelure, qui l'avait protégée sous la porte de la cathédrale. Quelle flamme de pur amour! comme elle repousse le fils du gouverneur qui l'accoste au sortir de l'école! ?Da! hors de moy, pasteur de mort, commencement de peche et nourrissement de felonie.? Comme elle célèbre l'amant! ?Jayme celluy duquel la mere est Vierge et le pere ne congneut oncque femme, de la beaulte duquel le soleil et lune sesmerveillent, par l'odeur duquel les morts revivent.? Et, quand Aspasien commande qu'on lui mette ?ung glayve parmy la gorge?, elle monte au paradis

la gardienne

édrale, ni la Légende aux belles saintes, n'avaient fait d'elle un ange, une créature d'absolue perfection. Toujours des foug

on, elle avait arraché un églantier, puis s'était amusée à le replanter dans l'étroit jardin. Elle le taillait, l'arrosait; il y repoussait plus droit, il y donnait des églantines plus larges, d'une odeur fine; ce qu'elle guettait, avec sa passion habituelle, répugnant à le greffe

que les cheveux blonds, d'une légèreté de lumière, nimbaient d'or. Elle avait grandi, sans devenir fluette, le cou et les épaules toujours d'une grac

d'éveiller leur éternel regret. Aussi, le matin où le mari se décida, dans leur chambre, la femme, tombée sur une chaise, fondit-elle en sanglots. Adopter cette enfant,

moins de quinze ans, par un titre légal, en devenant son tuteur officieux. Les ages y étaient, ils acceptèrent, enchantés; et même il fut convenu qu'ils conféreraient ensuite l'adoption à leur pupille, par voie testamentaire, ainsi que le Code le permet. M. Grandsire se chargea de la demande du mari et de l'autorisation de la femme, puis se mit en rapport avec le directeur de l'Assistance publique, tuteur de tous les enfants assistés, dont il fallait obtenir le consentement. Il y eut enquête, enfin les pièces furent déposées à Paris, chez le juge de paix désigné. Et l'on n'att

passa une semaine, rejeté des uns aux autres, battant le pavé, éperdu, pleurant presque. D'abord, à l'Assistance publique, on le re?ut fort sèchement. La règle de l'Administration est que les enfants ne soient pas renseignés sur leur origine, jusqu'à leur majorité. Trois matins de suite, on le renvoya. Il

communication de l'extrait de naissance, qui devait porter le nom de la sage-femme. Ce fut toute une affaire enc

tiquement. Mais Mme Foucart, une femme énorme, tassée sur des jambes courtes, ne le laissa pas déployer en bel ordre les questions qu'il avait préparées à l'avance. Dès qu'il lacha les prénoms de l'enfant et la date du dép?t, elle partit d'elle même, elle conta toute l'histoire, dans un flot de rancune. Ah! la petite vivait! eh bien, elle pouvait se flatter d'avoir pour mère une fameuse coquine! Oui, Mme Sidonie, comme on la nommait depuis son veuvage, une femme très bien apparentée, ayant un frère ministre, disait-on, ce qui ne l'empêchait pas de faire les plus vilains commerces! Et elle expliqua de quelle fa?on ell

ah! oui, une mère de cette espèce, il valait mieux ne pas la conna?tre! Une heure plus tard, Hubert était à r?der autour de la boutique de Mme Sidonie. Il y entrevit une femme maigre, blafarde, sans age et sans sexe, vêtue d'une robe noire élimée, tachée de toutes sortes de trafics louches. Jamais le ressouvenir de sa fille, née d'un hasard n'avait d? échauffer ce c?ur de

na le dos, il rentra

se, était signé. Et, lorsque Angélique se jeta dans les bras d'Hubert, il vit bien, à l'interrogation s

t, ta mère

a avec passion. Jamais il n'en fu

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