icon 0
icon TOP UP
rightIcon
icon Reading History
rightIcon
icon Log out
rightIcon
icon Get the APP
rightIcon

Robert Burns

Chapter 4 L'OBSERVATION DIRECTE ET LE MOUVEMENT.

Word Count: 7330    |    Released on: 06/12/2017

d'autres cieux, des scènes et des m?urs différentes de celles au milieu desquelles il vivait. C'est le fait de poètes de culture, comme Wal

de poésie personnelle. Ce sont des tours de force de lettrés. La pensée d'une pareille tentative ne pouvait même pas se présenter à l'esprit de Burns. Il a rendu simplement ce qu'il voyait, ce qu'il avait devant les yeux, la

bruyant, pour comprendre certaines de ses images[236]. Il faut avoir mangé du haggis, ce singulier plat national, composé d'entrailles de mouton hachées, mélangées avec de la farine et du suif, puis liées fortement et bouillies dans un estomac de mouton; il faut l'avoir vu arriver sur le plat lourd, suintant une riche rosée semblable à des grains d'ambre; il faut avoir vu le couteau s'enfoncer dans ses flancs, et d'un seul coup, le jus s'échapper et la fumée monter, pour comprendre ce qu'il y a de poésie de lourde boustifaille, à la Rabelais, dans son Adresse à un Haggis[237]. De même il faut avoir mangé des scones, ces souples gateaux de farine, ou vu, dans la confection de la soupe qu'on appelle un hotch-potch, les grains d'orge culbuter

ons aussi que les détails de superstition ou de m?urs donneront à ses pièces l'intérêt archéologique qu'ont aujourd'hui certaines des pièces de Herrick, si pleines de la saveur et de la poésie de vieux usages disparus. En tout cas, c'est peut-être par là que Burns est le plus cher aux écossais, surtout à ceux que l'esprit aventureux de la race et la pression d'une population croissante sur un s

es paysans écossais a mille traits communs avec celle des autres paysans. C'est la même vie, apre, besogneuse, durement acharnée au sol, calleuse, sans beauté extérieure, mais hum

ouvriers ou de vagabonds. Les plus riches sont vêtus en gros drap, et les plus pauvres ont des haillons. Et qu'on n'aille pas croire que ce monde est embelli. Ce ne sont pas des paysans poétiques comme dans les pastorales de George Sand, ou des vagabonds philosophiques comme dans les chansons de Béranger. Ce sont des paysans peints par l'un d'eux, rudes, gross

auchline, à la f

er de vous

une nuit de c

nous ret

rons échan

vec l'

e quarts, nous

rons avec de l'

assiérons et bo

s réjoui

erons de meilleu

e nous

comme de la bo

jamais des homm

lus gaies, douc

tin à l

aiment à bo

rre ou la

Samson, le chasseur; mais se remuant dans une vie matérielle et terre à terre. D'autres ont leurs défauts marqués: leu

e tout un jeu. Son poème d'Halloween tout entier est un tour de force en ce genre; il consiste, presque exclusivement en une description technique de superstitions locales, avec toutes les cérémonies. Il y a dans l'élégie de Tam Samson deux strophes, qui sont une description complète du curling, ce fameux jeu écossais qui consiste à lancer, vers un but tracé sur la glace, de lourdes pierres polies et garnies d'une poignée en fer. Les termes, les mouvements, les péripéties du jeu s'y trouvent. Il faut expliquer le jeu entier pour commenter ces deux strophes[240]. Il en est ainsi dans toute son ?uvre. Presque jamais un terme abstrait; sans cesse, des images réelles, des noms d'objets, de

t comme un mou

une eau a

leine tourn

clapet fait s

?ur ferme et de se raidir contre l'adversité. Cela devient une image précise empru

e, vienne la pauv

cordes de votre c?ur s

chevilles de

inte ou

a basse mélanc

i moros

untées aux jeux, aux outils, aux instruments, indiquent que l'écrivain a un ?il pour tout. Les deux hommes qui ont poussé cette science minutieuse des choses le plus loin sont peut-être Shakspeare et Rabelais. Cervantès en est plein. Ils ont tout vu. Et ce n'est pas chez eux étalage de

chante le recueillement religieux et austère du samedi soir, la prière commune et la lecture de la Bible. Mais si, à l'église, il aper?oit un pou sur le chapeau d'une demoiselle toute fière de sa toilette, il s'empare du sujet et chante l'insecte ?gros et gris comme une groseille à maquereau[247]?. Presque toute

icieux; là, la querelle de deux curés de la Vieille-Lumière; plus loin, le portrait d'un médecin de village; plus loin l'énumération des ustensiles d'une ferme; plus loin un petit domestique qu'on engage, une brebis qu'on perd, un enfant illégitime qu'on salue, une assemblée religieuse, une comparution devant la Kirk-Session, rien ne manque, pas même les aspects plus dignes et plus sérieux de la vie.

servée minutieusement, fidèlement, jusque dans ses manifestations les plus vulgaires. Mais le don du mouvement, du geste, leur a manqué. Ils ont été dépourvus de cette qualité supérieure qu'ont les hommes comme Shakspeare, Molière ou Cervantès, qu'a un homme comme Dickens, et que n'a pas un homme comme Thackeray: le don de la représentation instantanée et complète, et non de la représentation réfléchie et partielle; le coup d'?il qui ramasse tout un être d'un trait, et non l'attention qui l'étudie par fragments. Il faut remarquer encore que Ben Jonson, Crabbe et Thackeray étaient des gens cultivés, et

ans chacune de ses pièces. Cependant, sa Veillée de la Toussaint et sa Foire-Sa

et les opérations qui doivent ouvrir les secrets de l'année qui va venir. Le sujet de la pièce est une de ces soirées. C'est une pièce toute chargée de superstitions locales, et à laquelle Burns lui-même a mis de nombreuses notes explicatives, dans sa première édition destinée uniquement aux gens du pays. Mais une fois qu'on a pris connaissance

e et qui fait penser aux passages de Shakspeare où passent des elfes et des gnomes. Elle donne

où les fé

es de Cassi

hamps, dans une l

sur de vifs

nnent la ro

les rayons

t se perdre da

rocs et le

cette nui

e terreur. On entend courir, dans la nuit, le Doon, sinueux et clair sous la lune. Les voisins arrivent; les fillettes propres et plus jolies que lorsqu'elles ont leurs atours. Les gar

s jurons de dépit et les confidences. Merran qui pense à Andrew Bill et qui est assise derrière les autres, en profite pour sortir et aller dévider un écheveau de laine dans un pot. Si, en le repelotonnant, quelque chose l'arrête, on peut demander au pot: ?qui tient?? Et le pot répond le nom de la personne qu'on doit épouser. Merran raccourt, toute tremblante. Quelque chose a retenu le fil, mais elle n'a pas osé demander qui. Puis, c'est la petite Jenny qui veut aller manger une pomme devant le miroir que lui a donné son oncle Johnnie, car alors le visage de celui qu'on épousera appara?t, comme s'il regardait par dessus votre épaule. La grand'mère la gronde et commence un charmant discours de vieille femme, plein de bavardages du temps passé. C'est Jamie Feck qui a juré d'aller semer un boisseau

a meule qu'il s

bois, parce qu

ieux chêne mo

vieille noi

et lui allonge

peau en f

s, cette nu

es terres de trois fermiers se réunissent. C'est pour y tremper la manche de sa chemise. Elle la suspendra ensuite devant le feu, et la figure désirée viendra la retourner pour la faire sécher. La pe

cascade, le r

ait ses détour

ne lentement une

tits remous,

elle sous les r

dansant,

para?t aux pi

noisetier

cette nu

les fougères, sur la rive, entre elle et la lune, le diable

Lizzie bondit presque

esque à haute

i manqua et, da

s oreilles, e

geon, cette

es se disperser dans la nuit. Ce qu'il est impossible de rendre, c'est l'animation et l'agilité de cette pièce. Pas un vers n'est tranquille. Les strophes bondissent, elles touchent à peine terre qu'elles prennent un nouvel élan; les traits de mouvement y foiso

édaient toute la journée. Les auditeurs venaient en foule de tous les villages des alentours. Des baraques de rafra?chissements se dressaient près de l'endroit choisi. La matinée se passait d'ordinaire avec ordre et bienséance. Mais quand la journée s'avan?ait, que les libations avaient échauffé les têtes, le champ de pr

nt près de leurs paysans; les jeunes gens, en beau drap neuf, sautent par-dessus les ornières; les filles, pieds nus, toutes brillantes de soie et d'écarlate, portent dans leurs mouchoirs des provisions pour la journée. Toute cette foule arrive à l'enclos et se heurte au plateau chargé d'un amas de sous. L'ancien, en calotte noire, surveille c

-uns pensent

s-uns à le

s pieds qui on

soupire

est assis un

ncées et hautaines

une bande de

s d'?il signe

?té des chais

est cet ho

tonnant qu'

fillette, cell

sseoir aup

sur le dos

il prend un

s, son bras cou

ur la gorge d

e voie, ce j

hoquent; on discute; c'est un vacarme de logique et d'écriture. En même temps commence une sorte de kermesse, pleine de plaisanteries. Les gars et les fillettes se réunissent. On se met à manger. Au fur et à mesure que la bière et le whiskey circulent, la scène devient plus vive. On prend des rendez-vous; on s'arrange pour repartir ensemble. Au-dessus de ce brouhaha, on entend

c?urs ce jo

rs et de

ierre avant la n

que n'import

sont pleins

sont pleins

chose ce jou

par un ac

que

journée, grouillante du petit jour à la nuit close, donnent bien l'idée de la manière de Burn

ffonnerie et de dr?lerie désopilantes, au spectacle des choses. Ce n'est pas le sourire; c'est le gros, le vrai rire, le rire bon enfant, de belle humeur, sans amertume, le rire des grands rieurs, signe de santé et de force dans un esprit. Car si la ga?té, la ga?té bruyante, n'est pas l'état définitif de l'ame; si l'affaiblissement de la vitalité, le regret des affections perdues, l'inévitable réflexion que ce qui semble si long aux jeunes, est bref comme nous-mêmes, si toutes les méditations de l'expérience la tempèrent et l'éteignent peu à peu, elle n'en est pas moins, comme l'amour, u

ice et de quelques magistrats. Il y a une distance entre elles et la fa?on colorée, vivante, infiniment plus complète et plus réelle dont un artiste saisit, ramasse d'un coup d'?il tout un personnage, et le rend d'un trait ou d'un mot. Pour celle-ci, il faut un don de l'ensemble, une intuition qui saisit l'individu dans sa complexité, et le résume à chaque instant. Et il faut au service de celui-là un don supérieur

ui, lorsqu'il avait bu du plus cher, marchait s'allant coucher ?comme un vieillard qui chancelle et trépigne[255]?; quand Rabelais dit: ?Nous f?mes attentifs et à pleines oreilles, humions l'air, comme belles hu?tres en écailles[256]?, ou ?à ces mots, les filles commencent à ricasse

un pied, faire

s yeux ainsi qu

'il é

eilles r

ontez comme des

pas souvent, mais qui lui démontait le visage et toute la physionomie et qui donnait de la frayeur. Cela durait un instant

t au ciel il pou

upirs, de grands

xpressif et de pittoresque qui lui est propre. Qu'on remplace n'importe lequel de ces termes par un autre, aussi proche synonyme qu'il soit, tout est perdu, la touche victorieuse se ternit, le tableau s'éteint, la vie s'efface. Cette facture de génie est le propre des grands écrivains. On peut être un grand connaisseur et un grand

re d'un coup et de rassembler dans le regard la personnalité complète d'un individu, mais il avait aussi, cette invention de langage nécessaire pour donner le trait essentiel, dominant, qui groupe tous les autres et en est comme la clef de la vo?te. Tout essai

Et Tam Samson, le roi des chasseurs et des pêcheurs, des joueurs de curling, une bonne physionomie de vieux chasseur enragé? En vain la vieillesse délabrait son corps, en vain la goutte mettait des entraves à ses chevilles, rien ne le retenait. ?Il avait deux défauts ou peut-être trois?, mais on perdit un gai et honnête compagnon quand Tam Samson mourut[266]. Et tous ces braves fermiers? Qui peut oublier ce jovial, rugueux, rude et plaisant Rankine, ?le premier des pour rire et boire?, plein de réparties et de farces, qui s'amuse à gr

lus malin, le pl

is tenté lar

avez quelque c

c?urs

poitrine n'a

vos art

ure par le sol

étoiles qui cli

?té vingt pair

à vous a

e paire qu

lus épris

oquine capricie

ement pour une

ns le monde com

emier

ur chacun des tra

: ?Un ho

phe préparée à l'avance pour ce petit homme spirituel, si dang

ous tous épou

a souven

ous restés des

z pas manqué

e Mauchline qu

r bandes, to

légèrement s

l était vot

de David Masson. Si John Brown, ce grand connaisseur en rapports de physionomies, qui comparait les yeux d'un chien à ceux de la Grisi[272], voulait nous prendre sous sa protection, nous dirions que cette chevelure fait penser au poil touffu, bourru et rageur des terriers écossais. C'est comme l'indice d'un grand fonds de résistance, de natures rugueuses et robustes. Sous ?ce chaume?; il y a souvent des yeux gris d'acier, petits, enfoncés, très actifs et très pénétrants. Cette physionomie va g

Willie vint a

rnes, le surtout gris

ommen?ait à cro?

re longs jours et nuits

peignés, farouchement hérissé

e pour les pensées

son esprit caustique

chaud, bienveil

iquement d? à ce qu'ils ont de particulier. Nous n'en pourrions pas citer beaucoup d

zzly locks, wild

ht profound and

e l'enchevêtrement du premier vers suspendu au-dessus de l'aisance et de la clarté du secon

des gestes d'anathème. Ils apparaissent tous marqués d'un trait: le vieil Auld qui ne peut plus mordre mais peut encore aboyer, Andro Gouk, le Docteur Mac, Davie Bluster, le

nant, John

arches avec

livre est bou

z votre cu

r du soufre com

es les notes d

ici M

toute la

ence et

gravit le p

ouvelles d

comme aux j

ls de Dieu s

e de la fac

it dans sa

reux, ce

l éclaircit les

as et des co

calme, tant?t far

gne et i

longé et son

ents lugubres

ettent en feu l

mplatres de

jour-l

gan qui joue du violon, dont ?le coude marche et se trémousse[280],? ?la face latine de

our sa petite ombre

s jolie femme qu'

sive et si juste qu'une personnalité s'en dégage et ne s'oublie plus. Cela fait penser aux personnages si joliment

Claim Your Bonus at the APP

Open
1 Chapter 1 LES VIEILLES BALLADES[18].2 Chapter 2 LES VIEILLES CHANSONS.[83]3 Chapter 3 LES PETITS POèMES POPULAIRES.4 Chapter 4 L'OBSERVATION DIRECTE ET LE MOUVEMENT.5 Chapter 5 L'HUMOUR DE BURNS.6 Chapter 6 QUE LE GéNIE DE BURNS ABOUTISSAIT AU THéTRE.7 Chapter 7 LES ASPECTS NOBLES DE LA VIE. - L'éCHO DE LA RéVOLUTION FRAN AISE. - BURNS POèTE DE LA LIBERTé ET DE L'éGALITé. - LA POéSIE DES HUMBLES.8 Chapter 8 LA POéSIE DE L'AMOUR.9 Chapter 9 LA COMéDIE DE L'AMOUR.10 Chapter 10 CE QUE BURNS A VU DE LA NATURE.11 Chapter 11 LA TENDRESSE POUR LES BêTES.12 Chapter 12 OUVRAGES SUR LE DIALECTE éCOSSAIS DES BASSES-TERRES ET LA LANGUE DE BURNS.13 Chapter 13 PRINCIPALES éDITIONS DE BURNS, ET PRINCIPALES BIOGRAPHIES.14 Chapter 14 RENSEIGNEMENTS SUR LA FAMILLE DE BURNS, SUR DES PéRIODES PARTICULIèRES DE SA VIE, SES CONTEMPORAINS. DOCUMENTS DIVERS.15 Chapter 15 LA CONTRéE DE BURNS.16 Chapter 16 PRINCIPAUX ARTICLES DE CRITIQUE MORALE OU LITTéRAIRE SUR BURNS. DISCOURS. - VERS.17 Chapter 17 HISTOIRES GéNéRALES18 Chapter 18 LA VIE RELIGIEUSE, LA RéFORME, LE PRESBYTéRIANISME. L'ORGANISATION DU CLERGé, LA DISCIPLINE, LE MOUVEMENT D'éMANCIPATION.19 Chapter 19 No.1920 Chapter 20 DESCRIPTION DU PAYS éCOSSAIS. LES BORDERS. - LA COTE OUEST. - LES HAUTES-TERRES. - SITES ET SOUVENIRS HISTORIQUES.21 Chapter 21 OUVRAGES SUR LES M URS, LES HABITUDES, RECUEILS D'ANECDOTES, ROMANS QUI SERVENT à SE FORMER UNE IDéE DE LA CONDITION ET DE LA VIE DU PEUPLE.22 Chapter 22 HISTOIRE LITTéRAIRE DE L'éCOSSE. CHANSONS, BALLADES, PETITS POèMES. SUCCESSEURS DE BURNS.23 Chapter 23 Boucher.-William Cowper, sa correspondance et ses poésies, par Léon Boucher. Paris, Sandoz et Fischbacher, 1874.24 Chapter 24 de Laprade.-Histoire du Sentiment de la Nature, par Victor de Laprade. Prolegomènes. Didier, Paris, s. d.25 Chapter 25 Shairp.-Studies in Poetry and Philosophy, by J. C. Shairp. Third Edition Edinburgh, Edmonston and Douglas, 1876.