Recits d'un soldat Une Armee Prisonniere; Une Campagne Devant Paris
te en pressant le pas. Leur nombre augmentait à mesure que la voiture avan?ait. Bient?t la route se trouva presque encombrée par les malheureux qui poussaient devant eux le
cette fièvre des premiers jours. J'étais non plus à l'Opéra, mais au milieu de campagnes désolées que leurs habitants abandonnaient. La ruine et l'incendie les balayaient comme un troupeau. L'un de ces fugitifs
réjouissances des fêtes officielles. Elle empruntait au silence des campagnes et au spectacle de cette route où fuyait une foule en désordre, un accent formidable qui faisait passer un frisson dans mes veines. Plus tard je
le désordre et le trouble que j'avais déjà remarqués à Rethel n'étaient pas moindres à Mézières. Un employé près duquel je parvins à me glisser après de longs efforts, me jura, sur ses dossiers, que personne dans l'admini
vir votre pays, reprit-il, c'est pourq
pour Lille
ts divers très-bien choisis. Vous y serez admis d'emblée, et là certainement vous trouverez enf
départ de Paris, elle n'était ni douce, ni consolante. Au lieu de la bataille, le dép?t! L'oreille basse, je poussai devant moi tristement à travers les rues. Des militair
ais passer la nuit. Une servante, sa chandelle à la main, me conduisit dans une espèce de galetas dont un vieux lit mal équilibré occupait tout le plancher.
nce impérial qu'on éveille, me dit-elle. Les trompettes sonnaient partout le boute-selle pour un départ qui ne devait point avoir de retour. Des cavaliers passaient au galop dans la rue;
de vingt régiments. A neuf heures et demie, la locomotive s'ébranla lourdement. On voyait ?à et là des grappes de pantalons garance sur les plates-formes et les marchepieds, ceux-ci debout, ceux-là couchés. De temps à autres, des convois chargés de soldats, de canons et de chevaux saluaient au passage le convoi qui s'éloignait de Mézières. C'était l'armée du général Vinoy, qui allait appuyer l'armée du maréchal Mac-Mahon, et qui dev
es, le détachement du
ai auprès du lieuten
ur? lui
qua l'officier d'un ton sec; puis m
ous? et surto
demande en terme
dit le li
n. L'influence de la pipe, dont le tuyau d'ambre sortait de ma poche, me permit l'entrée d'une tente où l'hospitalité la plus cordiale m'accueillit sur un pan de gazon. Mon tartan, que je n'avais pas quitté depuis mon départ de Paris, me servit de matelas et de couverture, et je m'endormis entre mes camarades. Lorsque par hasard j'entrouvrais les yeux, et qu'à la lueur pale de quelques tisons br?lant ?à et là j'apercevais ce pêle-mêle de jambes enfouies dans d'immenses culottes, et de têtes cachées à demi sous le fez rouge, des rires silencieux me prenaient. Je fus réveillé par la rosée qui transper?ait mes vêtements et me gla
riai-je en le tenant sus
ia un vieux zouave che
rdai un pe
et tu n'en as pas, ce qui est la faute du gouvernement; cependant en voici un qui se bala
l m'en coiffa. Un cou
t-il, en route à présent, le lieutena
nt dans la campagne. On voyait ?à et là, au-dessus des haies, des panaches de fumée blanche; toutes les têtes étaient aux portières. Le convoi allait au devant de la bataille. Un mélange d'angoisse et d'impatience m'agitait. En ce moment, un zouave parut sur le marchepied, et avertit ses camarades, de la part du lieutenant, qu'ils devaient se tenir prêts à tirer. En un clin d'oeil, tous les chassepots furent chargés et armés. Le wagon s'en trouva hérissé, et la locomotive prit une allure plus rapide. On n'apercevait au loin que quelques groupes noirs ondulant dans la plaine. Des yeux per?ants croyaient y reconna?tre le casque à pointe des Prussiens. Tout à coup un obus parti d'un point invisible s'enfon?a dans le remblai du chemin de fer; un autre, qui le suivait, écorna l'angle d'un wagon. Le convoi en fut qu
fallait-il pas des hommes de bonne volonté pour enlever ces provis
e ce c?té-là. Toutes les oreilles étaient tendues, tous les coeurs oppressés. Brusquement un sergent me tira de mon repos, et, faisant l'appel des hommes qui n'étaient pas armés, me conduisit avec quelques-uns de mes camarades à la citadelle, où enfin on nous distribua des fusils. Le commandant de place, qui assistait à cette distribution, fit aux zouaves une courte allocution pour les engager à s'en bravement servir, et au pas gymnastique le sergent nous ramena à la porte de Paris, où l'on se disposait à recevoir une attaque. Des bourgeois effarés allaient et venaient. Il y avait de grands silences interrompus par de sourdes détonations. Un cortège passa portant un uhlan à moitié mort couché sur deux fusils. De ces