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Les morts commandent

Les morts commandent

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Chapter 1 No.1

Word Count: 6498    |    Released on: 06/12/2017

re famille, se contentait d'aller et de venir depuis une heure dans la chambre, pour tacher de l'éveiller. Jugeant insuffisante

tente, enveloppaient le vaste lit, antique et majestueux, où avaient vu le

iation de Madona, et s'emploie parmi les gen

ecommandé à Mado Antonia de le réveiller de bonne heure, c

s oiseaux pépiaient en ch?ur, sur les branches fleuries, balan

e dirigea vers la cuisine. Jaime Febrer se mit à circuler dans la pièce, de

éconfortante caresse de l'eau froide. En se lavant dans sa pauvre petite cuvette d'étudiant, Febrer jeta sur elle un regard plein de tristesse. Quelle misère! Il manquait des commodités les plus rudimentaires, dans cet

ait aussi vaste qu'une maison moderne. Toutes les baies de l'édifice manquaient de vitres, et l'on était contraint, cet hiver, de tenir tous les vantaux fermés, ce qui ne permettait à la lumière de pénétrer que par les

ieil or mat, où se détachaient les armoiries de la famille. Les murs, très hauts, simplement blanchis à la chaux, disparaissaient dans certai

lage automnal, aboutissant à des ronds-points, où gambadaient des biches, où l'eau tombait goutte à goutte dans de triples vasques. Au-dessu

n, le lit, vénérable monument de famille. Quelques fauteuils anciens aux bras incurvés, dont le velours rouge, éraillé et pelé, laissait voir la blancheur de la trame, voisinaient avec des chaises de paille et un lavabo de pauvre. ?Ah! la misère!? pensa derechef l'héritier des Febrer, possesseur du majorat. La demeure

s, les plus rapides de la marine Majorquine, qui allaient vendre l'huile des Baléares à Alexandrie, embarquaient des épices, des soies et des parfums d'Orient aux Echelles du Levant, trafiquaient avec Venise, Pise et Gênes, ou, franchissant les Colonnes d'Hercule, s'enfon?aient dans les brumeuses mers du Nord, pour port

liances, avaient escorté leurs flottes jusque dans les mers du Nord, pour affronter les pirates anglais. Une fois

mmerciale, avait donné son sang pour défendre des royaumes chrétiens, et fait

t leurs prouesses à leurs petits-neveux et faisaient soigner leurs infirmités et panser leurs blessures par des esclaves musulmanes avec lesquelles ils vivaient, en dépit de leur v?u de chasteté. Des monarques fameux, passant par Majorque, avaient quitté l'Alcazar d'Almudaina, pour visiter les Febrer dans leur pa

recevaient avec un faste royal, les navigateurs d'Orient, vêtus de l'ample culotte plissée, les patrons génois et proven?aux au petit manteau surmonté d'un capuce, et les vaillants capitaines de l'?le, portant le rouge bonnet catalan. Les marchands vénitiens envoyaient des meubles d'ébène, ornés de menues incrustations d'ivoire et de lapis-la

Les richesses affluaient chez eux avec une abondance fabuleuse. Il leur arriva même de prêter à des rois. Et pourtant, Jaime, le dernier de leur race, la nuit précédente, après avoir perdu au cercle les cent dernières pesetas qu'il possédait

e anglaise, sentimentale, fille du gouverneur d'un archipel océanien, avait rencontré Jaime dans un h?tel de Munich. Frappée par sa ressemblance avec Wagner, dont il était le vivant portrait, assurait-elle, miss Mary avait fait elle-même les premiers pas. Charmé de ce souvenir, Febrer souriait en contemplant dans la glace son fro

ns son imagination d'homme blasé et las? Ah! les femmes! s'écria-t-il dédaigneusement, en redressant son corps robuste, au dos un peu vo?té, tant sa taille était haute. Les femmes! depuis bien longtemps, elles avaient cessé de l'i

l plaisait encore, et c'était

pénétrait par l'imposte des fenêtres aux volets clos. Le plancher restait encore dans la pénombre, tandis que les murs, couverts

sseries étaient devenues la propriété de certains usuriers de Palma, qui toutefois avaient consenti à les laisser pour quelque temps encore, accrochées à leur place. Elles y attendaient la venue de

rien ne lui barrait le chemin. Un mois auparavant, il y avait encore là une table italienne, faite de divers

cet objet précieux le fit souvenir d'une cha?ne d'or, présent de Charles-Quint à l'un de ses ancêtres, cha?ne qu'il avait également vendue à Madrid, quelques années auparav

s cette immense pièce au plafond élevé. Elle était assise auprès de la grande cheminée dont l'atre pouvait contenir des troncs d'arbre. La glaciale propreté de cette pièce prouvait qu'elle n'était plus utilisée. Aux murs, de nombre

à aussi, la misère avait laissé sa trace. La longue table était recouverte d'une toile cirée toute fendillée; les dressoirs étaient presque vi

les feux du soleil. Près de ces fenêtres, quelques palmiers balan?aient mollement leurs éventails. A l'horizon

au lait, avec une tartine de pain beurrée. Jaime se mit à déjeuner

au cercle; mais ce n'est pas ma faute. Je voulais pétrir la pate hier, mais je n'avais plus de farine, et j'atten

t son mépris pour le fermier de Son Febr

ux usages du pays, lui servait uniquement à payer les intérêts des divers emprunts qu'il avait contractés, mais en partie seulement, et comme ses dettes ne faisaient que s'accro?tre, il ne lui restait plus que les redevances en nature. A No?l et à Paques, il recevait une couple d'agneaux avec une douzaine de volailles; en automne, deux por

ux, ne s'empressait guère de tenir ses engagements. Il savait que l'héritier du majorat n'était plus le véritable propriétaire de Son Febrer, et maintes fois

nservé le costume de son village: casaquin foncé, garni aux manches d'une double rangée de boutons, jupe claire à ramages, guimpe

e monde fuit les pauvres, et, un de ces jours, si ce coquin ne nous apporte pas

l était bien le vivant portrait de son grand-père, don Horacio,

t cela finira aujourd'hui même. Sache-le, avan

our exprimer son étonnement; pu

beaux jours que Monsieur aurait d? y pen

campagnarde s'éveill

elle

t point. Seule, une femme apportant en dot une gr

ffirma la vieille, pour obteni

moi, trop jeune. Vingt-deux ans envir

lle le proclamait bien haut, elle qui l'admirait, depuis que, tout enfant, elle

emanda-t-elle encore, pour vain

l palit un peu, puis il dit, d'un ton énerg

une c

ist, si vénéré à Palma; mais tout à coup, les rides de son visage

plus stupéfiantes, les plus incroyables, avec une gravité qui trompait les

hueta... la fille de don Benito Valls: C'est p

outes de la servante. Elle resta bouche béante, les bras tombant,

mon Dieu!

, qu'un gros nuage venait de cacher le soleil, que la mer se plombait et qu'elle allait lancer ses vagues houleuses

. mon Dieu!.

eil séculaire. Ce vieux palais avait assurément une ame. D'habitude, elle entendait les meubles craquer, les tapisseries s'agiter et bruire, la harpe dorée de l'a?eule de don Jaime vibrer, et elle n'en éprouvait nulle crainte, car elle savait que les Febrer avaient toujours été d'honnêtes gens, si

n ma?tre. Elle n'avait plus peur, mais elle ressentait une tristesse profonde, e

éprouverait la tante de Jaime, qui était la dame la plus noble et la plus pieus

serai de retour à l

fait tant de miracles, lorsqu'il était venu prêcher à Majorque. Qu'il en f?t un de plus, pour empêcher de se réaliser le monstrueux projet de don Jaime! Qu'un énorme quartier

tiers du rez-de-chaussée. Une sorte de loggia à l'italienne, formée de cinq arcades, soutenue par de fines colonnettes, s'étendait en haut de l'escalier et donnait accès, par deux portes, aux deux

ées qui ornaient les paliers, amphores qui, sous le choc, rendaient un son de cloche. La rampe de fer, oxydée p

rrosses et tout un escadron de cavaliers. Douze colonnes massives, en marbre veiné de l'?le, soutenaient les arcades de pierre simplement taillée, sur lesquelles reposait un plafond aux poutres noircies par le temps. Le pavé était formé d'un cailloutage, verdi de mou

percés d'une grande porte, armée au cintre d'une herse de bois, dont les dents semblaient être d'un poisson g

ouvent de religieuses, tandis que d'autres avaient été acquises par de riches Majorquins, qui, en surchargeant l'édifice de balcons modernes, en avaient détruit l'unité primitive, visible encore dans la ligne des auvents et des toits. Quant aux Febrer, ils avaient d?, pour accro?tre leurs revenus, se réfugier dans la partie du palais donnant sur les jardi

ng des colonnes qui soutenaient les corniches, surmontées de trois grands médaillons. Dans celui du centre, était sculpté le buste de l'empereur, avec cette inscription: Dominus Carolus Imperator 1541, rappelant le passage de Charles-Quint à Majorque, lors de la malheureuse expédition d'Alger. Ceux des c?tés figuraient les armes de Febrer, soutenues par des poissons à têtes d'hommes barbus. Au premier étage, ornant les montants et les corniches des larges fenêtres, des rinceaux, formés d'ancres et de dauphins, rappelaien

amoncelées dans les brèches des murailles. Après son mariage, lorsque la fortune du vieux Valls aurait passé dans ses mains, tous s'émerveilleraient de voir la

it d'un torrent qui partageait la cité en deux villes ennemies: Can Amunt

boutique. Febrer reconnut leurs costumes, très différents de ceux des paysans marjorquins. C'étaient des gens d'Ivi?a. Le nom de cette ?le évoquait en lui le souvenir, déjà lointain, d'une ann

à moitié féminin qui contrastait avec la rudesse de son brun visage de Maure, il portait sous son chapeau un foulard noué au menton, dont les pointes retombaient sur le dos. Le fils, d'environ quatorze ans, était vêtu de la même fa?on. Il avait un pantalon également large d'en haut, et rétréci à la jambe, mais il ne portait ni mante ni foulard. Un ruban rose,

us un fichu jaunatre, parsemé de fleurs rouges. Les manches de velours, d'une couleur autre que celle de son corsage, étaient ornées d'une double rangée de boutons en filigrane, ?uvre des orfèvres juifs. Une triple cha?ne d'or d'où pendait une croix, brillait sur sa poitrine; les mailles en étaient si grosses que, si elles n'av

s terrasses des cafés. Blanche et rose, elle n'avait pas les traits rudes et le teint cuivré des campagnardes. Son visage rappelait, par sa paleur nacrée, celui d'une

plation devant une vitrine d'armurier. Ils examinaient, une à une, les armes exposées, avec des yeux ardents et une mine de dév

riait-il avec la surprise joyeuse de celui q

semblaient de merveilleuses ?uvres d'art: fusil à percussion centrale, carabines

étant dans la vitre, fit r

me! ah!

e peu s'en fallut qu'en étreignant les ma

de nous présenter chez vous... Avancez, les enfants! et regardez bien. C'est don Jaime! c'est le

parvenait pas à coor

onnaissez pas, se?or? Voy

il n'y a que six ou sept noms de famille, et un quart des ha

Arabi, de C

ui en était le fermier, comme l'avaient été son père et son a?eul. Jaime avait alors quelque fortune, pourtant, mais à quoi lui servait cette propriété, située dans une ?le écartée, où il ne retournerait jamais? Aussi d'un geste généreux de grand seigneur, l'avai

u gar?on honnête et travailleur qui épouserait Margalida. Elle avait déjà plusieurs prétendants; dès son retour, allait commencer la saison des festeigs, ces traditionnelles cours d'amour, et elle choisirait un mari. Quant à Pépet, il était appelé à de plus hautes destinées; il serait prêtre, et quand il aurait dit sa première messe, il deviendrai

ncore... Puis, ils ne s'étaient revus qu'une fois à Palma, quand don Jaime lui avait vendu le domaine (grande faveur dont il lui était to

nt eu dix heures de navigation avec une mer magnifique. La fille portait leur d?ner dans le panier. Ils repartiraient

'année précédente, la récolte avait été bonne, et cette année, elle promettait de n'être pas mauvaise. On vendait les amandes un bon prix aux patrons de barques, qui les transportaient à Palma et à Barcelone. Il avai

s pouvaient bien être ces terres-là?... Il p

isant sur la pente des terrasses en étage, pour la culture. C'était au sommet de cette falaise que se trouvait la tour du Pirate. Le se?or devait certainement se la rappeler... U

ait sur un rocher calcaire, une saillie de la c?te, où, dans les interstices de la pierre, poussaient des plantes sauvages. Le vieux fortin n'était qu'une r

mblait, car lui, il ne retournerait jamais dans ces lieux, depuis longtemps oubliés. Comme le paysan parlait de l'indemniser, don Jaime l'arrêta d'un geste de grand seigneur. Puis il se mit à r

salue le se?or.

ssés, le sang au visage, saisit d'une main l'un des c

ervante,

ongtemps que le paysan connaissait Mado Antonia. Elle serait heureuse de les voir. Ils prendraient

ép! au revoir

d'une de ces voitures qu'on voit seulement à Majorque, véhicu

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