Recits d'un soldat Une Armee Prisonniere; Une Campagne Devant Paris
avance avec un temps déterminé pour la parcourir. Nous étions partis de Sedan à onze heures un quart, et nous arriv
lli ne dégagèrent ar?mes plus savoureux; mes narines les aspiraient non moins que mes lèvres. Il y avait huit ou dix jours à peu près qu'une bouchée de nourriture honnête ne les avait traversées. On parlait beaucoup à mes c?tés, et les récits s'entre-croisaient avec les questions; je n'entendais rien, je mangeais. On ne sait pas quel vide peuvent creuser dans l'estomac d'un volontaire, majeur depuis un an à peine, l'abus du son délayé dans l'eau pur
'essayai de me dresser. Ce ne fut pas sans une certaine difficulté
ir fait une ample provision de rhumatismes du c?té de
dit un peu de force; lorsqu'on se réunit pour le départ, je demandai la permission d'emporter les morceaux de pain qu'on oubliait. Laisser du pain sur une table quand la veille encore j'aurais été chercher un quart de biscuit en rampant sur le ventre! On me l'accorda, et j'en remplis mes po
enay des capitaines comme les zouaves du 3e régiment. Le besoin faisait dans la colonne autant de ravages que la fatigue. Les retardataires s'en détachaient comme les feuilles mortes d'un arbre que le vent secoue. Ces malheureux étendus par terre, les gardiens accouraient et les frappaient à coups de crosse. Un coup, deux coups, trois coups, jusqu'à ce qu'ils fussent remis sur pied. Autant de coups qu'il en fallait, et, si les coups de crosse
me disait un chasseur d'Afrique qui enfon?
heures. Après la halte d'une demi-heure qu'on nous accorda vers midi, j'eus quelque peine à me mettre debout. L'un de mes pieds, le pied gauche, avait la pesanteur du plomb. Il me devenait impossible de conserver ma bottine, qui me blessait et m'occasionnait à chaque pas d'intolérables souffrances. Je jetais des regards d'envie sur les talus gazonnés du chemin. Les animaux avaient le droit de s'y reposer. Je voyais au milieu des champs des boeufs étendus dans l'herbe, et il me fallait marcher toujours; n'en pouvant plus, je tombai sur un tas de pierres et retirai ma chaussure. Les soldats prussiens, chaussés de bottes excellentes, me regardaient faire, tout prêts à mettre le
n passant un camarade qui me
alheureusement au bout d'un quart d'heure il ne restait rien de mes chaussettes de laine
toute grande, on nous y poussa et la porte se referma: nous venions de trouver le g?te que nous destinait la discipline prussienne. Il y avait là dans la nef et le choeur huit cents hommes à peu près. Il pleuvait depuis quarante-huit heures avec des intermittences de rafales et d'averses; il
un zouave, je l
las, des bancs de bois pour oreillers. Le pauvre curé de cette malheureuse église nous prit en pitié. Grace à lui, nous e?mes un peu de pain et quelques boisseaux de pommes de terre. Il allait et venait parmi nous, les lèvres pleines de bonnes paroles et nous consolant de son mieux. Une vive clarté pénétra tout à coup dans l'église; c'était le bois du bon curé qui br?lait. Fran?ais et Pruss
t général paralysait mes membres. Les deux jambes surtout avaient la roideur du bois. J'abaissai lentement un regard mélancolique sur mon pied. était-ce bien celui que je possédais la veille? Il e?t suffi aux ambitions d'un géant. Il était énorme, enflé, tuméfié. Il fallait cependant le poser par terre. On devait partir à huit heures un quart. Et comment ferais-je, si un apprentissage n'habituait pas mon malheureux pied aux tortures de la marche? Je touchai les dalles timidement par le talon, et par de lentes progressions j'arrivai à le poser à plat. Le pied posé, il fallait se lever; levé, il fa
ssaient au travers d'un voile gris. Je me rappelle que des paysans, émus de compassion sur le passage de cette colonne qui se tra?nait avec des cassures intermittentes et des mouvements d'animal blessé, venaient quelquefois sur les bords de la route placer à notre portée des vases pleins d'eau et des écuelles de lait. Si l'un des prisonniers, harcelé p
m'écartai de la route, la main tendue, le soldat prussien qui me suivait leva la crosse de son fusil et la laissa retomber sur mes reins avec une telle violence, que du coup je me trouvai par terre, étendu sur la face. Cette secousse et cette chute me donnèrent la mesure de mon accablement. Je me
ude sans nom, j'avais failli me laisser choir sur un tas de pierres; mais j'entendais derrière moi le pas lourd de mon gardien, et une apre volonté de vivr
parole de se trouver demain à neuf h
e ne ré
ssieurs, reprit-il
l'état où m'avait mis cette dernière étape, la question de la distance l'emportait sur toutes les autres. Mes yeux interrogeaient les maisons pour y découvrir l
ouaves? me dit-il. Et su
ureuse, si les officiers qui sont ici voulaient bien accepter l
. avait un coeur de mère. Elle se mit devant la porte, et déclara nettement qu'aucun de nous ne sortirait. L'excellente femme! Aucun de nous ne se fit prier, et je donnai l'exemple en me dirigeant vers le grenier, cahin-caha. C'était non pas une botte de paille qui m'y attendait, mais un matelas, le premier que j'apercevais depuis mon départ
besoin de rie
e avait seize ou dix-sept ans, le sourire aimable, le regard doux, un air de candeur q
pouviez me procurer des bandes de toi
sur le bord du matelas. Elle joig
re, reprit-elle, elle
, deux minutes après, madame L... était auprès
blessé? me dit-elle en s'a
dans un baquet d'eau. Elle retint une exclamatio
uvre pied!
onner avec une bonté qui me touchait. Tout en parlant, elle roulai
s d?né? reprit-
ouai l
oi, la table est assez gra
remercier et perme
urq
amais! Les officiers de zouaves qui me connaissent y consentiraient certainement,-il y a entre les hommes du régiment et dans le malheur commun qui nous frappe une sort
veux cependant que vou
e fantassin; il
rance éteinte, les choses m'apparurent sous un aspect moins triste. Il y avait encore du bon dans la vie. L'appétit s
t devant un grand feu. La broche tournait, les casseroles pleines jusqu'au bord mijotaie
ici un coin pour
bien! cria
n d'une nappe de toile bise fort propre; plongeant alors la louche d'étain dan
.. après vous me direz
drissait la bonne fille.-Faut-il qu'il ait j
on délayé dans de l'eau... et de
et ce sont des chréti
iens à leu
les yeux avec le coin de son tablier d'un air de t
éfléchir. Je me sentais dispos et en belle humeur. Où et quand trouverais-je une occasion meilleure pour m'évader? La surveillance semblait s'être détendue