Jean Ziska
usion de l'antipape Boniface. ?Les moeurs bassement crapuleuses de Wenceslas choquèrent fort la cour de France, qui mettait au moins de l'élégance dans le libertinage: l'empereur était ivre
impériaux paya les subsides à Wenceslas, l'autre à Rupert. Sigismond brocha sur le tout, inonda la Bohême de ses garnisons et la désola de ses brigandages, s'arrogeant la souveraineté effective en attendant mieux, persécutant son frère dans l'intérieur de son royaume, soulevant la nation contre lui, et s'effor?ant d'user les derniers ressorts de cette volonté déjà morte. Ainsi rien ne ressemblait plus à la papauté que l'Empire, puisqu'on vit vers le même temps trois papes se disputer la tiare, et trois empereurs s'arracher le sceptre des mains. Et l'on peut
etour) Hen
etour) Mor
ouvé de sympathie pour personne. Sigismond aida les mécontents à lui faire un mauvais parti, et un beau matin, en 1393, l'empereur Wenceslas fut mis aux arrêts dans la maison de ville, ni plus ni moins qu'un ivrogne ramassé par la patrouille. Il s'en échappa tout nu dans un bateau, où une femme du peuple le recueillit, à telles enseignes qu'il en fit, dit-on, sa femme. Cependant Sigismond, levant le masque, fondait sur la Bohême. Les Bohémiens relevèrent leur fant?me de roi pour tenir l'usurpateur en respect et le repousser. Wenceslas n'en fut pas plus sage, et se mit en besogne de vendre son royaume pour boire. Il commen?a par la Lombardie, qui était un fief de l'Empire et qu'il donna à Jean Galéas Visconti pour 150,000 écus d'or. Il avait déjà perdu les villes, forts et chateaux de la Bavière, que Rupert, l'électeur palatin, lui avait enlevés; si bien que, traduit au ban de l'Empire, déclaré relaps, ha? des siens, méprisé de tous, déposé le lendemain de son nouveau mariage avec Sophie de Bavière, il se trouva, en 1400, réduit à sa petite Bohême. Pour un prince juste, aimé de son peuple, c'e?t été pourtant une forteresse inexpugnable. La division et le morcellement des plus grandes puissance
te d'interrègne, qui dura encore une quinzaine d'années, si l'anarchie gagna les institutions et paralysa les moyens de développement matériel, il se fit en revanche un grand travail de recomposition dans les idées religieuses et sociales. L'esprit réformateur, qui, sous divers noms et sous diverses formes, fermentait en France, en Hollande, en Angleterre, en Italie et en Allemagne depuis plusieurs siècles, commen?a à asseoir son siège en Bohême, et
ruire la nationalité de leur domination. Przemysl-Ottokar II posséda, avec la Bohême, l'Autriche, la Carniole, l'Istrie, la Styrie, une partie de la Carinthie, et jusqu'à un port de mer, ce qui, pour le dire en passant, pourrait bien purger la mémoire de Shakspeare d'une grosse faute de géographie7. Il fit la guerre aux pa?ens de Prusse, leur dicta des lois, batit Koenigsberg, prit sous sa protection Vérone, Feltre et Trévise, et refusa par excès d'orgueil, dit-on, plus que par modestie, la couronne impériale, qui échut à Rodolphe de Habsbourg, lequel le dépouilla d'une partie de ses domaines. Après lui, Wenceslas IV fut élu roi de Pologne. Wenceslas V, qui réunit la Hongrie à ces possessions, se perdit dans la débauche, fut assassiné à Olmutz et termina la dynastie nationale. Cinq ans après, Jean de Luxembourg montait sur le tr?ne de Bohème, et l'influence allemande commen?ait à irriter les Bohémiens, livrés pour la première fois depuis tant de siècles à une main étrangère. Jean, politique habile et ambitieux, comprit son r?le, renvoya les fonctionnaires allemands et promena sa nobles
om de Francs, s'obstinaient à nous appeler Celtes. Les Boiens furent expulsés de la contrée à laquel
ion du paysan-roi se retrouve
ur un navire un de ses personnages en Bohème. Ce pouvait être la port de Naon qu'acheta le
épondait, en montrant ses docteurs échauffés à la dispute: ?C'est ici mon souper; je n'ai pas d'autre faim.? Malgré cette sollicitude paternelle pour l'éducation des Bohémiens, ceux-ci ne l'aimèren
té, et produisit Jean Huss, qu'elle envoya, comme le plus beau fleuron de sa couronne, au concile de Constance. Les pères du concile ne lui renv
sent pas ainsi dans la vie des nations. Permis aux pères des conciles de dire, dans le style du temps, que le royaume de Bohême, jusque-là fidèlement attaché à la religion, était devenu tout d'un coup l'é
es, c'est pour vous que j'écris, et ce que j'ai lu de tout cela, je vous le résumerai en peu de mots, d'autant plus qu'à cet égard l'histoire n'existe pas; l'histoire n'est pas faite. Rien de plus obscur et de plus embrouillé que la certitude de certains faits dans le passé. Peut-être faudrait-il s'occuper un peu de chercher celle du fait
ns le passé: l'église a été forcée de l'écrire selon ses intérêts, ses ressentiments et ses terreurs. Les souverains ont fait écrire l'histoire, et les souverains ont fait comme l'église. Comme le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ont été aux prises éternellement, voilà déjà de grandes contradictions entre les historiens des deux camps. Puis les philosophes et les hérétiques ont écrit l'histoire
des montagnes de matériaux, l'avenir en profitera. Le présent s'en effraie et y porte une main timide. Mais vienne le réveil des grands sentiments, vienne un siècle des lumières qui
ceux du passé. Quelques esprits élevés ont jeté de siècle en siècle une certaine clarté progressive sur cet ab?me ténébreux. De nos jours de rares intelligences ont indiqué la route; la notion d'une nouvelle méthode supérieure à l'ancienne s'est répandue et tend à se populariser, en dépit de l'hypocrisie sceptique de l'égli
serions déjà bien avancés, et il ne faudrait pas se plaindre: demain nous aurions nos Hérodotes et nos Tacites. Mais nous n'en sommes pas là, et les plus instruits de nos ma?tres avouent qu'il y a des c?tés (selon moi, ce sont les plus importants) où tout est plongé dans un épais brouillard. Telle est l'histoire des hérésies; je ne vous citerai que ce
que cette sainte mère l'hérésie nous a engendrés tout aussi légitimement, tout aussi puissamment que notre autre mère la sainte église. L'une nous a baptisés, confessés et dirigés de siècle en siècle à la lumière du jour; l'autre nous a travaillé le coeur, réchauffé l'esprit; elle nous a tourmentés, inspirés, poussés en avant
otre coeur se développat plus librement que celui des hommes, et que vous conservassiez le feu sacré de l'amour, les trésors du dévouement, les charmes attendrissants de l'incurie romanesque et du désintéressement aveugle. Voilà pourquoi, pauvres femmes, nobles êtres qu'il n'a pas été au pouvoir de l'homme de dégrader, voilà pourquoi l'histoire de l'hérésie doit vous intéresser et vous toucher particulièrement; car vous êtes les filles de l'hérésie, vous êtes toutes des hérétiques; toutes vous protestez dans votre coeur, toutes vous protestez sans succès. Comme celle de l'église protestante de tous les siècles, votr
hérésie au point de vue du sentiment, parce que
contraire aux desseins de Dieu, des idées profondes ont surgi; qu'elles ont pris toutes les formes, même celles de l'erreur et de la folie: enfin, que mille sectes philosophiques se partagent l'empire des esprits. Vous avez entendu parler de celles qui ont fait la révolution fran?aise, des jacobins, des montagnards, des girondins, des
ontre l'homme (du fils même contre le père dans la législation, puisqu'il a fallu reconquérir la suppression du droit d'a?nesse); de l'ouvrier contre le ma?tre, du travailleur contre l'exploitateur, du libre penseur contre le prêtre gardien des mystères, etc.; lutte générale, universelle, portant sur
humain ait enfanté toutes ces manifestations pour la première fois depuis cinquante ans. Il faudrait, pour cela, supposer que depu
inquisition et l'auto-da-fé des documents, ont craint de se tromper et de s'égarer; les autres ont tout simplement méprisé la question, soit qu'ils ne s'intéressassent point à celle qui agite notre génération, soit qu'ils n'aper?ussent point ses rapports avec l'histoire des anciennes sectes. Parmi les anciens historiens, c'est bien autre chose. D'abord il y a plusieurs siècles (et ce ne sont pas les moins re
n surtout, ont commencé à jeter un nouveau jour sur ces questions, et à les traiter avec l'attention qu'elles méritent. Je ne parle pas des beaux
aine; mais le sentiment qui enfanta ces idées condamnées et violentées ne pouvait périr dans le coeur des hommes. L'idée de l'égalité était indestructible; les
s aboutissent enfin à des guerres sociales. Les questions se posent plus nettement, non plus tant sous la forme de propositions mystiques que sous celle d'articles politiques. Bient?t après arrive la réforme de Luther, les g
sent et à poursuivre une lutte active. Mais il faut bien avouer aussi que ses docteurs et ses historiens manquèrent souvent de courage et reculèrent avec effroi devant l'acceptation du passé. Ce passé était rempli d'excès et de délires. Nous l'avons dit plus haut, c'était le temps de la violence; et les hussites le disaient dans leur style énergique: C'est maintenant le temps du zèle et de la fureur. Nous dirons, plus tard, comment ils se croyaient les ministres de la colère divine. Mais ces délires, ces excès, ce zèle et cette fureur ne dévoraient
is non moins timides, s'attachèrent à blanchir la mémoire de leurs a?eux dans l'hérésie de tous les excès qui leur étaient imputés. De là résulta une foule d'écrits, qu'il peut être bon de consulter, parce qu'il
l raille et méprise plus souvent qu'il n'admire. M. de Beausobre, dans ses travaux très-supérieurs comme intelligence, comme érudition et comme aper?u de sentiment, s'efforce de nier des faits qui ont cepend
alité évangélique, contre l'inégalité pa?enne des droits dans la famille, dans l'opinion, dans la fidélité, dans l'honneur, dans tout ce qui tient à l'amour même. Pauvres laborieux ou infirmes, c'est toujours votre lutte contre ceux qui vous disent encore: ?Travaillez beaucoup pour vivre très-mal; et si vous ne pouvez travailler que peu, vous ne vivrez pas du tout.? Pauvres d'esprit à qui la société maratre a refusé la notion et l'exemple de l'honnêteté, vous qu'elle abandonne aux hasards d'une éducation sauvage, et qu'elle réprime avec la même rigueur que si vous connaissiez les subtilités de sa philosophie officielle, c'est toujours votre lutte. Jeunes intelligences qui sentez en vous l'inspiration divine de la vérité, et qui n'échappez au jésuitisme de l'église que pour retomber sous celui du gouvernement, c'est toujours votre lutte. Hommes de sensation qui êtes livrés aux souffrances et aux privations de la misère, hommes de sentiment qui êtes déchirés p
é chrétienne sans vouloir restituer à notre connaissance et à notre méditation l'histoire des hérésies, c'est vouloir conna?tre et juger le cours d'un fleuve dont on n'apercevrait jamais qu'une seule rive. On raconte qu'un Anglais (ce pouvait bien être un bourgeois de Paris), ayant loué, pour faire le tour du lac de Genève, une de ces petites voitures suisses dans lesquelles on voyage de c?té, se trouva assis de manière à tourner constamment le dos au Léman, de sorte qu'il rentra à son auberge sans l'avoir
vous reportez vos regards sur la vérité actuelle, comment vous expliquez-vous ce
int Pierre, étourdi d'une pareille explication, appelat saint Jean pour le tirer de cet embarras; saint Jean, qui en savait et en pensait plus long que lui sur l'égalité, lui dirait: ?Prenez garde, frère, j'ai bien peur que le coq n'ait chanté sur le clocher de votre église romaine.? Et alors, appelant le pape à rendre témoignage: ?Qu'avez-vous donc fait vous et les autres, pour que les fanatiques de l'égalité se portassent à de tels excès contre vous et votre culte?-Nous avions fait notre devoir, répondrait le pape; nous avions condamné et persécuté Jean-Jacques Rousseau, Diderot et tous les fauteurs de l'hérésie.? Alors saint Jean voudrait savoir qui étaient ces grands saints qui avaient résisté à l'église au n
dans leur principe d'unité. Ils font là un grand oeuvre; et plusieurs d'entre eux, préservant à certaines époques la société chrétienne des bouleversements de la politique, de l'ambition brutale des despotes séculiers, et de l'envahissement des nations aux instincts barbares, sont dignes d'admiration et de respect. Mais tandis qu'ils soutiennent cette lutte au no
, ils font sortir de son sein de nouveaux docteurs qui, sans s'adjoindre à eux officiellement, et souvent même en s'en détachant tout à fait, continuent leur oeuvre, entrent en guerre ouverte avec l'église, sont flétris du nom d'hérétiques, agitent les masses, se répandent dans le monde sous divers noms, y prêchent le principe sous divers aspects, et partout y subissent la persécution. Mais le destin de l'hérésie n'est pas de triompher brusquement de l'église; elle ne peut que la miner sourdement, l'ébranler quelquefois par l'explosion des menaces populaires, être ensuite sa dupe, son jouet, sa victime, et finir par le martyre pour rena?tre de ses propres cendres, s'agiter encore, s'engourdir dans la constitution avortée du luthérianisme, et se fondre enfin dans la philosophie fran?aise du dix-huitième siècle. Vous savez le reste de son histoire, je vous en ai indiqué la trace. Elle revit aujourd'hui en partie dans la grande insurrection permanente des Chartistes, et en partie dans les associations profondes et indestructibles du c
antité d'autres que je ne vous nomme pas, n'en forme qu'une non plus, quoi qu'en puissent dire les érudits qui ont voulu faire de si grandes distinctions entre elles10. C'est l'histoire du Joannisme, c'est-à-dire l'interprétation et l'application de l'évangile fraternel et égalitaire de saint Jean. C'est la doctrine de l'évangile éternelle ou de la religion du S
t qu'une vérité banale; c'est qu'il est fort difficile de s'entendre sur les moyens d
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