Robert Burns
e avoir été, de tout temps, une nation musicale. Le soutien des chansons, la musique, y tient partout sa place dans la vie populaire. Elle en accompagne tous les actes. Aux baptêmes,
s, pour exciter l'ardeur de leurs moissonneurs, leur adjoignissent un cornemusier, qui jouait tandis que les faux se démenaient dans les épis; il avait une part de moissonneur[88]. On rentrait la récolte au son des violons. Les concours de cornemuse étaient fréquents. Les chemins étaient parcourus par des musiciens ambulants[89]. Encore aujourd'hui, il est impossible de faire un voyage en écosse sans en rapporter une vive impression musicale. Pa
l'air entier de l'écosse, parmi le peuple des campagnes, était parfumé de chansons. Vous entendiez la laitière chanter une vieille chanson, en trayant les vaches dans le pré ou dans l'étable; la ménagère vaquait à son travail ou filait à son rouet, avec un lilt sur les lèvres. Vous pouviez entendre, dans une glen des Hautes-Terres, quelques moissonneuses solitaires chanter, comme celle que Wordsworth a immortalisée. Dans les champs des Basses-Terres, à la moisson, tant?t l'un, tant?t l'autre des faucheurs prenait une
ssus des métiers. Il y a dans ces lignes un tableau de misère et un hommage de gratitude qui sont d'une grande éloquence. C'est une page qu'on peut lire avec soin, car elle en apprend beaucoup sur la vie morale des plus pauvres classes en écosse. ?Comme elles résonnaient, s'écrie-t-il, au-dessus du fracas d'un millier de métiers! Laissez-moi proclamer ce que nous devons à ces esprits de la chanson, quand ils semblaient aller de métier en métier, soutenant les découragés. Quand la poitrine est remplie de tout autre chose que d'espérance et de bonheur, que le refrain salubre et vigoureux éclate: Un homme est un homme malgré tout, et le tisserand surmené reprend c?ur... Qui osera mesurer l'influence de ces chansons? Pour nous, elles
nneur comme Dugald Graham, ont écrit des chansons aussi délicates que les plus savants[96]. Il n'est pas jusqu'à un bandit comme Macpherson qui, à la veille d'être pendu, n'ait mis ses adieux en une chanson dont les refrains ont été repris par Burns.[97] Et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que les chansonniers les plus illustres de l'écosse, je ne dis pas sortent des rangs les plus humbles, mais y vivent[98]. En mettant à part Burns qui éclipse les autres, on rencontre dans l'histoire de la chanson écossaise, des noms comme de ceux de Ramsay qui fut coiffeur, et de Fergusson, un pauvre commis; de Tannahill qui était tisserand, et de James Hogg qui était berger. Cette origine populaire est même ce qui distingue le recueil des chansons écossaises de celui des chansons anglaises; celles-ci sont presque toutes dues à de véritables littérateurs[99]. Les femme
David Sillar, le ma?tre d'école d'Irvine; William Simpson, un autre ma?tre d'école à Ochiltree; c'est le brave Lapraik, le fermier dont on chantait les chansons aux veillées d'hiver[100]. N'est-ce pas parce qu'il avait entendu de lui une jolie chanson d'affection conjugale, que
s nous t?nme
er et trico
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par dessus
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l étai
Dumfries, c'est un gentilhomme campagnard, comme John Riddell, un acteur ambulant, comme Turnbull[105]. Les femmes sont plus surprenantes encore. Dans la haute société d'édimbourg, nous trouvons Mrs Cockburn, l'auteur des Fleurs de la Forêt, que Burns a fait insérer par Thomson dans son recueil: Les ?Fleurs de la Forêt sont un charmant poème, et devraient être, doivent être mises sur les notes; mais, bien que hors des règles, les trois stances commencent: J'ai vu le sourire de la Fortune tro
les colli
olie bruyè
contré une j
es brebis ras
euse, et qui, à l'un ou l'autre de ces deux titres, a visité la plupart des maisons de correction de l'ouest. J'ai recueilli cette chanson de ses propres lèvres, tandis qu'elle tra
t-il possible que, comme pour les ballades, il les ait entendues sans les go?ter, qu'il les ait connues sans les
es surtout, qui généralement expriment un sentiment simple. Sauf l'orthographe, une chanson d'amour du XVIe siècle peut servir à un amoureux d'aujourd'hui. Avec sa vigueur de pensée qui faisait toujours porter sa poésie sur la substance des choses, Wordsworth a bien marqué cette différence entre les
dira-t-elle ce
vers plaintifs
ens malheur
ailles du
ce un chant
milière d'
n deuil, une
et peuvent exi
culer autour de lui. Il devait trouver en elles quelque chose de la vie actuelle, réelle, présente, telle qu'il l'aimait, la
ère, il en avait été bercé. Son premier amour fut en partie inspiré par elles, car il aima la première fillette qu'il ait aimée, la petite moissonneuse, parce qu'elle chantait doucement. Sa p
conduisais mon chariot ou que j'allais au travail, chanson par chanson, vers par vers, notant
re fut d'écrire une chanson e
n v?u, je me rapp
jusqu'à ma d
uissamment
'amour de la pauv
e un plan ou u
ns, chanter un
chiez que toutes mes premières chansons d'amour furent l'expression d'une passion ardente?[113]. Bien qu'il n'ait écrit que relativement peu de chansons pendant la
des hommes, aux pierres oublieuses et à l'insensible nature où elles ont frémi. Dans le recueil de Whitelaw, qui contient douze cents chansons environ, on n'en relève pas moins d'un dixième dont les titres sont des noms d'endroits: Sur les bords sinueux de la Nith, les Bouleaux d'Invermay, le Moor de Culloden, Hélène de Kirkonnel, le Chateau de Roslin, la Rose d'Annandale, le Buisson au-dessus de Traquair, les Gorges tristes de Yarrow, le Vallon de Gl
articulier où une chanson populaire a pris naissance, Lochaber et les Coteaux de Ballendaen exceptés. En tant qu'il m'a été possible d'identifier la localité, so
ier, près des cascades d'Aberfeldy, ou des bois de Craigie-Burn, sans aller, comme lui, rendre hommage à ces sanctuaires de la chanson écossaise. Il connaissait à peu près tout ce qui avait été publié sur ce sujet. ?Je vous demande la première ligne des vers, parce que, si
aise, le charme appara?t et, avec l'accoutumance, s'accro?t. Il y a dans ces mélodies étranges une union de rudesse et d'inexprimable rêverie, quelque chose de farouche et d'impétueux, en même temps que de plaintif et de très caressant. Ces expressions paraissent et disparaissent, par notes soudaines, où la mélodie glisse avec une souplesse infinie, un instant saccadée et rauque, et tout d'un coup s'échappant fluide et limpide. Les airs les plus gais jouent dans une sorte de tristesse, et
ait saisi ce double caractère de tristesse et de vivacité qui perm
reconnais, souvent sauvages et irréductibles aux règles modernes, mais de
en homme qui en avait ét
onner l'air mainte et mainte fois est la meilleure fa?on de saisir l'inspiration et de hausser le
ire, Burns ait composé peu de chansons, on peut dir
aises qu'on peut trouver avec la musique. J'en perds absolument la tête à ramasser de vieilles strophes et tous les renseignements qui subsistent sur leur origine, leurs auteurs, etc.[121]?. à la proposition du second, il répondait en déclarant qu'il ne le cédait à personne en attachement enthousiaste à la poésie et à la musique de la vieille Calédonie, et en promettant son concours. Mais c'était, on se le rappelle, un conco
neur à sa clairvoyance littéraire et à son go?t. C'est
dans la simplicité de la ballade ou le pathétique de la chanson, je ne puis espérer me sati
de partie de ses ?uvres. Il était dépaysé lorsqu'il voulait écrire en anglais. Il employait dans sa prose un anglais fort et
angue natale. En vérité, je pense que mes idées sont plus pauvres en anglais qu'en écossais. J'ai ess
avait bien compris que la musique écossaise, pastorale et sortie d'un peuple de bergers, s'accommodait mieux d'un langage rustique et
pastorale, quelque chose qu'on pourrait dénommer le style et le dialecte dorique de la musique vocale, à quoi une
nait constamment, et toujours ave
, qui est plus en rapport, du moins à mon go?t et j'ajouterai au go?t de tout vrai Calédonien,-avec le pa
Burns n'avait pas été si ferme sur ce point et avait écrit pour des airs écossais des paroles anglaises, comme celles que son collaborateur Peter Pindar a pu fournir, quelle que f?t du reste leur différence, l'?uvre de Thomson devenait quelque chose de
air a été pris de la voix de Mrs Burns[126]?. D'autres fois, il faisait sa moisson dans les campagnes: ?J'ai encore chez moi plusieurs airs écossais manuscrits que j'ai recueillis en grande partie des chants des fillettes de la campagne?[127]. Dans son enthousiasme, il interrogeait tout le monde autour de lui: ?J'ai rencontré, dans les volontair
vous jureriez que c'est un air écossais. J'en connais l'authenticité, atte
s découvrir. Tant?t, c'était un des anciens chants d'église que les gens de
e sur ma demande, et je l'enverrai à Johnson avec des vers plus décents. M. Clarke dit que l'air est positivement un vieux chant de l'église romaine, ce qui c
reel, qu'on pouvait transformer, en
onnu comme reel, sous le nom de la Femme du Quaker, et que je me rappelle avoir souvent entendu chanter à une de mes vieilles tantes, sous le nom de Liggeram Cosh, ma jolie fillette. Mr. Fraser le joue le
ique qu'il suffirait de ralentir po
ue les deux autres, et, s'il était joué en manière d'an
breuses irrégularités de ce genre, et n'en sont pas moins agréables. L'irrégularité est même ce qui pla?t le plus dans ces sortes de mélodies, parce qu'elle contribue à leur donner la physionomie particulière, étrange, sauvage si l'on veut, qui pique notre curiosité en nous tirant de nos habitudes?[134]. Ici, la difficulté augmentait encore. Il est probable qu'il y a un rapport, non encore noté, entre le parler d'un peuple et ses mélodies. Ces airs, pour la plupart d'origine celtique, se dérobent à un langage d'une autre origine, ou se cabrent contre lui; leur rhythme secoue et disloque son accent. Encore ces obstacles sont-ils atténués pour les écrivains dont la langue est molle, s'étend et se p
en cette tache était dure e
yllabes à l'emphase ou à ce que j'appellerais les notes qui constituent la physionomie de
rien changer à ces vieux airs et il
si irrégulier, et de cette irrégularité dépend tellement leur beauté, qu'i
épit dans cette lutte où il se croyait souvent vaincu, ma
bablement, avec peu de succès; mais c'est une maudite mesure, si entort
autre chanson, une de ses plus touchantes[140]. Presque toujours il a réussi ce tour de force. Souven
toute modulée, les mots se formaient tout d'abord sur un dessin de notes. La musique précédait les paroles, les préparait, les inspirait; ou plut?t il semblait qu'elles naissaient ensemble, se mariant au fond de sa pensée, et arrivant réunies en une expression à la fois m
e commence une strophe. Quand cela est composé, ce qui est généralement la partie la plus difficile de l'affaire, je vais me promener dehors, je m'assieds ici et là, je cherche du regard autour de moi, dans la nature, des objets qui soient à l'unisson et en harmonie avec les pensées de ma fantaisie ou le travail de mon c?ur, fredonnant de temps en temps l'air avec les vers que j'ai formés. Q
nt et à tout propos cette préoccu
air qui me jette en extase, et, en fait, à moins que je ne sois
le, etc.?, il me sembla que cette chanson était indigne d'un air si délicat; je m'assis et me démenai sous une vieille épine, jusqu'à ce qu
r?aient l'une sur l'autre une suggestion mutuelle. Tan
ons encore plus méprisables? Dans une humeur de ce genre aujourd'hui, je me rappelai l'air de La rivière de Logan; il me vint à l'esprit que sa mélodie plaintive avait son origine dans l'indignation plaintive de quelque c?ur indigné, sou
qui faisait na?tre une suite de pensées qui aboutissaient à une chan
a souvent rempli les yeux de larmes. Il y a une tradition, que j'ai retrouvée en maint endroit d'écosse, que cet air était la marche de Robert Bruce, à la bataille de Bannockburn. Cette pensée, pendant mes promenades du soir, hier, m'échauffa jusqu'à un ac
ur ainsi dire que des mélodies ayant pris parole, sont faites pour être chantées. La forme littéraire ne révèle que la moitié de ce qu'elles renferment. Elles sont e
it, menait de front. ?Je prends l'une ou l'autre, selon que l'abeille du moment bourdonne sur mon bonnet[146]?. L'image est jolie et juste. C'était, en effet, autour de son front un continuel bourdonnement musical, comme d'une ruche. à chaque instant, une abeille d'or prenait son vol, vibrante et chargée d'un miel immortel. Il s'en est échappé ainsi
fille sur les
Devon, du s
r de froncer
e comme tu ava
ne comme elle avait commen
restauration, mi-partie de création. Conservant tout ce qui valait quelque chose, recueillant la plus mince parcelle d'or, il tirait du moindre indice une inspiration qui s'appuyait sur lui, le développait, le complétait, et l'encadrait, avec une adresse singulière. D'autres fois, c'était une chanson tout entière qu'il modifiait. Elle était trop grossière ou trop banale; il l'épurait, gardait quelques vers, ici une strophe, là un refrain, la relevait de touches brillantes, l'animait d'un accent sincère, la rendait transformée et embellie. Il ressemblait à un grand peintre, par les mains de qui passerait une suite de vieux tableaux à moitié effacés et frustes. Tant?t il ne garderait que le sujet pour refaire la toile tout entière; tant?t il dessinerait de nouvelles têtes; tant?t il animerait les yeux et les lèvres de celles qui existent; tant?t il retoucherait l'ensemble, faisant revivre toutes ces ?uvres d'une vie nouvelle et plus splendid
n enthousiasme dont on retrouve l'expression à toutes les périodes de sa vie; il les a étudiées, commentées, imitées et surpassées. Il a écrit plus de trois cents chansons, et cinq ou six ballades. Tandis qu'on pourrait établir l'actif de son génie sans parler de